Ce n’est pas le premier opus de Drieu sur le POTUS. Le monde de Trump a été précédé il y a un an par La révolution Trump, qui fit aussi l’objet d’une recension, à l’époque, sur Palingénésie.
A l’occasion du deuxième anniversaire de l’accession de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, Drieu se penche sur les réalisations de l’actuel occupant de la Maison-Blanche sous le rapport coût-bénéfice, un aspect seyant bien à l’homme d’affaires que n’a jamais cessé d’être l’acrobate de l’hyperbole véridique sa vie durant et dont l’auteur loue le volontarisme et le pragmatisme, le « refus intégral de céder aux sirènes, modes et lubies médiatiques, ainsi qu’aux standards culturels et moraux de la gauche ».
Pour paraphraser Mark Twain, les annonces faites par les médias traditionnels de part et d’autre de l’Atlantique de la déliquescence du 45e président américain sont sans fondement. Drieu décrypte, à l’intention de tous ceux qui n’ont nullement l’intention de se laisser lobotomiser par lesdits médias, la trame des décisions et prises de positions de Donald Trump dans les principaux domaines qui ont défrayé la chronique pendant la deuxième année de son mandat : l’accord de Paris sur le climat ; le « pacte de Marrakech » de l’ONU sur les migrations ; le retrait de Syrie ; l’OTAN ; la nomination du juge Kavanaugh à la Cour suprême des Etats-Unis ; l’énergie ; la Chine ; la dérégulation ; l’ONU ; « le » mur.
La thèse sous-jacente de Drieu est que, bien loin de devoir être dénigré, l’actuel président des Etats-Unis mériterait d’être suivi par le reste de l’Occident car il y va de l’intérêt bien compris de celui-ci. Et, à cet égard, la démarche du président des Etats-Unis est logique et cohérente, sur le fond, sinon dans la forme – et encore : Drieu examine le sujet à la fin de son essai.
Prenons, à titre d’exemple, puisque c’est le premier thème et l’un des plus emblématiques, l’Accord de Paris. Du point de vue de Drieu, cet accord comprend essentiellement deux engagements à sens unique de l’Occident : d’une part, réduire de manière immédiate et drastique ses émissions de CO2 alors que le reste de la planète continue à les accroître, et, d’autre part, constituer un fonds vert pour assurer le transfert de 100 milliards de dollars par an de l’Occident vers le reste du monde.
Ne voilà-t-il pas le vieil idéal tiers-mondiste qui resurgit, transfiguré par la « science du climat », et un nouveau mécanisme de redistribution qui est institué visant à casser la dynamique économique et la prospérité de l’Occident, sans que les populations concernées n’aient jamais été consultées par la voie démocratique sur ces mesures prises en cénacle restreint ?
L’Accord de Paris est emblématique en ce qu’il précéda le Pacte dit de Marrakech sur les migrations qui participe d’un même processus, à savoir le fait pour des minorités agissantes de s’emparer d’un levier normatif international qui échappe à tout contrôle démocratique pour imposer leur idéologie au reste du monde. Ce sont ainsi des pans entiers de droit applicables au sein de nos démocraties qui deviennent indisponibles, de par leur caractère international ayant prévalence sur les lois nationales, sans que les peuples qui sont soumis à ces normes internationales ne puissent s’exprimer à leur sujet par le vote.
Un autre aspect anti-démocratique de cette normativité internationale réside dans l’usage imaginatif qu’en font parfois des juges au sein des cours, souvent elles aussi supranationales. Ce type d’entorse à la séparation des pouvoirs a été décrit et illustré par Theo Francken, l’ancien secrétaire d’Etat belge à l’asile et la migration, dans Continent sans frontière, le livre qu’il a publié avec Joren Vermeersch à la fin de l’année dernière et qui fit l’objet d’une recension sur Palingénésie.
Le même souci de prendre en compte l’impact économique (« le rapport coût-bénéfice ») et d’éviter toute dérive idéologique se manifeste chez Donald Trump dans le domaine de l’énergie. Désireux de ne pas pénaliser l’industrie et les ménages de son pays en le lançant dans une transition énergétique ruineuse, le président américain a privilégié les sources d’énergie bon marché et américaines.
Paradoxalement, l’on a constaté une baisse du niveau de pollution atmosphérique dans les grandes villes américaines alors que, en Allemagne, c’est l’inverse qui s’est produit car il a fallu avoir recours aux vieilles centrales au charbon pour compenser la sortie du nucléaire. Le cas de la France est tout aussi pathétique puisque, en raison de sa prédilection pour l’énergie nucléaire, elle émet peu de CO2, or ses dirigeants l’ont quand même embarquée dans la transition vers les énergies renouvelables. Velléitaires de tous les pays, unissez-vous et réfléchissez avant de voter – tant que vous en avez encore le pouvoir !
Donald Trump est vilipendé parce qu’il va résolument à l’encontre de l’idéologie prévalant dans ce que l’on eût appelé dans les années 1960 et 70 le complexe médiatico-politique, c’est-à-dire l’establishment et les pouvoirs publics, relayés par les médias traditionnels, et parce qu’il donne une importance préférentielle à l’économie, au rapport coût-bénéfice. Il en va de même, l’auteur le démontre, en ce qui concerne la guerre (Syrie, Afghanistan), l’OTAN, la Chine, la dérégulation…
Le principal mérite et non des moindres de Drieu dans Le monde de Trump est de mettre en lumière cet affrontement inconciliable entre l’idéologie et l’économie, le fantasme et la réalité, la théorie et la pratique, et de rappeler que l’idéologie a un coût : le XXe siècle n’a-t-il pas suffi à le démontrer ?
Le monde de Trump, Drieu Godefridi, 60 pages (Texquis, 2019), 8,97 € (broché), 6,99 € (format Kindle).
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Retrouvez quelques articles antérieurs de Palingénésie sur ce sujet via les liens suivants : « La révolution Trump » (Drieu Godefridi) : Faisons fi de la médiocratie ! (21 janvier 2018) – Donald Trump : « The Art of the Deal » ou l’art de l’hyperbole véridique (22 avril 2018) – Trump, « leader » du monde libre ? (2 juin 2017) – Soirée-débat Trump à Bruxelles : causes et opportunités (20 janvier 2017) – Trump, ou la défaite de l’idéologie européenne (26 décembre 2016) – « C’est pas tous les jours dimanche! » pour Donald Trump (9 mai 2016).
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