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La vérité vous rendra libre

La vérité vous rendra libre Posted on 4 janvier 20255 Commentaires

« Si vous arrangez votre système financier de telle sorte que toute propriété soit confisquée à mesure de sa formation, alors, nul n’étant intéressé ni au travail ni à l’épargne, le capital ne se formera pas ; il décroîtra avec rapidité, si même il ne déserte pas subitement à l’étranger ; et, alors, que deviendra le sort de cette classe même que vous aurez voulu soulager ? » N’aurait-il donc fallu à l’économiste libéral français Frédéric Bastiat (1801-1850) que quatre lignes pour exprimer ce que Charles Gave, à qui l’on doit la citation, a essayé de faire comprendre tout au long des 230 pages de son dernier opus, La vérité vous rendra libre, publié dans la bien nommée collection des « Idées en liberté » chez Pierre de Taillac ?

Non, car le projet de Charles Gave ne se limite pas à répéter que « l’Etat, c’est la grande fiction par laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde » (autre citation de Bastiat). Il est de présenter une vision « revue et corrigée » de l’histoire des quarante dernières années et, déjà, au vu des événements et circonstances, de nous avertir, nous les Européens, que le reste du monde va « cesser de nous entretenir grassement à ne rien faire » et de s’inquiéter, à juste titre, de ce que les grands sachants, en proie à leur obsession du pouvoir et aux délires idéologiques, qui ont eu tort sur tout, cherchent de surcroît à nous priver de la liberté de parole.

Reconnaissons avec lui, qui n’est pourtant pas américanophile, que les Etats-Unis, que ce soit sur le plan énergétique et militaire (sur lequel ils se suffisent à eux-mêmes) ou de la liberté d’opinion et de parole (proclamée dans le Premier amendement de leur Constitution), sont mieux placés qu’une Union européenne sous l’emprise de ses démons et de l’idéologie. Souvenons-nous toutefois que nos droits individuels sont attachés à notre personne et en principe inaliénables, si ce n’est, bien sûr, que l’Etat, qui dispose du privilège de la violence légale, peut bafouer ce précepte de la civilisation chrétienne. Est-ce là la raison du refus de rappeler les racines chrétiennes de notre civilisation dans le Préambule de la Constitution européenne ? C’en est à se demander.

L’Union européenne dans un bunker

Car, si nous sommes en guerre – rappelez-vous l’expression répétée à satiété par l’actuel président de la République française -, c’est bien contre ceux qui cherchent à contrôler la parole publique. Mme von der Leyen elle-même n’a-t-elle pas dévoilé les intentions de l’UE dans ce domaine au Sommet de la démocratie de Copenhague en mai dernier ? « Au fur et à mesure que la technologie évolue, a-t-elle dit, nous devons renforcer l’immunité de la société face à la manipulation de l’information. La recherche a démontré que prévenir [le pre-bunking en jargon européen, ndlr] est plus efficace que guérir [le debunking]. Pensez à la manipulation de l’information comme à un virus. Il vaut mieux vacciner afin de prévenir l’infection. » C’était dans le 1984 d’Orwell le privilège du ministère de la Vérité. Et, comme chacun sait, en vérité, Mme von der Leyen s’y connaît en vaccins.

Deux révolutions ont eu lieu dans l’Occident chrétien à la fin du XVIIIe s., écrit Gave, la première aux Etats-Unis ne constituait en rien une rupture avec le christianisme ; la seconde, en France, est en rupture totale avec ce dernier. Les révolutionnaires français pensent avec Rousseau que l’homme est corrompu par la société. Leur projet est de créer les structures qui permettent à l’homme nouveau d’éclore et, disait Saint-Just, « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». En cela, poursuit Gave, « la Révolution française a été la matrice de tous les totalitarismes ». Les acteurs changent, l’objectif de ceux qui veulent le bien de tous à commencer, surtout, par le leur, reste le même : faire taire ceux qui ne sont pas d’accord. Dictature, il y aura et elle sera totalitaire, obligeant les gens à tous penser de la même façon, d’où la tentation de juguler l’Internet. C’est l’objet du Digital Services Act (DSA), le règlement européen sur les services numériques, adopté le 19 octobre 2022 et visant, selon la Commission, à lutter contre la propagation de contenus illicites en ligne.

Retour à la primauté du « groupe »

Fragiles Européens, jugés incapables de s’en prémunir ! Et, apparemment, d’une manière générale, ce qui ramène à la citation de Bastiat au début, de prendre soin d’eux-mêmes. Or, comme Samuel Huntington (1927-2008) le fait observer dans Le Choc des civilisations (1996), s’il est un aspect qui différencie la civilisation occidentale de toutes les autres, c’est l’individualisme. Hélas, notre époque est marquée, constate Gave, par un retour à une forme de primauté du « groupe » sur l’individu et de morale collective. « Etre immoral aujourd’hui, écrit-il, c’est refuser de croire que la classe dirigeante sait mieux que moi ce qui est bon pour moi. » Dire non, c’est contredire « la science » et « les plus grands spécialistes de la question », la majorité des béni-oui-oui de toutes les chapelles, et, surtout, cela vaut d’être mis au ban de la société (« empêché, interdit, ridiculisé, exclu »).

Compter sur la classe au pouvoir pour sortir de l’erreur et de l’horreur est un non-sens. Comment ceux qui ont créé un problème y trouveraient-ils une solution qui ne soit pas d’en rajouter ? Nous nous en sortirons, conclut Gave, avant de rappeler comment sur une petite presqu’île de l’Asie nous avons créé la première civilisation universelle, « lorsque chacun d’entre nous réussira à nouveau à penser par lui-même et qu’il pourra appliquer cette réflexion dans le domaine politique. » Nul doute qu’une lecture appliquée de La vérité vous rendra libre, L’histoire des quarante dernières années revue et corrigée par Charles Gave, contribuera grandement à cette nécessaire réflexion.

La vérité vous rendra libre, L’histoire des quarante dernières années revue et corrigée par Charles Gave, 230 pages, Idées en liberté, Editions Pierre de Taillac.

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5 commentaires

  1. OUI, la vérité nous rendra libres et chacun doit penser par lui-même…. et je suis effarée quand j’entends des universitaires dire « il y a consensus la-dessus » pour s’éviter toute réflexion personnelle!
    Chers concitoyens, lisez le dernier livre de Thierry Godefridi, instruisez-vous et réfléchissez.

  2. La conversation avec un ami chauffagiste sur l’invasion de l’Ukraine m’a profondément marqué. Sa justification de l’agression russe, basée sur un prétendu non-respect des accords de Minsk, m’a à la fois alarmé et éclairé sur la nature de l’opinion publique contemporaine.
    L’ère de l’opinion sans fondement :
    Cette interaction a mis en lumière un phénomène inquiétant : la facilité avec laquelle des individus, sans expertise particulière, s’approprient et diffusent des opinions complexes sur des sujets géopolitiques majeurs. Mon ami, incapable d’expliquer en détail les accords de Minsk ou d’identifier les acteurs clés du conflit, illustrait parfaitement ce problème.
    La démocratisation de l’expression et ses pièges :
    L’avènement des réseaux sociaux a démocratisé l’expression des opinions. Cependant, cette liberté d’expression accrue n’est pas toujours accompagnée d’une rigueur intellectuelle équivalente. La capacité à publier ses pensées ne garantit pas la qualité ou la pertinence de celles-ci, surtout sur des sujets aussi complexes que les relations internationales.
    L’importance de la connaissance et du discernement et de la nuance :
    Pour aborder des sujets aussi délicats que les accords de Minsk ou l’invasion de l’Ukraine, une compréhension approfondie est cruciale. Ces accords, signés en 2014 et 2015, visaient à résoudre le conflit dans le Donbass, mais leur interprétation et leur mise en œuvre ont été source de nombreuses controverses.
    La valeur de la pensée critique :
    Penser par soi-même reste une qualité essentielle. Néanmoins, cette démarche doit s’appuyer sur une base solide de connaissances, un esprit critique aiguisé et une grande humilité intellectuelle. La prolifération d’opinions mal informées, à l’instar de celles de mon ami chauffagiste ou de certains commentateurs médiatiques, souligne l’importance de cultiver ces qualités.
    En conclusion, bien que la démocratisation de l’expression soit un progrès, elle met en lumière la nécessité d’une éducation critique (l’école secondaire ne saurait suffisamment répondre à cette nécessité) et d’une responsabilité intellectuelle accrues. Dans un monde où l’information est abondante mais pas toujours fiable, la capacité à analyser, comprendre et contextualiser devient plus cruciale que jamais. Des Charles Gave, il y en a trop.

  3. Qui détient la vérité? Charles Gave? Ou la personne qui intervient avant moi? Je pense qu’il faut voir au-delà des mots, des actes, et des conflits guerriers, pour en effet tout détruire afin de diriger l’humanité différemment, en la rassemblant et en combattant ceux qui voudraient désunir.
    C’est la désunion qui est la source de tous les conflits, de toutes les guerres.

  4. Et je me permettrai d’ajouter: chers concitoyens réagissez, opposez-vous à l’école actuelle, exigez un enseignement UTILE qui donne une vraie CULTURE GENERALE aux jeunes et un ESPRIT CRITIQUE constructif!

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