Rappelons les données de la crise grecque : en échange d’environ 250 milliards de prêts, l’Etat grec s’est engagé sur des réformes. Monsieur Tsipras a renié la plupart de ces réformes, sans rendre un centime. Ensuite, Monsieur Tsipras a proposé de réintroduire certaines de ces réformes, à condition qu’on lui donne 30 milliards de plus.
Bien que de nos jours dire du bien de l’Union européenne (UE) revient à se promener en mini-jupe en chantant Abba dans le quartier-général de l’Etat islamique, je me risque à avancer la thèse suivante : la gestion, par les instances européennes, du dossier grec, n’est pas totalement catastrophique. Jugeons-en :
1. Alors que des élus démocratiques qui ont déjà « prêté » 250 milliards à son pays aurait pu avoir de mauvaises pensées à son égard, l’intégrité corporelle de M. Tsipras a été respectée.
2. Aucun plan sérieux d’invasion armée de la Grèce — pour remboursement des créanciers par saisie-exécution des biens du débiteur failli — n’est actuellement sur la table.
3. L’euro n’a pas bougé d’un iota (par rapport au dollar US) depuis l’idée géniale ©Tsipras-Varoufakis du référendum.
4. Les marchés, en dépit de fluctuations à la marge aussitôt résorbées, ne se sont pas davantage émus de la pirouette.
5. Voter non reviendrait, pour les Grecs, à perdre 40% de leur pouvoir d’achat en un jour (source : Bloomberg, 4 juillet). Même si la démocratie n’est pas un remède contre la fantaisie — l’histoire d’Athènes en témoigne ! —, il paraît peu probable que les Grecs s’infligent à eux-mêmes ce fouet clouté.
Certes, le Wall Street Journal titrait le 4 juillet que la France est désormais le meilleur allié de la Grèce, ce qui présage du pire pour ce pays, mais il semble globalement que les professeurs d’Armageddon devront encore passer un tour. On se risquerait même à parier sur la renaissance prochaine du phénix grec dans un nid européen revitalisé. Car, on assiste à un intéressant retour en vogue, au sein de la zone euro, non pas de l’austérité, pas même de la rigueur budgétaire — ne rêvons pas —, mais du sens commun. Se dessine l’idée que lorsque l’on est endetté jusqu’au cou, n’en déplaise à MM. Stiglitz et Krugman, dignes héritiers de Keynes et du fils prodigue de Marx, la solution consiste rarement à s’endetter davantage.
À cet égard, comment ne pas relever que Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, apparaît de moins en moins isolé dans le concert européen ? Outre le pugnace ministre finlandais des Finances, l’éternel allié néerlandais, ou encore le valeureux Espagnol, c’est désormais le ministre belge des Finances qui se range nettement, et de façon cohérente, dans le camp allemand, ce qui ne s’était plus vu depuis des législatures.
Ainsi la leçon de la crise grecque serait qu’on ne sort pas de l’endettement par la dette, ni par des artifices comptables ou des trucages politiques, mais par le travail. Dogme libéral, diktat allemand, ou vérité éternelle ? Il est vrai que les Grecs antiques ne travaillaient pas : leurs esclaves se chargeaient de la besogne.
Drieu Godefridi
(L’auteur de cet article est juriste et Docteur en philosophie, Paris IV-Sorbonne. Il a notamment contribué par un article sur la Violence de genre et la Négation du droit à l’ouvrage collectif récemment publié par Texquis sous la direction de Henri Lepage : Libéralisme et liberté d’expression qui fera bientôt l’objet d’une recension sur ce site Palingenesie.com).
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