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La démocratie en recul dans le monde en 2016

La démocratie en recul dans le monde en 2016 Posted on 25 janvier 20172 Comments

Le département de recherche et d’analyse apparenté au magazine britannique The Economist vient de publier son index de la démocratie dans le monde pour l’année écoulée. Cet index couvre 165 pays et 2 territoires (les micro-états ne sont pas repris) et donc presque la totalité de la population mondiale. Il s’appuie sur cinq catégories d’évaluation : le processus électoral et le pluralisme, les libertés civiques, le fonctionnement du gouvernement, la participation politique et la culture politique.

L’index 2016 de la démocratie en est la neuvième édition. Dans leurs commentaires, les auteurs de cet état des lieux de la démocratie dans le monde relèvent que l’année 2016 a été marquée par une révolte populaire contre les élites perçues par beaucoup comme étant déconnectées de la réalité et ne représentant pas les intérêts des gens ordinaires. Cette révolte, dénoncent-ils, vise non seulement le monde politique (gouvernement, parlement, institutions étatiques, partis), mais aussi les médias, les groupes d’experts, les organisations internationales. Tant le résultat du référendum sur le Brexit que l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis reflètent, selon les auteurs du rapport, cette insatisfaction du public quant au statu quo et sa volonté de changement.

Ces événements constituent-ils un triomphe de la démocratie ou une menace pour elle ? Que les élites en place, avertit le rapport, ne se contentent de décrier ceux qui ont voté en faveur du Brexit ou de Trump (voire même d’insinuer que le problème, c’est la démocratie elle-même), mais qu’elles essaient de comprendre les causes du rejet de l’ordre établi. Car, si ces votes ont mis en lumière les difficultés de la démocratie représentative de nos jours, ils indiquent aussi comment les surmonter, à savoir par un plus grand engagement politique de la population. Et, il est clair que le phénomène de désaffection vis-à-vis des élites dépasse largement les frontières de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis.

Le score global moyen des pays repris à l’index 2016 de la démocratie dans le monde a reculé de 5,55 en 2015 à 5,52 en 2016 (sur une échelle de 10 à 0). 72 pays ont enregistré une régression de la démocratie en 2016, près du double du nombre (38) de ceux où la démocratie a progressé. Si la moitié de la population du monde vit dans une forme ou l’autre de démocratie, seule une minorité – 4,5% – vit en pleine démocratie, en fort recul en comparaison de 2015 à la suite de la dégradation des Etats-Unis d’un état de pleine démocratie à celui d’une démocratie imparfaite. Environ 2,6 milliards de personnes (dont une grande proportion, bien sûr, en Chine) sont, par contre, soumises à un régime autoritaire.

La dégradation de la situation aux Etats-Unis résulte de ce que, comme en ont témoigné des sondages Pew, Gallup et autres, la confiance populaire dans le gouvernement, les élus et les partis politiques y est tombée à des niveaux extrêmement bas. C’est de ce courant de profonde désaffection à l’égard du fonctionnement de la démocratie américaine que Monsieur Trump a su profiter. L’Europe n’échappe pas à un phénomène similaire de défiance à l’égard des élites et des institutions politiques, un sentiment qui explique le vote des Britanniques sur le Brexit et l’ascendance des mouvements populistes dans plusieurs pays du Vieux Continent. A cet égard, il est particulièrement préoccupant que la démocratie soit en recul dans 19 pays d’Europe de l’Est (l’ancien bloc communiste) alors que onze d’entre eux sont membres de l’Union européenne. Aucun ne ne se range parmi les pleines démocraties.

Pour terminer sur une note optimiste, signalons quand même que 14 des 19 « pleines démocraties » dénombrées par le rapport de The Economist Intelligence Unit figurent en Europe, laquelle truste quatre (Norvège, Islande, Suède, Danemark) des cinq premières places du classement, la 4e étant occupée par la Nouvelle-Zélande. La France se classe dans le compartiment des « démocraties imparfaites », 24e au classement général, ex-aequo avec la Corée du Sud, derrière la République du Cap Vert. La Belgique fait partie du même compartiment et se situe en 35e position, derrière le Chili et devant Chypre et la Slovénie. Luxembourg, Pays-Bas, Allemagne, Autriche, Malte, Royaume-Uni, Espagne, tous rangés parmi les pleines démocraties, se suivent, de la 11e à la 17e place, précédés par l’Irlande (6e, ex-aequo avec le Canada), la Suisse (8e) et la Finlande (9e).

Cette chronique ne manquera pas de revenir sur le sujet. (Source et graphique : The Economist Intelligence Unit.)

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2 comments

  1. Il faut améliorer les indicateurs de la démocratie en donnant une note à l’accueil de migrants dans chaque pays. Avec la mondialisation, la mobilité doit être prise en compte dans les critères de la démocratie parfaite. Les pays qui mettent des procédures draconiennes d’attribution de visa ou qui refoulent les migrants ne peuvent pas être considérés comme des démocraties parfaites.

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