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Un libéral nommé Jésus

Un libéral nommé Jésus Posted on 29 mars 20251 Comment

Que les Evangiles ont été lus et interprétés avant tout par des ecclésiastiques et commentés par des moralistes, qui n’aient pas nécessairement été formés à cette forme de sociologie appliquée que sont les sciences économiques, paraît bien naturel. L’étude des paraboles fait partie de leurs attributions. Dans Un libéral nommé Jésus, Charles Gave, économiste de formation, financier de profession, libéral de culture et remueur d’idées de vocation, comble la lacune et procède à une exégèse économique des Evangiles.

Dans ses essais, parmi lesquels celui-ci date de 2005 et a été réédité cette année, Gave ne manque jamais, sur des sujets relevant de l’économie, de la monnaie, des marchés, des institutions et de la société en général, d’idées qui remettent en question les idées dominantes et qui stimulent la réflexion et le débat sur des alternatives aux approches conventionnelles. Il est un ardent défenseur de la liberté individuelle, du marché libre et d’un rôle limité de l’Etat dans l’économie.

Libre arbitre et propriété privée

Un libéral nommé Jésus reprend les principaux thèmes qui lui sont chers, l’individualisme et la défense de la propriété privée, la critique de l’étatisme à outrance en matière économique, le rejet du keynésianisme et de l’interventionnisme monétaire, sa répulsion pour les élites et la technocratie en général et l’Union européenne en particulier, son goût pour la souveraineté nationale, son aversion pour l’idéologie.

Après avoir expliqué en quoi une lecture des Evangiles en tant qu’économiste s’avère pertinente, il pose en premier que le Christ dit encore et encore qu’il n’y a de morale qu’individuelle : il n’y a pas plus de morale collective qu’il n’y a d’amour collectif, ni de responsabilité collective. Le « jugement de l’Histoire » cher aux politiques n’est qu’une foutaise, dit-il, c’est individuellement que nous serons jugés et non collectivement. « L’essence de la religion chrétienne n’est ni l’adhésion mécanique à une règle, ni l’injonction d’adorer son maître ; c’est l’exercice plein et entier du libre arbitre ».

En cela, elle se distingue de toutes les autres religions tout en en intégrant les différents dimensions particulières, la relation verticale à Dieu, la relation avec soi-même et la relation horizontale avec nos semblables. Gave s’en réfère à cette déclaration de Jean-Paul II : « La liberté, c’est de pouvoir et de vouloir faire ce que l’on doit faire. » Pour le reste, il convient que son livre est une confrontation entre le Christ et Marx, le grand prophète de l’égalitarisme, dont se revendiquaient Lénine, Staline, Mao, Hô Chi Minh, Castro, Chavez et tous les communistes et socialistes, seuls dépositaires à leurs yeux de la faculté de discerner le bien du mal, qu’aucun argument de la réalité n’a jamais amené à résipiscence, avec les résultats que l’on sait. Jugez l’arbre à ses fruits, disent les Evangiles.

Séparation de l’Eglise et de l’Etat

Un autre enseignement du Christ mis en avant par Gave est la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » de l’Evangile selon Luc (X, 21-26). Cela vaut dans les deux sens. L’Eglise n’a pas à s’occuper de politique, ni la politique de morale. Ce n’est pas de leur ressort. Aussi, lorsque l’Etat ou plutôt une nouvelle cléricature qui l’investit (à son profit, toute charité bien ordonnée) prétendent représenter l’intérêt général et dicter à chacun sa morale, non seulement ils outrepassent leur fonction mais, l’histoire l’a montré, exposent ceux qu’ils sont censés servir à la prédation. Dénoncer les abus de pouvoir est déjà la raison pour laquelle Jésus s’oppose aux élites politiques et religieuses de son époque (les pharisiens, les sadducéens, l’Empire romain).

Dans son discours sur Le Déclin du courage, prononcé à l’Université Harvard, le 8 juin 1978, cité par Gave, Soljenitsyne déclara, en toute connaissance de cause, que « les hommes n’étant pas dotés des mêmes capacités, s’ils sont libres, ils ne seront pas égaux, et s’ils sont égaux, c’est qu’ils ne sont pas libres ». C’est là son message essentiel. Gave réfute l’idée que le christianisme authentique serait une idéologie collectiviste justifiant la redistribution forcée des richesses. La charité chrétienne est, affirme-t-il, un acte volontaire et individuel. Elle n’a rien à voir avec un État providence qui impose la solidarité par la coercition.

« Hélas, rappelle-t-il, nul ne l’ignore, des sept péchés capitaux, l’envie est le seul qui ne puisse être apaisé par une quelconque satisfaction, par une donnée objective. » Le pouvoir politique exploitant cette veine serait-il d’essence démoniaque ?

Un libéral nommé Jésus, Paraboles économiques, Charles Gave, 200 p, Editions Pierre de Taillac.

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1 commentaire

  1. MERCI pour ce texte très intéressant, instructif…. et qui devrait faire réfléchir!
    Et j’insiste encore: L’ENVIE est bien le défaut quasi impossible à guérir et il serait indispensable que tout le monde lise ce livre de Helmut Schoeck.

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