C’est la question posée à la fin du précédent article que cette chronique consacrait à la recension du recueil d’écrits et d’entretiens, publié en novembre 2019 sous le titre Le Vrai Libéralisme, dans lequel Pascal Salin, grande figure du libéralisme en France, fustigeait le laisser-aller budgétaire et monétaire et l’arrogance des charlatans qui croient que quelques-uns en savent plus sur tout que la multitude.
Une autre politique que celle dont le keynésianisme et un ersatz délétère de solidarité chrétienne sur le plan économique, les émotions, les incertitudes et les peurs sur le plan social, servent d’arguments aux grands sachants qui nous gouvernent est non seulement possible, mais elle est aussi souhaitable et nécessaire.
La France corporatiste, où chacun s’efforce d’obtenir des avantages aux dépens des autres dans une guerre de tous contre tous qui alimente les fractures sociales, constitue l’exemple à ne pas suivre.
Dès lors que l’on fait primer les rapports de force entre catégories sociales et que l’on ignore d’où provient la création de richesses, à savoir des entreprises derrière la plupart desquelles, dans un pays tel que la France qui en compte plusieurs millions ou la Belgique, plusieurs centaines de milliers, il y a un entrepreneur – un homme ou une femme qui prend des initiatives, des décisions et des risques –, c’est toute l’activité économique qui est soumise aux enjeux et conflits politiciens stériles.
Deux visions de la société
On le soulignait dans l’article précédent, il y a deux visions de la société, l’une collectiviste, l’autre individualiste : elles sont irréductibles et irréconciliables. Que les politiciens adoptent la première et entendent construire une société dans laquelle leurs services sont susceptibles d’être requis le plus longtemps possible en transférant des ressources d’une minorité au plus grand nombre et que les partisans du confort au prix du moindre effort soient tout disposés à leur confier leur sort, se conçoit aisément.
Qu’ils s’entendent les uns et les autres sur le prélèvement d’une quote-part toujours plus importante sur l’argent des autres, le produit de leur travail et de leur épargne, n’a toutefois ni fondement moral, ni efficacité.
La redistribution des ressources sous prétexte de réduire les « inégalités », en fait les disparités naturelles de revenus et de richesse entre individus, débouche en général sur de nouvelles inégalités, de statut et de pouvoir quant à elles, et sur l’enrichissement de ceux qui la mettent en œuvre. De plus, elle oblitère la nature dynamique des inégalités et le fait qu’elles favorisent la mobilité sociale. Que l’on considère ici que la plupart des milliardaires actuels des affaires ont bâti leur fortune en une seule génération et que les multi-millionnaires du sport et du show-biz sont d’origine modeste, voire pauvre.
Priver les plus entreprenants d’une partie toujours croissante des ressources que leur procurent leur ingéniosité, leur talent ou la chance n’enrichit pas la société, cela l’appauvrit. Cela décourage de produire et d’accumuler des richesses et les ressources transférées cessent de servir à ceux qui les ont générées et gérées de manière responsable pour tomber entre les mains de politiciens et de bureaucrates qui n’en ont jamais créées et les utilisent de manière irresponsable, en ce sens qu’ils ne répondent sur leur patrimoine personnel de leurs négligences et des conséquences de leurs actes.
Une crise de la responsabilité
« La crise économique, écrit Pascal Salin, est le reflet d’une crise de la responsabilité ». Les conditions de la croissance et de la prospérité sont d’ordre microéconomique et contractuel ; les variables macroéconomiques n’en sont jamais que le résultat. Ce sont les individus qui créent de la richesse, certains plus habiles que d’autres à prendre soin de manière responsable et concrète de leurs propres affaires ainsi que de ceux qui dépendent d’eux ou s’en remettent à eux.
Ce sont les incitations à entreprendre, à travailler, à tirer profit de son activité et à épargner qu’il y a lieu de rétablir. La véritable égalité des chances implique que les règles de droit soient générales (qu’elles n’imposent pas de résultat spécifique), universelles (qu’elles soient les mêmes pour tous) et certaines. C’est l’un des fondements d’un Etat de droit, le respect des droits naturels des individus à disposer d’eux-mêmes et à jouir de la propriété de leurs biens en est un autre.
L’État ne crée pas de ressources, il les confisque et, ce faisant, il privilégie le présent par rapport à l’avenir et anéantit les bases même de la prospérité. Si l’économie est en berne, la croissance, faible, le chômage, incrusté, la société, morose, c’est parce que l’État bousille les incitations à entreprendre et écoeure les plus entreprenants à force de taxes et de réglementations. Le problème ne réside pas du côté de la demande, comme le fait croire le keynésianisme, mais du côté de l’offre.
Quand on y réfléchit, la demande est mondiale et illimitée. Si les producteurs de biens et services n’y répondent pas, c’est qu’ils n’y trouvent pas leur intérêt. Pourquoi s’épuiseraient-ils à la tâche si c’est pour tout perdre quand ils échouent et ne pas gagner grand-chose quand ils réussissent ?
Une autre politique existe
Le keynésianisme et le marxisme dont s’inspirent les Merlin les (dés)enchanteurs nous gouvernant, peu nombreux à avoir jamais créé une entreprise, raisonnent en termes globaux et abstraits : leurs délires conceptuels et idéologiques ne tiennent aucun compte de la réalité humaine. Or, les sources inépuisables de la croissance et de la prospérité se trouvent dans les cerveaux et le courage de ces millions d’entrepreneurs, de travailleurs et d’épargnants, prêts à fournir plus d’efforts et à créer plus de richesses si l’État ne les en dégoûtait pas par toujours plus de taxes et de réglementations.
Une autre politique est possible, souhaitable et nécessaire. Elle consiste à libérer l’économie par une réduction massive des impôts et prélèvements et des réglementations, déjà en ce qui concerne les relations contractuelles entre employeurs et travailleurs car, à force de vouloir protéger ces derniers, l’on dissuade les premiers de les embaucher, en particulier par les indépendants et dans les petites entreprises, les plus nombreuses (voir l’article du 20 septembre 2020, « Les 100 mots de l’entreprise », sur Palingénésie). Des exemples de cette autre politique existent, en Europe et ailleurs.
A cet égard, mettre quantité d’indépendants et de PME hors jeu et instaurer un impôt sur l’épargne après avoir prétendu qu’il n’y aurait pas de nouvel impôt, comme le fit le nouveau gouvernement fédéral belge, ne constituent pas des pas dans la bonne direction. En Belgique comme en France, il y a malheureusement longtemps qu’il n’y a plus eu de vrais libéraux au pouvoir !
(L’article ci-dessus a initialement été publié dans l’hebdomadaire satirique PAN n° 3956 du vendredi 6 novembre 2020.)
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Très bien, j’ai beaucoup aimé cette partie:
“Le keynésianisme et le marxisme dont s’inspirent les Merlin les (dés)enchanteurs nous gouvernant, peu nombreux à avoir jamais créé une entreprise, raisonnent en termes globaux et abstraits : leurs délires conceptuels et idéologiques ne tiennent aucun compte de la réalité humaine.”
Tu décris une approche rationnelle et éprouvée de l’économie. Malheureusement, les tendances actuelles sont désastreusement opposées, au Canada également.
MERCI pour votre bon sens, pour le réalisme présenté! Malheureusement, L’ENVIE règne – j’insiste auprès des lecteurs de Palingénésie pour qu’ils lisent ce livre indispensable – et elle empêche autant que possible les gens actifs et courageux de profiter des résultats obtenus par leur travail….. résultats qui finissent par profiter à tout le monde!