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« Le soir approche et déjà le jour baisse » (Cardinal Sarah avec Nicolas Diat)

« Le soir approche et déjà le jour baisse » (Cardinal Sarah avec Nicolas Diat) Posted on 11 mai 2019Laisser un commentaire

« A la racine de l’effondrement de l’Occident, il y a une crise culturelle et identitaire. L’Occident ne sait plus qui il est, parce qu’il ne sait plus et ne veut pas savoir qui l’a façonné, qui l’a constitué, tel qu’il a été et tel qu’il est. (…) Cette auto-asphyxie conduit naturellement à une décadence qui ouvre la voie à de nouvelles civilisations barbares. » Cette phrase du cardinal Sarah, reprise en quatrième de couverture de Le soir approche et déjà le jour baisse, paru en mars chez Fayard, est extraite de la page 346 de ce livre qui en compte 448.

A n’y voir qu’une diatribe de la perte d’identité de l’Occident serait se méprendre sur les intentions et la portée de ce remarquable livre, le troisième des entretiens du cardinal Sarah avec Nicolas Diat. Le cardinal n’y va pas par quatre chemins, seule pour lui compte la voie de Dieu.

« La force d’un chrétien vient de sa relation à Dieu », dit le cardinal Sarah, qui admet toutefois que la foi, le sacerdoce et l’Eglise sont en crise. Ça ne date pas d’hier. Il y a plus d’un siècle, le Pape Pie X se plaignait déjà des accommodements que prenaient des responsables de l’Eglise avec la foi en essayant de la concilier avec les idées modernes, au risque de transformer la prière en activisme, la charité chrétienne en solidarité humaniste, la théologie en politique.

En renonçant au sens de l’objectivité de Dieu et en le remplaçant par la notion de subjectivité de l’empirisme, une religion modelée à la façon de chacun, l’Occident s’est laissé imposer le rythme des médias, si prompts à parler de changements, de retournements ou de révolutions et il a plongé dans un état d’acédie, une sorte d’atrophie de la vitalité intérieure.

Pour être libre, faut-il ne dépendre de personne ? C’est ce dont on a convaincu nos contemporains et c’est une tragédie, car cela met en danger toute relation vraie et durable et cela entraîne une perte de vérité, une décadence morale, des errements politiques. Le cardinal Sarah cite le cardinal Ratzinger (le futur pape Benoît XVI et pape émérite) dans L’Europe, ses fondements, aujourd’hui et demain : « L’Occident semble se haïr lui-même ».

Où va-t-il ? Conforté par les progrès scientifiques et technologiques dans l’illusion d’une supériorité de sa civilisation par rapport à toutes celles qui l’ont précédée, l’homme occidental a renié son passé. Il est devenu amnésique et, emporté par le changement permanent, il est privé de boussole. Culture, valeurs, religion, traditions ont fait place à l’idolâtrie de l’immédiateté. En rupture avec son héritage, l’homme moderne occidental a institué le néant comme norme et un monde d’idoles et d’utopies.

Le cardinal Sarah y voit le projet politique des élites mondialisées, projet dont l’Union européenne, dans sa volonté d’abolir les frontières et les traditions propres de ses nations, constitue un exemple. Parlant de libéralisme intégriste, il cite Georges Bernanos dans La France contre les robots : « La liberté d’action ne lui inspire aucune crainte, c’est la liberté de penser qu’elle redoute. »

Selon le cardinal Sarah, les technostructures européennes encouragent les flux migratoires car elles raisonnent en termes économiques. Dans leur entreprise multiculturaliste, elles détournent toutefois l’idéal de charité chrétienne qui ne consiste pas en un déni de soi, mais est d’offrir le meilleur de soi et ce que l’on est. A l’identité de soi façonnée par des siècles de christianisme, l’Europe a substitué le consumérisme et l’irréligion et s’expose désormais à être submergée par le fanatisme.

Ayant grandi en Guinée sous la dictature marxiste de Sékou Touré, le cardinal Sarah considère que les démiurges d’aujourd’hui s’inscrivent dans la mouvance des totalitarismes du siècle dernier et que leur folie nous emmène à marche forcée vers une catastrophe imminente, et l’Europe, en particulier, qui semble programmée pour s’auto-détruire, car elle ne s’aime plus. En témoignent un appauvrissement de la langue maternelle, l’envahissement de la laideur (notamment dans le domaine de l’art), le rejet de la réalité objective concernant le sexe, la famille, le mariage, la personne humaine, le règne de la prétention, de l’orgueil et du mensonge avec des médias comme véritable police de la pensée unique visant à transformer l’homme, des médias qui cautionnent l’illusion de la démocratie et le relativisme empirique de la majorité.

A cet égard, le cardinal Sarah dénonce la volonté des Etats d’instaurer une totale transparence dans la société. Il y voit un instrument de contrôle et d’influence au seul bénéfice des oligarchies politiques et financières au pouvoir et au détriment de toute éthique.

« Le Royaume de Dieu ne sera jamais établi sur la terre. Plus une société politique l’oublie, plus elle se présente comme l’horizon indépassable, plus elle devient totalitaire. » Que l’on soit ou ne soit pas croyant, ce livre fort nourri d’une réflexion approfondie et cohérente qu’est Le soir approche et déjà le jour baisse du cardinal Sarah rappelle à bon escient que, quand le pouvoir succombe à la tentation de Prométhée et à la répression, le courage de l’anti-conformisme est le seul rempart de la vérité.

Le soir approche et déjà le jour baisse, Cardinal Robert Sarah avec Nicolas Diat, 448 pages, Editions Fayard.

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