Depuis l’annonce, il y a deux semaines, de la fermeture du site du constructeur américain d’engins de génie Caterpillar et la perte de 2.200 emplois à Gosselies, il n’y a pratiquement plus un jour sans qu’une grande entreprise sise en Belgique n’annonce une fermeture ou une restructuration et la suppression d’un nombre conséquent d’emplois : Axa (« réinventons l’assurance », suppression de 650 emplois), P&V (« avec vous, quoi qu’il arrive », autre assureur, 300), MS Mode (vêtements féminins, 220), Printing Partners (158), Jacobs Douwe Egberts (torréfaction de café, 274), Dana (métallurgie, 40), Eurostation (filiale de la compagnie nationale des chemins de fer, 40), CP Bourg (équipements et machines de bureau, 48), Halliburton (services pétroliers, 50)… C’est un peu comme si les autres avaient attendu qu’un grand se décide pour suivre un mouvement qui, une fois la partie de dominos lancée, risque de ne pas s’arrêter de sitôt.
La Belgique paie le prix de son incurie. Elle est desservie par la complexité et le coût pharaonique de son appareil d’état (même le Président de la Chambre des représentants – l’une des assemblées du Parlement fédéral -, Siegfried Bracke, le reconnaissait sur les ondes de Bel-RTL), l’emprise des mouvements syndicaux sur la vie économique et publique et les blocages multiples et divers qui en résultent à tous les échelons, les contraintes et les charges exorbitantes qui pèsent tant sur le travail que sur le capital et sclérosent l’initiative privée que ce soit en matière de consommation ou d’investissement.
Dans son index 2016 de la liberté économique, la Heritage Foundation classait la Belgique à la 44e place, parmi les pays « modérément libres », loin derrière d’autres « petits » pays « essentiellement libres » et membres de l’Union européenne comme l’Irlande (8e), l’Estonie (9e), le Danemark (12e), la Lituanie (13e), les Pays-Bas (16e), le Luxembourg (19e), la République tchèque (21e), la Finlande (24e), la Suède (26e), l’Autriche (28e), la Lettonie (36e)… La Belgique partage le privilège de faire partie du même compartiment en matière de liberté économique que, entre autres, l’Espagne (43e), la France (75e) et l’Italie (86e). (C’est curieux: les quatre figurent aussi parmi les plus endettés de l’Union…) Pour ce qui est de la liberté économique, le Royaume Uni est 10e et l’Allemagne, 17e.
L’exiguïté de son territoire constitue un handicap supplémentaire pour la Belgique. Aux yeux d’un industriel, s’il doit choisir entre deux économies « modérément libres » (la France et la Belgique en ce qui concerne Caterpillar), autant qu’il opte pour la plus grande des deux, la dimension du marché domestique lui procurant normalement un rendement supérieur. Quant à un nouvel investisseur cherchant à s’installer dans l’Union européenne, il aura tout intérêt à le faire soit en Allemagne dont l’économie est la plus grande et l’une des plus libres d’Europe, dès lors que le Royaume Uni qui précède l’Allemagne au classement de la liberté économique devrait quitter l’Union, soit dans un petit pays plus ouvert que la Belgique sur le plan économique, telles que l’Irlande ou l’Estonie.
Plutôt que de se lancer dans la surenchère dialectique de type marxiste (réquisition, confiscation, punition… que n’a-t-on entendu ?) ou de vainement pousser des cris d’orfraie et de faire leur Calimero dans les médias, s’il reste des hommes d’état aux différents niveaux de pouvoir en Belgique, qu’ils se démarquent du clientélisme et de la culture de la haine que d’autres y entretiennent pour seul programme, se défassent de la pusillanimité générale qui y règne et promeuvent d’urgence les mesures de flexibilité du travail au niveau des petites et moyennes entreprises, seules susceptibles d’assurer une relance économique par la régénération de l’activité. A cette fin, la Belgique « fédérale » pourrait utilement s’inspirer de l’exemple de la Confédération helvétique, seule en Europe à figurer parmi les cinq pays entièrement « libres » sur la liste de la Heritage Foundation.
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