Un journaliste financier français a raconté le mois passé avoir participé dans sa commune à l’une de ces nombreuses réunions et réceptions de Nouvel An qui émaillent la vie de l’élu local qu’il est aussi et avoir été abordé par un ancien colistier qui avait démarré par le verre de l’amitié avant tout le monde et qui lui demanda de but en (petits verres de) blanc : « Cher ami, comment se fait-il que, dans l’économie, ça ne se passe jamais comme prévu ? ».
Ouch, se dit le journaliste, ça paraît une sacrée question quand on n’a pas quelques semaines devant soi pour répondre et que votre interlocuteur est déjà passablement éméché. S’inspirant du slogan de James Carville pour la campagne de Bill Clinton contre le père Bush, il eût pu se contenter de dire « c’est l’économie, crétin », mais, poli, il jugea que c’eût été un peu court.
En définitive, la réponse à « ça ne se passe jamais comme prévu » est simple et elle ne vaut pas que pour l’économie. La modélisation prévisionnelle est par définition abstraite, c’est à dire le résultat d’une abstraction. Elle ne fonctionne que quand les hypothèses de base sont respectées. Dès que les interactions s’intensifient, tout devient sensiblement plus compliqué. Dans la science économique, la somme des entrées dont il y a lieu de tenir compte a considérablement augmenté et c’est ainsi que les théories économiques ne fonctionnent que jusqu’à ce qu’elles ne cessent de fonctionner.
Joachim Klement, un économiste de marché, explique que le savoir qu’il a accumulé pendant ses études ne lui sert en réalité pas à grand-chose et qu’il fonde généralement ses commentaires sur des observations empiriques. L’économie fait interagir des milliards de personnes qui disposent chacune d’informations et d’attentes différentes. Surviennent des effets de second, troisième, quatrième et nième tour qui sont virtuellement (c’est le cas de l’écrire) impossibles à intégrer dans les équations. Ainsi, seul l’inattendu arrive.
La réponse est simple, écrivions-nous ci-dessus, et elle ne s’applique pas qu’à l’économie. Voyez la météo et le climat qui en est, en quelque sorte, une moyenne historique et posez-vous la question de savoir si les modèles prévisionnels en intègrent toutes les données nécessaires et reflètent le passé. Ce serait bien le comble de prétendre prédire l’avenir si on ne peut expliquer le passé ! Et pourtant !
It’s the climate, stupid !
Une hirondelle ne fait pas le printemps. Javier Vinós, un chercheur en biologie et neurosciences qui a entamé en 2015 des recherches sur le climat et est l’auteur de Climate of the Past, Present and Future, a rappelé dans un article récent que personne ne conteste que le climat change et qu’il en a toujours été ainsi. Il conçoit que, depuis 1860, le changement va dans le sens d’un réchauffement et s’en réjouit car si nous endurions des hivers comme ceux de la première moitié du 19e siècle, nous souffririons, en particulier en ces temps de possible disette énergétique.
Personne, affirme-t-il par contre, n’a été en mesure de prouver que le réchauffement de la planète est principalement dû à l’homme. Il est raisonnable de supposer que l’augmentation du CO2 a contribué au réchauffement depuis le milieu du 20e siècle, lorsque nos émissions de CO2 ont augmenté de manière significative, mais personne ne sait dans quelle mesure elles ont contribué, bien que le GIEC (le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) insiste formellement sur le fait que « l’homme est la cause principale du réchauffement climatique observé au cours des dernières décennies ». (GIEC AR6, page 515)
Il n’y en a, insiste Javier Vinós, aucune preuve. « Je le sais, écrit-il, parce que j’ai lu des milliers d’articles scientifiques à la recherche [d’une preuve]. Les modèles informatiques ne prouvent rien d’autre que les compétences en programmation de leurs auteurs. » Modèles et prédictions doivent constamment être refaits en fonction de l’évolution des données et de nos connaissances.
« L’absence absolue de preuves contraste fortement avec la décision de réduire à zéro nos émissions de CO2 en modifiant complètement notre système énergétique basé sur les combustibles fossiles et en qualifiant le CO2 de polluant, alors que ce dernier est aussi essentiel à la vie que l’oxygène. Tout cela alors que la plupart des pays du monde se moquent des émissions et que beaucoup ne sont prêts à s’engager que pour l’argent qu’on leur promet. »
La bonne nouvelle que curieusement personne ne nous annonce est que le réchauffement climatique ralentit. Le taux sur 15 ans du milieu des années 1980 à la fin des années 1990 avait atteint 0,35 °C/décennie, précise Javier Vinós, or la moyenne sur toute la période d’enregistrement par satellite est de 1,3 °C/siècle ou 0,13 °C/décennie, et la tendance à long terme est tombée de 1,6 °C/siècle à 1 °C/siècle aujourd’hui. Sans doute la bonne nouvelle ne nous a-t-elle pas été annoncée parce qu’elle a été obtenue sans que les émissions mondiales de CO2 n’aient baissé, que du contraire, remettant en cause la nécessité impérative alléguée de faire un effort important pour les réduire.
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(Cet article a paru dans l’hebdo satirique PAN n° 4073 du mercredi 1er février 2023.)
MERCI pour ce texte plein de bon sens!