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Belgique : l’« alternative socialiste » ?

Belgique : l’« alternative socialiste » ? Posted on 22 décembre 20141 Comment

17 décembre 2014 : au lendemain du Grand Direct de son successeur à la télévision et à la radio sur la même chaîne, le Président du PS wallon et ancien Premier-ministre belge est sur Bel-RTL l’invité du 7h50, l’interview qui précède le journal parlé de 8 heures. Martin Buxant lui demande ce qu’il a retenu de positif de l’intervention de son successeur : manifestement rien. Il reparle du saut d’index, des « 400 € de perte de pouvoir d’achat pour le citoyen » que le PS wallon rabâchait déjà avant que la première mesure du nouveau gouvernement de centre-droit ne soit annoncée, il égratigne le Gouverneur de la Banque nationale de Belgique dont il promet de reparler dans ses mémoires et il répète quatre fois qu’il « existe une alternative ».

Flashback. Nous sommes le 21 novembre 2014, sur le même plateau, avec les mêmes protagonistes. Martin Buxant au Président du PS wallon : « Vous êtes un social-démocrate… ». Son interlocuteur lui rétorque : « Permettez-moi de vous reprendre : mon profil est un profil de socialiste. » « Social-démocrate », insiste l’interviewer ; « non, ça, ce ne sont que des mots, je tiens à ce que je suis, je suis socialiste et j’entends rester socialiste. »

La nuance n’est pas anodine. Elle signifie que le PS wallon épouse plutôt les lignes du socialisme à l’italienne, à l’espagnole, à la portugaise ou à la grecque qu’il ne revendique une identité commune avec la social-démocratie réformiste de type allemand (SPD) dont l’un des éléments constitutifs fut historiquement l’anti-communisme et, partant, l’adhésion à un modèle de démocratie représentative érigée sur le multipartisme politique.

Comme le démontrèrent la volonté du gouvernement d’Helmut Schmidt (SPD) de sauvegarder la compétitivité des entreprises (sur fond de stabilité monétaire et de faible inflation) lors de la crise économique consécutive aux chocs pétroliers des années 70 et, plus tard, l’Agenda 2010 du gouvernement Schröder (SPD) visant à asseoir cette même compétitivité via une libéralisation du marché du travail, une baisse des prestations sociales et une réforme des retraites, l’approche social-démocrate tend à privilégier l’intérêt général et le consensus socio-économique.

En se démarquant de cette approche « win-win » propre à la social-démocratie et en affichant un socialisme radical, le PS wallon s’inscrit dans une logique « win-lose », un jeu politique à somme négative dans lequel la lutte des classes est sous-jacente et dont l’objectif est d’écraser l’adversaire et non d’arriver à un quelconque compromis.

En cela, le Président du PS wallon reste cohérent par rapport aux statuts de son parti aux maintes refontes desquels il a présidé et dont l’article premier dans la dernière remise à jour datant de 2013 continue d’énoncer que « le PS a pour but d’organiser, sur le terrain de la lutte des classes, toutes les forces socialistes de Wallonie et de Bruxelles (…) afin de conquérir le pouvoir pour réaliser l’émancipation intégrale des travailleurs ».

Sans doute cela explique-t-il aussi les vociférations ayant miné la séance d’inauguration du nouveau gouvernement au Parlement fédéral, les diatribes véhémentes aux relents de haine de classe dont a souffert le consensus social belge et la virulence des grèves qui ont paralysé la Belgique ces derniers mois. Car, sinon, comment cet acharnement s’expliquerait-il dans le contexte d’une démocratie représentative ? Et, s’il existe une alternative comme le Président du PS wallon ne cessa de le répéter sur l’antenne de Bel-RTL, pourquoi son parti n’a-t-il pas profité de sa présence à tous les niveaux de pouvoirs en Belgique pendant vingt années consécutives pour réduire la dette publique qui, sous sa direction, a dépassé les 100% du PIB, et pour diminuer le poids de l’Etat dont la part dans l’économie belge en préjudicie la croissance et y favorise le chômage ?

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