Seule l’inflation nous sauvera du chaos. C’est la thèse que soutient Bruno Colmant dans son livre « Du bon génie de l’inflation à l’ogre de la déflation » qui compile des articles parus dans la presse ainsi que postés sur son blog de l’été 2013 au printemps 2014.
L’euro empêchant les pays les plus endettés de l’union monétaire de dévaluer leurs monnaies pour réduire le poids relatif de leurs dettes en termes réels sur leurs économies, ne reste que l’inflation pour réduire le coût réel desdites dettes, sauf à imaginer une confiscation de l’épargne à un titre ou l’autre (souvenons-nous de Chypre).
Bruno Colmant est professeur d’université en économie et en finance. Il se défend d’être keynésien : il tient cette approche pour responsable de la stagflation qui empêcha les mutations nécessaires dans les années 70. Force est néanmoins de constater, d’après lui, que l’austérité budgétaire et la rigueur monétaire qui ont guidé l’action politique dans l’UE depuis la crise de 2008 ont eu des effets contraires à l’effet recherché. L’euro empêchant une dévaluation de la monnaie des pays en difficultés, ces derniers ont été obligés de procéder à une dévaluation « interne », c’est à dire à une contraction budgétaire et une modération salariale, lesquelles exposent leurs économies aux risques de la déflation et du piège de la liquidité (baisse de la consommation, baisse de la production et baisse de l’emploi).
A partir du moment où les dettes publiques atteignent des sommets, la croissance économique seule ne peut pas les éroder. Outre le fait que croissance et innovation sont plutôt l’apanage des Etats-Unis et de l’Asie, une réduction des déficits est a fortiori impossible à réaliser dans une économie qui ne croît pas. L’inflation, par contre, allégerait le coût réel des dettes publiques au bénéfice des états qui les émettent dans la mesure où l’inflation diminue le taux d’intérêt réel (taux nominal – % inflation).
Si l’euro s’avère techniquement une cause de déflation (en ce que la monnaie commune empêche les dévaluations monétaires dans les pays les plus faibles), il n’en est pas la seule ni même la première. Les principales causes de la déflation sont la désindustrialisation et l’Etat-providence, situations aggravées par une myopie de la classe politique qui, aux dépens des générations futures, s’est servi de l’endettement pour financer des dépenses de fonctionnement plutôt que des investissements.
Selon Bruno Colmant, seule une perte de valeur monétaire (dévaluation ou inflation) permettrait de stabiliser la situation et d’éviter les effacements purs et simples de dettes dans certains pays. L’histoire donnerait-elle raison à Marx en ce qu’à ses yeux l’annulation de la dette publique passerait par la révolution et l’abolition de la propriété privée ? « Pour éviter de tomber dans le délire nihilo-marxiste, écrit Bruno Colmant, l’excès d’endettement devrait être le seul problème qui occupe nos dirigeants, dans le respect de la solidarité sociale et de la compétitivité économique ».
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