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« Dans les forêts de Sibérie » (Virgile Dureuil, d’après le récit de Sylvain Tesson)

« Dans les forêts de Sibérie » (Virgile Dureuil, d’après le récit de Sylvain Tesson) Posted on 31 décembre 2019Leave a comment

Pour son premier livre, Virgile Dureuil a mis en images et en couleurs le récit autobiographique qui avait valu à Sylvain Tesson le prix Médicis essai de 2011, Dans les forêts de Sibérie, récit de ses six mois d’ermitage, de février à juillet 2010, dans une cabane au bord du lac Baïkal, où il fit « un pas de côté », muni de livres, de cigares, de quelques dizaines de litres de vodka et d’autant de sauce « super hot tapas » et de Tabasco, « qui vous permet manger n’importe quoi avec l’impression de manger quelque chose ».

« Le reste – l’espace, le silence, la solitude – était déjà là. » Reclus dans une quasi-immobilité, lui restait à s’ingénier à vivre de gestes simples de bûcheron et de pêcheur pour assurer l’essentiel – les quatre heures de travail quotidien préconisées par Tolstoï pour avoir droit au gîte et au couvert – et à marcher quelques jours quand lui venait l’envie d’aller à la rencontre des âmes les plus proches sur cette terra nullius, ce territoire sans maître.

A Paris, avant son départ, on l’avait mis en garde contre l’ennui mortifère. « Ceux qui parlaient ainsi avaient-ils le sentiment de constituer à eux seuls une distraction formidable ? » En se tenant à l’écart de la société, l’ermite jouit d’une liberté absolue, « dans un refus poli », contrairement à l’anarchiste ou au hacker, dont la société est la raison d’exister et qui rêvent de la détruire. Que la société vienne à disparaître, « l’ermite poursuivrait sa vie d’ermite ». Réfractaires de tous les pays, rejoignez la taïga !

« L’état voit tout, contrôle tout, il veut des êtres soumis, des coeurs secs dans des corps présentables ; les taïgas ensauvagent les hommes et délient les âmes. »

Vue de là où prévalent les codes immémoriaux, la France présente deux sujets d’étonnement pour le moujik, selon Sylvain Tesson, qu’elle fasse appel à l’aide du gouvernement pour la délivrer quand il tombe deux centimètres de neige, mais qu’elle laisse les cités brûler alors qu’elle a déployé trois mille soldats dans les montagnes afghanes…

« Qui a raison ? Le moujik autarcique qui remet son âme au ciel mais ne pénètre jamais dans un magasin ou le moderne athée, affranchi de tout corset spirituel, mais qui est contraint de téter les mamelles du système et de se plier aux injonctions imposées par la vie en société ? »

Rien ne vaudrait-il la solitude ? « Pour être parfaitement heureux, il ne manque que quelqu’un à qui l’expliquer. » « Il ne manque que Blanche-Neige. » « Croire en l’incarnation de l’être aimé dans l’icône » ne suffit pas quand les amants sont éloignés. L’aventurier le ressent douloureusement quand, lassée de son absence, sa bien-aimée lui signifie son congé par téléphone satellitaire. Le consolent de son chagrin les deux jeunes chiens que lui a confiés un voisin du lac.

L’album de BD de Virgile Dureuil, luxueusement édité par Casterman, donne au récit de Sylvain Tesson un relief nouveau, haut en couleurs somptueuses et pourvu d’une trame temporelle et spatiale nécessairement différente de celle du livre original dont il prolonge et reflète toutefois remarquablement l’esprit. (Dessin : Virgile Dureuil)

Dans les forêts de Sibérie, scénario de Sylvain Tesson et Virgile Dureuil, dessin de Virgile Dureuil, 112 pages (19.1 x 26.9 cm, cartonné, relié, couleur), Casterman.

* * *

Que vous optiez pour l’érémitisme ou le cénobitisme, à toutes et à tous, meilleurs voeux pour 2020.

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