Avec la saison des feuilles mortes (qui « se ramassent à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi », avant que « le vent du Nord ne les emporte, dans la nuit froide de l’oubli ») arrive l’annuelle COP, la conférence de l’ONU sur le changement climatique, 30e clap, qui a débuté le 10 novembre à Belém, au Brésil, et se tiendra jusqu’au 21 novembre 2025. Elle fait et fera, immanquablement, l’objet d’un battage médiatique assorti du poids des mots et du choc des images, d’un débordement d’émotions et de communications.
Mais la réalité est implacable, écrit Samuel Furfari dans La vérité sur les COP : depuis le Sommet de la Terre de Rio en 1992, les émissions mondiales de CO2 n’ont cessé de croître (de 65 %). Et, l’apocalypse ? « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? », criait l’épouse de Barbe bleue, du haut de la tour, dans le conte de Perrault, pour demander de l’aide à sa soeur. Celle-ci lui répondit : « Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie ».
Faudra-t-il attendre la 99e COP pour que l’on mette fin à ce « cirque diplomatique », s’interroge Furfari, car, face au constat de l’augmentation constante du CO2 (gaz non toxique, faut-il le préciser) censé accroître la température de la Terre (or même que la température est une grandeur intensive et décrit un état local ou ponctuel du système, une moyenne de températures étant dès lors sans objet), à quoi riment ces « grands-messes internationales » qui mobilisent des milliers de participants et génèrent elles-mêmes un surcroît d’émissions de gaz à effet de serre ?
Un dogme révolutionnaire global
« Je ne crois plus dans le dogme du réchauffement climatique causé par l’homme […]. Dès lors, je ne crois plus non plus à la théorie qui en découle, propagée ces dernières années par le GIEC. […] En réalité, le climat évolue constamment et cette évolution dépend de nombreux facteurs tels que la composition chimique de l’atmosphère, la dynamique des grandes masses océaniques, les champs magnétiques produits par le « vent solaire« et la trajectoire parcourue par la Terre dans la galaxie, pour n’en citer que quelques-uns. »
L’homme qui s’exprime ainsi, avec un courage politique rare et remarquable, dans un propos cité par Furfari, est Carlo Ripa di Meana, un homme politique italien et pas le premier « climato-sceptique » venu. Comme commissaire européen à l’environnement, il fut l’un des initiateurs de la mise en pratique de l’écologie politique en Europe. Se déjuger n’est en général pas le fort d’une femme ou d’un homme politique. La tête et les membres de la Commission européenne et ceux qui la soutiennent manquent de ce courage. Installés dans le déni, ils condamnent l’Union européenne à la déchéance industrielle et économique alors que les Communautés européennes avaient été créées pour assurer la prospérité des peuples.
Furfari, qui a travaillé à la Commission européenne et a suivi toutes les COP, voit dans leur origine un substrat idéologique à portée révolutionnaire et une volonté de gouvernance mondiale. Le Club de Rome, fondé en 1968 par un aréopage néo-malthusien d’industriels, de scientifiques et de hauts fonctionnaires, inquiets de la croissance démographique et économique, en a constitué la matrice intellectuelle. Dans un manifeste daté de 1991, The First Global Revolution, le Club de Rome, cité par Furfari, dévoile ses intentions en ces termes :
« En cherchant un nouvel ennemi pour nous unir, nous avons pensé que la pollution, la menace du réchauffement climatique, les pénuries d’eau, la famine et autres fléaux similaires feraient l’affaire. […] Tous ces dangers sont causés par l’intervention humaine dans les processus naturels, et ce n’est qu’en changeant nos attitudes et comportements que nous pourrons les surmonter. Le véritable ennemi est donc l’humanité elle-même. » Ce slogan n’est pas resté sans écho.
Camarades, réunissez-vous
En vérité, l’ONU donna le ton dès la création de sa Commission mondiale sur l’environnement et le développement en 1983, en désignant à sa tête une figure du socialisme scandinave, Gro Harlem Brundtland, ancienne première ministre et ministre de l’environnement norvégienne, et l’encadrant d’une brochette de socialistes bon teint du Nord et du Sud. La diversité apparente de la composition de cette commission ne pouvait masquer une congruence idéologique, marquée, relève Furfari, par l’hostilité à l’égard de l’économie de marché et de la libre entreprise.
Souvenons-nous qu’à l’époque l’Union soviétique ne s’était pas encore effondrée. Nombre de soixante-huitards, qui étaient entrés en politique ou devenus fonctionnaires à défaut d’être parvenus à faire valoir leurs talents dans d’autres occupations plus productives, rêvaient encore d’ériger le paradis sur terre par la planification économique et l’intervention étatique. Seuls les Américains, quel que soit leur parti, rechignèrent : l’American way of life n’était pas négociable. Trump n’a rien inventé.
Néo-paganisme et « juridification »
Il y a deux autres dimensions de l’écologie politique sur lesquels Furfari insiste dans son histoire des COP. La première est son caractère néo-païen. Il transparaît dans le discours de clôture du Sommet de la Terre prononcé par le secrétaire général de l’ONU et ancien ministre des Affaires étrangères de l’Egypte, Boutros Boutros-Ghali : « Après avoir aimé son prochain comme le demandait l’Évangile, l’homme d’après Rio doit aussi aimer le monde, y compris les fleurs, les oiseaux, les arbres […]. Au-delà et au-dessus du contrat moral avec Dieu, au-delà et au-dessus du contrat social conclu avec les Hommes, il faut maintenant conclure un contrat éthique et politique avec la nature, avec cette Terre, à qui nous devons notre existence et qui nous fait vivre. » Ces arguments n’ont pas laissé l’Eglise indifférente.
La seconde est le rôle insidieux joué dans sa « juridification » par les ONG, ces « organisations de la vie civile [qui] aident à pallier les faiblesses de la Communauté internationale et son manque de coordination dans des situations complexes », selon le pape François dans l’exhortation apostolique Laudate Deum. Ces ONG, financées par les pouvoirs publics quand ce n’est pas par des groupes de pression en faveur d’intérêts particuliers, non seulement infiltrent le système, mais lui imposent leur vision du monde en préconisant l’adoption de conventions qui reflètent leurs objectifs idéologiques et en s’en servant par la suite pour intenter des actions judiciaires.
« Ces conventions environnementales servent aujourd’hui d’outils à un système coercitif globaliste, dans lequel les ONG agissent comme bras armé juridique et où les juges deviennent de facto les exécutants d’une gouvernance mondiale déterritorialisée », accuse Furfari. Sous prétexte de justice climatique, elle contourne la souveraineté des Etats, en délite l’autorité et déstabilise profondément les fondements de la démocratie représentative. Etonnez-vous que la Commission européenne en ait fait son pain quotidien.
La vérité sur les COP, Trente ans d’illusions, Samuel Furfari, 336 pages, L’Artilleur.
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MERCI et je commande le livre….. suis de plus en plus convaincue de ce que la PEUR – et donc l’obéissance – est LE but poursuivi par ces « grosses poches » qui s’enrichissent sur le dos des peureux…. peureux incapables de s’instruire utilement, prêts à se ruiner « pour la planète »!
Il est possible d’être opposé aux politiques climatiques engagées par les États occidentaux (sauf USA, les autres en ont aussi mais vues d’une autre perspective, celle de la Chine surtout) sans pour autant mettre en doute l’existence et les effets des phénomènes physiques qui entrent en jeu. C’est un problème de dose (le CO2
émis en consommant des carburants fossiles, en fabriquant du ciment ou en déforestant), mais surtout de sensibilité du système à cette dose (p. ex. l’estimation du réchauffement qui résulterait d’un doublement de la concentration atmosphérique en CO2 et autres gaz dits à effet de serre.
Un point de détail, à oublier afin de ne pas perdre une bataille inutile:
La question de mesures et de moyennes de température est une fausse question: il s’agit de séries statistiques de différences de température, aussi appelées anomalies. La température mesurée à une certaine date et heure en en point donné (latitude, longitude , altitude) est comparées à la moyenne arithmétique (pas physique) des températures mesurées à ce même endroit le même jour de l’année à la même heure durant une période de référence (1961-1990 par exemple, donc une moyenne de 30 mesures). L’anomalie est la différence T mesuré – T référence moyenne; c’est de la statistique, qui permet de suivre un réchauffement (ou des périodes de refroidissement). Comme tous les climatologues sérieux s’accordent à ne pas juger des tendances sur des périodes plus courtes qu’une trentaine d’années, les imprécisions et les variations à court terme n’ont pas de signification en ce qui concerne le climat en un endroit donné. Il n’est pas non plus interdit d’aggréger les anomalies moyennes au sein d’une région. Le problème est les non sérieux + les activistes + les médias + les politiciens font de l’agitation à propos de variations qui n’ont que peu ou pas du tout de relation avec le climat