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Brexit ou « brake-&-sit », plus ça change…

Brexit ou « brake-&-sit », plus ça change… Posted on 27 juin 2016Laisser un commentaire

Faut-il vraiment s’attendre au scénario du pire ? Non, quoi qu’en disent les Cassandre de tous bords. Fondamentalement, le référendum sur le Brexit ne changera pas grand chose. En ce qui concerne l’UE, les Britanniques n’avaient-ils pas déjà, de toute façon, « un pied dedans, un pied dehors » ?

Pour la carrière de David Cameron, Premier ministre démissionnaire du Royaume-Uni, le résultat du référendum de la semaine dernière constitue, à tout le moins, un fâcheux contretemps. Il avait cru pouvoir inoffensivement se servir de sa promesse d’un référendum sur l’appartenance à l’UE afin d’amadouer les « eurosceptiques » de son propre parti et de se faire réélire en 2015. Certes, il se fit réélire mais la manoeuvre s’est retournée contre lui comme un boomerang. Sans doute cet étudiant d’Oxford, habitué des cénacles londoniens, a-t-il, au contraire de l’auteur de cet article pendant les trente dernières années, fort peu fréquenté le petit peuple de l’Angleterre profonde, des Midlands au Nord en passant par le York.

Pour Boris Johnson, ancien maire conservateur de Londres et co-responsable du gâchis dès lors qu’il avait pris la tête de la fronde anti-UE pour faire avancer ses plans de carrière et devenir calife à la place du calife, le pari n’est pas encore gagné. Gardez-moi de mes amis ; quant à mes ennemis, je m’en charge. Les partisans du Premier ministre démissionnaire risquent de s’évertuer à lui trouver un substitut moins échevelé et moins écervelé.

Quant à la Reine d’Angleterre qui, lors d’un dîner avait demandé à ses convives qu’ils lui donnent au moins trois raisons pour que le Royaume-Uni reste dans l’Union européenne, qu’elle interroge ses sujets d’Ecosse et d’Irlande du Nord qui semblent en avoir trouvé suffisamment pour se convaincre de voter majoritairement pour l’appartenance à l’UE. En fait, il lui eût suffi de sortir de son palais et de s’en enquérir auprès de ces Londoniens de tous âges et de toutes complexions qui distribuaient de manière joviale (l’auteur de cet article peut en témoigner) des tracts pro-EU la semaine dernière dans les rues de la capitale britannique ainsi que de lire la presse britannique dont les titres les plus sérieux (Financial Times et The Economist entre autres) appelaient au maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE. C’était d’ailleurs aussi le cas du côté irlandais: l’Irish Independent titrait à la une « Keep Britain In – Vote Remain for a better future for our children in Europe – Stronger together – A vote to Remain is a vote for peace, security and prosperity » et publiait une photo de la rencontre de la Reine d’Angleterre avec le président de la République d’Irlande à Windsor en avril 2014.

Enfin, quand Nigel Farage, le leader du parti indépendantiste britannique et l’auteur d’une affiche ignominieuse qui le montrait, jamais à court d’outrance, devant une longue colonne d’immigrés avec la mention « Breaking Point », dut reconnaître le matin même de l’annonce du résultat du référendum qu’il avait menti concernant ces 350 millions £ qui étaient prétendument versés chaque semaine par la Grande-Bretagne à l’UE et qui alimenteraient dorénavant les caisses de la sécurité sociale, nombreux furent les Britanniques qui réalisèrent qu’ils s’étaient fait berner par les partisans du Leave. L’Angleterre quittant l’UE et UK-IP perdant sa raison d’être, « Monsieur Serpillière humide » sera privé de sa lucrative occupation au Parlement européen et éructera désormais son fiel dans les travées des pubs du Kent avec ses compagnons de libations comme seul public.

Les travaillistes flairant l’opportunité de déstabiliser la majorité en place s’empressèrent de désavouer leur propre leader Jeremy Corbyn dont les idées trop ancrées dans une autre époque s’avèrent un fardeau encombrant et le soutien à la cause européenne, aussi tiède et aussi fade qu’une bière anglaise. Ils ne manquèrent pas d’insister sur le caractère non liant du référendum. Les débats au Parlement britannique s’annoncent intéressants.

Qu’en ces circonstances certains ultra-fédéralistes européens entendent précipiter les pourparlers de séparation, dénote d’un esprit revanchard de fort mauvais aloi. La Chancelière allemande, Madame Merkel, qui a déclaré « comprendre que les Britanniques aient besoin de temps », est décidément bien l’un des rares membres de la classe politique européenne à ne pas avoir uniquement en tête ses seuls intérêts et sa propre survie politique.

(*) Brake & sit : Freinez et asseyez-vous.

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