L’Union européenne fait face à de vieux démons politiques qui datent du siècle dernier : elle entend contrôler la pensée et la vie de chacun. En plein délire « climatique », elle a annoncé de nouvelles mesures drastiques afin de réduire ses émissions de dioxyde de carbone. Ce faisant, elle commet un suicide économique et mine le bien-être de ses citoyens présents et à venir.
Nous poursuivons la revue de quelques considérations proposées par Samuel Furfari dans son livre Energie, tout va changer demain ? (La première partie de cette recension a été publiée sur Palingénésie le samedi 7 août 2021).
« Si vous contrôlez les émissions de CO2, vous contrôlez la vie. » La formule est du physicien américain Richard Lindzen, professeur émérite de météorologie au MIT (Massachussets Institute of Technology) et auteur responsable du chapitre 7, « Physical Climate Processes and Feedbacks » du troisième rapport du GIEC sur le changement climatique.
C’est bien de cela qu’il s’agit in fine : notre mode de vie dépend de la consommation d’énergie. Modifier le mix énergétique de manière péremptoire pour réduire les émissions de CO2, c’est influer sur notre existence et celle de nos semblables – au quotidien.
Car, c’est bien de limiter notre consommation d’énergie dont il est question puisqu’il est irréaliste d’avancer qu’à court (2035!) ou moyen terme (2050!) les sources d’énergie renouvelables puissent compenser les sources d’énergie fossiles, a fortiori si on s’abstient de recourir à l’énergie nucléaire. Il est d’ailleurs curieux que l’UE s’évertue aujourd’hui à diminuer notre consommation d’énergie puisque la mise à disposition d’une énergie abondante et bon marché (à l’agenda de la conférence de Messine qui s’est déroulée du 1er au 3 juin 1955) était à la base de sa création.
C’est une preuve parmi d’autres que l’Union européenne d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec son projet original et ce pourrait bien être une raison de prochains « exits ». Car enfin, l’obsession des dirigeants politiques actuels de l’UE de réduire ses émissions de CO2 est profondément suspecte.
Une obsession suspecte
Non seulement il reste à démontrer que ces émissions sont responsables du changement climatique (l’ancien responsable pour le climat et l’énergie dans l’administration Obama, le physicien Steven Koonin, l’explique en détail dans son ouvrage Unsettled paru en mai), mais encore l’UE ne compte que pour 7,9 % des émissions globales de CO2 tel qu’il ressort du bp Statistical Review of World Energy 2021, un rapport annuel considéré comme l’une des principales références en la matière.
En comparaison, la Chine compte pour 30,7 % des émissions globales de CO2, soit presque autant que tous les pays de l’OCDE ensemble (33,4%) et près de la moitié des émissions de l’ensemble des pays n’appartenant pas à l’OCDE, et les émissions de la Chine ont augmenté de 2,4 % par an sur la période de 2009 à 2019 et continueront d’augmenter, ne serait-ce que parce qu’elle ne cesse d’ajouter à sa capacité de production d’électricité à partir de centrales au charbon et au gaz, en plus de son recours à l’énergie nucléaire.
Il serait donc surprenant que la Chine parvienne à ne plus augmenter ses émissions de CO2 « vers » 2030 comme elle s’y est engagée. Déjà le « vers » paraît fort approximatif et en outre les promesses n’engagent jamais que ceux qui les reçoivent. D’ailleurs, à la suite de la pandémie, les émissions ont diminué en 2020 dans la plupart des pays gros émetteurs de CO2 au monde, sauf deux : la Chine et l’Iran.
Il est un autre paramètre de l’équation prouvant l’inanité des aspirations de l’UE de réduire les émissions de gaz à effet de serre : la consommation d’énergie primaire de par le monde. Selon le rapport cité ci-dessus, en 2020, elle était de 159,1 gigajoules par habitant dans l’ensemble des pays de l’OCDE (dont 265,2 GJ par habitant aux Etats-Unis, 125 GJ par habitant dans l’UE) ; par contre, 52,8 GJ par habitant dans les pays hors de l’OCDE (dont 101,1 GJ en Chine, 27,9 GJ en Indonésie, 23,2 GJ en Inde, 49,9 GJ en Amérique centrale et du Sud, 13,9 GJ en Afrique…).
Compte-tenu de la démographie des parties du monde concernées (rappelons que les chiffres cités le sont par habitant!), l’effet de rattrapage économique de ces pays très peuplés entraînera des besoins énergétiques gigantesques qui, l’électricité n’en étant qu’une partie et la plus faible, ne pourront pas être couverts uniquement par les énergies renouvelables et provoqueront donc immanquablement un accroissement considérable des émissions de gaz à effet de serre au niveau de la planète. Le suicide économique de l’UE ne servira donc à rien, sinon à précipiter son déclin et la ruine de ses citoyens.
En toute hypocrisie
Revenons à l’UE pour constater que l’Allemagne pourtant toute hérissée d’éoliennes et couverte de panneaux solaires compte, avec des émissions de 604,9 millions de tonnes de CO2, pour près d’un quart des émissions totales des 27 pays de l’UE. C’est que, pour faire l’appoint par rapport à ces sources d’énergie intermittentes, l’Allemagne a réactivé ses centrales électriques au charbon après qu’elle eut renoncé à l’énergie nucléaire à la suite de la catastrophe de Fukushima.
Le pourcentage disproportionné de l’Allemagne dans les émissions de CO2 de l’Union européenne, en dépit de l’objectif affirmé par la Commission européenne que dirige l’Allemande Mme von der Leyen de réduire les émissions de l’UE, est le prix (estimé à 220 millions de tonnes de CO2 par an) à payer, en toute hypocrisie, pour l’Energiewende, le virage énergétique opéré par l’Allemagne !
Est-ce la voie – ou faudrait-il écrire « la voix »? – impériale que suivront la France (251,1 millions de tonnes de CO2) et la Belgique (88,8 millions) qui, elles aussi, ont décidé de se détourner de l’énergie nucléaire malgré les bons scores (0,8 et 0,3%) que cette énergie leur a permis de réaliser par rapport aux émissions globales de 32,3 milliards de tonnes de CO2 ? Comprenne qui peut !
Mais, un revirement n’est pas à exclure, surtout après les déclarations du président de la République française le 26 juillet à Papeete : « La France a une chance, quand on parle d’émission de gaz à effet de serre, c’est le nucléaire. » Et, parlant d’encore développer le renouvelable, il cite, dans cet ordre, qui n’est sans doute pas anodin, « la biomasse, la géothermie, le solaire et l’éolien », précisant que les projets en solaire ou en éolien, « là où ils créent trop de tensions, dénaturent et défigurent le paysage, il faut savoir ou les adapter ou y renoncer » et que l’éolien en mer n’y échappera pas.
« Je ne veux pas qu’on abîme nos paysages, a-t-il insisté, c’est une part de notre patrimoine et de notre richesse profonde, de notre identité. » Comme quoi, une élection peut parfois servir de rappel à la raison…
Quoi qu’il en soit, depuis l’adoption de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 1992, les émissions globales de CO2 ont augmenté de 58% malgré une diminution de 21% dans l’UE, note Samuel Furfari dans Energie, tout va changer demain ?.
Alors, tout ça pour ça ou y a-t-il autre chose ? La question mérite d’être posée !
(A suivre.)
Energie, tout va changer demain ? – Analyser le passé, comprendre l’avenir, Samuel Furfari, 308 pages.
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(L’article ci-dessus a initialement été publié dans l’hebdomadaire satirique PAN n° 3995 du vendredi 6 août 2021.)
Excellent article. Mais quand donc nos politiciens vont-ils grandir et s’opposer de manière convaincante à cette doxa verte climatique ?
Ce qui m’étonne de plus en plus, c’est qu’on ne parle quasi jamais du nucléaire de 4e génération – sans aucun danger, disposant de réserves de carburant pour au moins 10.000 ans, non polluant et peu coûteux – et j’en arrive à une question: ce nucléaire ne remplit sans doute pas assez les grosses poches qui décident?
Sauf si les pistes fusion ou bien Thorium donnent des résultats permettant la mise en route industrielle de l’un ou l’autre de ces procédés (ou des deux).