« Commandement premier : Le climatoscepticisme tu déconstruiras. » Amen. Ainsi soit-il. A ceux qui interrompent déjà leur lecture de cet article, a tchao bonsoir, comme disait la marionnette PPDA dans les Guignols de l’info, mais qu’avant qu’ils n’aillent vaquer à leurs occupations on leur rappelle cette raffarinade : « Win the “yes” needs the “no” to win against the “no” ». Et, Philippe Charlez, l’auteur de cet essai sur la transition énergétique, de rappeler Aristote et le principe du tiers exclu, la relation binaire entre une affirmation et son contraire à l’exclusion de toute position intermédiaire, le « you are either with us, or against us » de George W. Bush (le 20 septembre 2001 devant le Congrès) et de maints autres dirigeants politiques (Benito Mussolini, entre autres) qui s’inspiraient de la Bible (on y revient!) et plus particulièrement de l’évangile selon Mathieu (12:30) « Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui ne rassemble pas avec moi disperse » (et formulé différemment chez Luc 9:50 et Marc 9:40).
Un basculement idéologique
Il fut une époque où, comme l’écrivit Revel dans La tentation totalitaire, « il valait mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron ». Ceux qui n’étaient pas marxistes ne pouvaient être que des fascistes. Plus ça change, plus c’est la même chose, ironisait déjà le journaliste français Alphonse Karr dans sa revue satirique Les Guêpes en 1849. Nous y revoilà. Philippe Charlez, qui cite Revel, n’est pas le premier venu. Ingénieur de l’Ecole polytechnique de Mons (en Belgique) et docteur en physique de l’Institut de physique du globe de Paris, il enseigne à Science Po, Dauphine, l’INSEAD, Mines Paris Tech, l’ISSEP et le CIFE. « [La question climatique] souffre aujourd’hui, écrit-il, d’un basculement idéologique dans le binaire simplificateur et réducteur. L’écologie politique a transformé le problème scientifique en dogme religieux. »
Il n’a toutefois pas pour vocation d’être un Galilée, ni encore moins un Giordano Bruno (qui termina sur le bûcher pour avoir conçu l’idée d’un univers infini avec une multitude d’astres), ni de se lancer dans un réquisitoire contre le GIEC. La Terre se réchauffe-t-elle ? Oui, la fonte massive des glaces en témoigne et « les exemples peuvent se multiplier à l’infini ». Le CO2 est-il un polluant ? Non, et l’air que nous respirons n’en contient jamais que 0,042% (les 420 ppm) et l’être humain en expire 35 fois plus qu’il n’en inspire – autant dire qu’il faudrait à tous nous couper la tête s’il était un polluant. La concentration de CO2 s’est cependant accrue dans l’atmosphère (de 320 ppm en 1960 à 420 ppm en 2022). « Comme le réchauffement climatique, c’est un phénomène indiscutable », lié à ce que le développement de notre société de croissance s’est appuyé depuis le XIXe siècle sur les énergies fossiles et que quand on brûle du charbon, du pétrole ou du gaz, le résidu, c’est du CO2.
La présence de CO2 dans l’atmosphère s’est amplifiée (de 1,3 ppm/an pendant les Trente Glorieuses, la période de forte croissance économique et de hausse du niveau de vie dans les pays développés entre 1945 et 1975, à 2 ppm/an au XXIe siècle à la suite de la mondialisation et de la croissance du PMB, le produit mondial brut, improprement appelé « PIB mondial »). Quant à savoir qui de l’oeuf ou de la poule (l’augmentation de la température moyenne de la Terre fait-elle suite à celle du taux de CO2 dans l’atmosphère, comme le prétend le GIEC, ou est-ce l’inverse?), Charlez en fournit une argumentation scientifique éclairante (c’est le cas de le dire) pour le commun des mortels – dont fait partie l’auteur de cet article – et attire l’attention sur le fait que, si l’effet de serre direct est le facteur déclencheur, il faut aussi tenir compte des rétroactions (les effets indirects), tels que la fonte du pergélisol (permafrost en anglais), susceptible de libérer des quantités considérables de CO2 et de méthane qui s’y trouvent emprisonnées depuis des temps immémoriaux.
La tentation décroissantiste
Faut-il paniquer ? Non, à condition de ne pas céder à la tentation décroissantiste prônée par le Club de Rome et ses avatars contemporains de l’écologie radicale. Quand on observe les grands indicateurs socio-économiques (pauvreté, espérance de vie, etc.), le monde n’est jamais allé mieux qu’il ne va de nos jours et ne pourra qu’aller de mieux en mieux si on suit la voie de la croissance et du progrès scientifique et technique et si, en Occident, on retrouve celle de la sagesse et on rejette les idéologies mortifères, car liberté, énergie et technologie forment les trois piliers de notre civilisation. Charlez rappelle à ce propos la comparaison de Churchill entre capitalisme et socialisme, le vice inhérent au premier consistant en une répartition inégale des richesses. la vertu inhérente au second consistant en une égale répartition de la misère. Le « climatogauchisme », qui, empreint d’obsession égalitaire, de haine des riches et de détestation de tout ce qui s’y rattache, nous somme de choisir entre croissance et apocalypse, ne se distingue du marxisme qu’en ce que celui-ci promettait l’égalité dans l’abondance tandis que l’autre propose l’égalité dans la pauvreté. Il est un exemple marquant de ce à quoi aboutit la décroissance : le Venezuela. Le PIB y a baissé de moitié et l’espérance de vie, de quinze ans, ce qui équivaut à 60 ans de régression en termes de développement…
Des chantres de l’écologie radicale, il ne s’en trouve pas qu’à l’extrême gauche. En 2007, Alain de Benoist, épicentre de la mouvance dite de la Nouvelle Droite, publiait un ouvrage intitulé Demain la décroissance. Hervé Juvin, qui collabore à une revue organe historique de ladite mouvance, s’est fait élire au Parlement européen sur la liste du Rassemblement national en 2019 avant que Marine Le Pen ne lui rende hommage dans le discours de clôture de l’université d’été du parti en se référant à son concept de « civilisation écologique ». En parlant en février, Juvin avait notamment dit : « Le monde de l’ultralibéralisme, c’est une poignée de milliardaires qui ont réduit tous leurs voisins au chômage et qui ont détruit leurs territoires autour d’eux. » Un représentant de la NUPES (coalition de la gauche radicale, écologiste, socialiste et communiste française) n’y trouverait rien à redire.
Les 10 commandements de la transition énergétique, Philippe Charlez, 180 p, VA Editions.
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(Cet article a paru dans l’hebdo satirique PAN n° 4103 du mercredi 30 août 2023.)
MERCI! Et je pense souvent à votre commentaire du livre de Mattias Desmet, suis de plus en plus convaincue que nous vivons un fameux totalitarisme, bien pire qu’une dictature puisque les victimes l’entretiennent et le font grandir! Espérons quelques fortes personnalités politiques pour y mettre fin…..