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Alex Ferguson : Leading, petit traité des vertus de la réussite sociale

Alex Ferguson : Leading, petit traité des vertus de la réussite sociale Posted on 28 mai 20161 Comment

En ces temps de médiatisation exacerbée des inégalités sociales, des riches de plus en plus riches et des pauvres de plus en plus pauvres, n’est-il pas surprenant que les vedettes du football, échangées et rémunérées à coups de millions et de dizaines de millions, et leurs agents qui prélèvent leur taille personnelle sur les transactions qui affectent leurs cheptels, échappent à la stigmatisation dont sont victimes d’autres acteurs économiques ayant pour seul défaut d’avoir réussi à faire fortune en exerçant leurs talents dans des arènes moins spectaculaires et en mettant globalement quelques millions ou dizaines de millions de personnes au travail ?

Cette myopie médiatique provient-elle de l’engouement planétaire pour ce sport-spectacle dont les journaux et les chaînes de télévision se gorgent les colonnes ou les antennes, de ce que le football constitue pour de nombreux joueurs le moyen de s’extraire d’une condition sociale précaire ou de ce qu’il prouve que, dans un monde ouvert, ce ne sont pas les mêmes riches qui le restent et que Piketty et consorts sont des charlatans ?

Que faut-il pour réussir, dans sa vie, dans ses entreprises ? Dans Leading, le livre qu’il a écrit avec Michael Moritz, le président du fonds d’investissement Sequoia Capital et un ami de longue date, Alex Ferguson, le plus fabuleux manager de football que la Grande-Bretagne ait connu, tant par le nombre de trophées (49) que les clubs qu’il a dirigés ont remportés que par sa longévité à la tête de Manchester United, l’un des clubs les plus huppés de la planète, tire de sa carrière des préceptes susceptibles d’inspirer tout un chacun que ce soit dans la conduite de ses affaires professionnelles ou dans celle de sa propre existence.

Travail

« Je n’ai pas connu de période pendant laquelle mes parents n’ont pas travaillé, écrit Alex Ferguson. Comme mes parents s’épuisèrent à la tâche, ils m’ont instillé l’idée que la seule manière d’améliorer mon existence était de travailler dur. » Son père travaillait sur les chantiers navals à Glasgow (« une existence dure, froide et dangereuse, surtout l’hiver lorsque les vents balayaient la Clyde, Glasgow étant située environ à la même latitude que Moscou ») tandis que sa mère travailla d’abord dans une usine de câble et ensuite chez un fabricant de pièces pour l’aéronautique. Quand son père mourut du cancer en 1979, sa mère se mit à faire des ménages.

Discipline

« Mon père, raconte Alex Ferguson, pouvait se montrer têtu et taciturne, mais il était très intelligent. Il avait quitté l’école à 14 ans. Il était autodidacte. Il lisait tout le temps. Il voulut que mon frère et moi apprenions un métier et refusa de me laisser devenir footballeur professionnel avant que je ne termine mon apprentissage d’outilleur. Il nous inculqua la discipline dès notre plus jeune âge. Les jours d’école, il me réveillait toujours à 6 heures pile et quittait la maison à 6h45 car il aimait être au chantier quand les portes s’ouvraient. C’est de lui sans doute que j’héritai de l’habitude, en tant que manager, d’arriver au travail avant que le marchand de lait ne passe. »

Persévérance

Du reste, selon Ferguson, les grands managers de football (il cite Carlo Ancelotti, José Mourinho et Arsène Wenger) ne doivent leur réussite à personne ni à rien d’autre qu’à leur formidable éthique de travail. Il exprime toutefois aussi toute son admiration pour ces managers qui oeuvrèrent d’arrache-pied des décennies durant dans des clubs de second plan et qui ne renoncèrent jamais bien que la vie ou la chance ne leur aient jamais permis de sortir de l’ombre et d’atteindre la notoriété.

Certains joueurs se montrent d’une égale infatigable persévérance. Au fil de la carrière de Ferguson, Manchester United fut comblé de joueurs de cette trempe. Ils se surpassaient constamment dans leur insatiable quête de l’excellence. Des Cristiano Ronaldo, David Beckham, Eric Cantona, Ryan Giggs et Wayne Rooney passaient un temps incommensurable à s’entraîner. « Quand gagner devient un mode de vie, les vrais champions sont infatigables. »

Dynamisme

S’il fallait choisir entre le talent et le dynamisme comme carburant le plus puissant de la réussite, ce serait le second qui l’emporterait, estime Ferguson, pour lequel cette aptitude à agir avec allant et énergie consiste en la combinaison d’une volonté de travailler dur, d’une fortitude émotionnelle, d’un énorme pouvoir de concentration et d’un refus de s’avouer vaincu.

Ce trait de personnalité permet à des joueurs moins doués non seulement de compenser leur manque de talent inné par rapport à d’autres mais aussi, du fait de leur ténacité, leur courage, leur détermination, leur dévotion au club et leur disponibilité, d’entraîner toute l’équipe derrière eux. Leur énergie a, sur leurs équipiers, l’effet d’une potion magique.

Connaissance

S’il conçoit que son manque d’application à l’école a pu décevoir ses parents, Sir Alex s’est rattrapé en suivant l’exemple de son père et en lisant beaucoup, y compris sur des sujets qui n’avaient aucun rapport avec le football. Il insiste sur l’importance de se renseigner, notamment sur ses adversaires. « Une préparation minutieuse, si ingrate soit-elle, était au coeur des préoccupations à Manchester United. » A cette fin, Ferguson suggère d’apprendre à se servir de ces deux facultés couramment sous-estimées de l’être humain : regarder (de près – en étant au coeur de l’action – et de loin – en prenant du recul) et écouter. « Ce n’est pas un hasard, ironise-t-il, si nous sommes affublés de deux yeux et de deux oreilles mais d’une seule bouche. »

Sens de la mission

Le monde est plein de managers capables. Manchester United était plein de gens capables de gérer des tas de choses beaucoup mieux que Ferguson n’aurait pu le faire lui-même. Aussi, en est-il arrivé à concevoir sa mission autrement : « elle consistait, écrit-il, à convaincre chacun qu’il pouvait faire des choses dont il ne se croyait pas capable, à tracer un chemin que personne n’avait encore suivi et à faire en sorte que l’impossible soit possible. »

Puissent les éminents membres de la classe politique et autres pseudo-élites lire Ferguson, s’inspirer de son sens de la mission et nous guider vers des horizons plus ardents que celui de la culture de la haine sociale et puisse chacun entre-temps trouver dans les vertus dont Leading témoigne la force de conduire et, au besoin, de transformer sa propre existence.

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(Cette recension se réfère à la version originale de l’ouvrage en anglais.)

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