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Ce dont les médias traditionnels ne parlent pas et pourquoi ils n’en parlent pas

Ce dont les médias traditionnels ne parlent pas et pourquoi ils n’en parlent pas Posted on 1 janvier 20172 Commentaires

A la question d’une récente enquête quant à savoir si, tout bien considéré, ils pensaient que le monde allait mieux ou moins bien, ou ni l’un, ni l’autre, ils n’étaient que 10% des répondants en Suède à estimer que les choses s’amélioraient, 6% aux Etats-Unis et 4% en Allemagne. Peu de gens pensent que le monde va mieux.

Pour répondre à la question de savoir si le monde va mieux ou moins bien, il convient d’adopter une perspective historique et de considérer le monde dans sa totalité, de prendre en compte l’évolution des conditions d’existence de l’ensemble des êtres humains qui peuplent la planète. C’est ce qu’a fait Marc Roser dans un article publié par Our World in Data, une publication en ligne basée à l’Université d’Oxford et ayant pour objet les changements du niveau de vie global.

Pauvreté et croissance économique

Un recul de 30 ou 50 ans ne suffit pas à juger de l’évolution du monde. En ce qui concerne la part de la population mondiale vivant dans un état d’extrême pauvreté, par exemple, il convient de remonter deux cents ans en arrière, lorsqu’une vaste majorité de la population du globe vivait encore dans des conditions que l’on qualifierait aujourd’hui d’extrême pauvreté. En 1950, c’était le cas de trois-quarts de la population mondiale ; en 1981, c’était encore 44%. Aujourd’hui, c’est moins de 10%. C’est d’autant plus remarquable que, pendant les deux derniers siècles, la population mondiale s’est multipliée par 7.

Le monde n’a jamais été habité par autant d’être humains et jamais il n’y en a eu une aussi faible proportion vivant dans un état d’extrême pauvreté. Le moteur de cette évolution réside dans l’augmentation de la productivité humaine et la croissance économique. L’une et l’autre ont permis d’élargir ce qu’il y avait à partager, de passer d’une économie à somme zéro à une économie à somme positive. (Dans une économie à somme zéro, le seul moyen d’améliorer sa propre situation est que la situation de quelqu’un d’autre se détériore.)

Alphabétisation

Pendant le même laps de temps, l’alphabétisation a suivi la même progression. En 1820, une personne sur dix pouvait lire et écrire ; en 1930, c’en était une sur trois ; aujourd’hui, nous sommes 85% et l’analphabétisme est en voie d’éradication car ce sont souvent les couches les plus âgées de la population qui en souffrent encore. En d’autres termes, le nombre de personnes sachant lire et écrire a augmenté de plus de 6 milliards d’individus en 200 ans. Imaginez l’impact de cette évolution sur le plan de la science, de la technologie et des libertés !

Santé

Une évolution semblable s’est ainsi manifestée en ce qui concerne la santé, sans que la médecine en soit pour autant la seule responsable. En effet, si l’apparition de la théorie microbienne dans la seconde moitié du XIXe siècle y a certes contribué, de meilleures habitations, l’hygiène, l’alimentation, les gains de prospérité qui transformèrent les relations sociales ont aussi concouru à combattre les maladies. En deux siècles, la mortalité infantile est tombée de 43% à 4,3% au niveau mondial.

Fertilité

De fait, l’accroissement de la population mondiale va de pair avec une utilisation plus intense des ressources de la planète et un impact sur l’environnement. Cet accroissement de la population résulte toutefois de ce que les taux de fertilité et de mortalité décroissent avec un écart dans le temps. L’espérance de vie a doublé ces cent dernières années alors que cela a pris autant de temps pour passer d’un taux de fertilité de plus de six enfants à 3 par femme en Grande-Bretagne. La transition démographique est désormais engagée au niveau de la planète et, alors que la population mondiale avait quadruplé au XXe siècle, elle ne fera que doubler au XXIe et, selon les prévisions, elle cessera de s’accroître et elle déclinera d’ici la fin du siècle.

Education

Jamais sans doute le monde n’aurait-il connu cette prodigieuse évolution si l’éducation n’avait suivi. Or, si les prévisions ci-dessus en matière de fertilité se réalisent, le nombre d’enfants dans le monde a commencé à décliner et ces enfants bénéficieront des infrastructures et programmes en place pour atteindre globalement un niveau d’éducation jamais atteint auparavant. D’ici la fin du siècle, il n’y aura presque plus d’enfant qui n’ait reçu une éducation formelle et la terre sera peuplée de plus de sept milliards de cerveaux ayant au moins terminé l’enseignement de niveau secondaire.

Liberté

De par l’impact de l’éducation sur la santé et la prospérité, cet aspect est essentiel. Encore faut-il qu’il puisse se déployer dans un contexte de liberté. Les libertés individuelles et civiques sont au coeur du développement dont elles constituent le moyen et la fin. Au XIXe siècle, plus d’un tiers de la population mondiale était soumise à un régime colonial et pratiquement chaque autre personne vivait dans un régime autocratique. Un tournant décisif se produisit dans la seconde moitié du XXe siècle : plus d’une personne sur deux vit aujourd’hui dans un régime démocratique et 80% de ceux qui vivent encore sous un régime autoritaire – quatre personnes sur cinq – vivent dans un seul pays, le plus peuplé de la planète, la Chine.

Le rôle des médias

Comment se fait-il que nous ne tenions pas compte de ces données empiriques dans le jugement que nous portons sur l’évolution du monde ? Les médias en sont en partie responsables, explique Max Roser de Our World in Data, dans la mesure où ils se cristallisent sur des événements singuliers. De tels événements non seulement ont souvent une connotation négative (attentats terroristes, crashs aériens, cataclysmes, résultats électoraux ne répondant pas aux attentes, faits divers…) mais encore ne reflètent-ils pas comment l’humanité dans sa totalité évolue.

L’obsession des médias pour ce qui marque l’actualité au jour le jour nous laisse dans l’ignorance des tendances profondes de l’évolution du monde, une évolution dans laquelle l’initiative de chacun et la libre interaction du plus grand nombre jouent le rôle déterminant (et non une quelconque élite omnisciente). Que l’on vît dans cet état de fait une conjuration entre les génies qui nous informent et ceux qui nous gouvernent (et subsidient ou censurent les premiers) serait-il donc encore une vaste exagération de leurs compétences ?

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Source : ‘A history of global living conditions in 5 charts’. Max Roser (2016) OurWorldInData.org. https://ourworldindata.org/a-history-of-global-living-conditions-in-5-charts/

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