Comment se fait-il que les grandes nations de l’histoire (« nation » s’entendant comme l’ensemble des personnes formant la population d’un Etat, soumises à la même autorité politique souveraine), de l’Antiquité et de notre ère, ont périclité ? Cela ne relève pas d’un déterminisme historique, ni de paramètres économiques, ni du hasard, affirme le Pr Harold B. Jones Jr. dans Personal Character & National Destiny (« Caractère personnel et destin national »), mais des conséquences inévitables des valeurs auxquelles ceux qu’elles réunissent souscrivent. Les gens qui affluèrent aux Etats-Unis entre 1620 et 1900 ne cherchaient pas à obtenir une aide ou assistance quelconque, écrit-il, mais ils aspiraient à la liberté de suivre leur propre voie vers le bonheur et la prospérité.
La déclaration d’indépendance des Etats-Unis du 4 juillet 1776 stipulait en son préambule : « We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal, that they are endowed by their Creator with certain unalienable Rights, that among these are Life, Liberty and the pursuit of Happiness. » L’accent mis sur l’autonomie personnelle a fait la grandeur de l’Amérique. L’intérêt du livre de Harold B. Jones est d’autant plus actuel que la date de l’élection présidentielle américaine se rapproche, mais pas seulement : l’Europe ne devrait-elle pas s’inspirer de ces préceptes afin d’éviter la décrépitude ?
L’esprit d’entreprise
Les gens qui éprouvent un besoin élevé de s’accomplir se fixent des objectifs réalisables et prennent en charge leur propre existence. Ce ne sont pas des risque-tout, mais, si l’effort en vaut la peine et personne ne les empêche, ils sont prêts à s’investir et se montrent plus persistants que la moyenne. L’éducation joue un rôle primordial. Si rien ni personne ne pousse à entreprendre car l’effort n’est pas récompensé, pourquoi entreprendrait-on ? Le communisme et ses avatars ne cessent de le démontrer.
L’esprit d’entreprise n’est pas conditionné par la fortune. La plupart des personnes les plus riches au monde d’aujourd’hui se sont bâti leur fortune et ne l’ont pas héritée. Comme l’ont dit Milton et Rose Friedman, la réussite d’une existence dépend des choix que l’on pose et, il est vrai, aussi d’une dose de chance, mais celle-ci est aveugle, pour autant qu’on la tente. Aucun politicien, relève l’auteur, pas même l’esprit révolutionnaire d’un Thomas Jefferson, n’avait pu imaginer les développements des chemins de fer et des équipements agricoles qui se sont produits aux Etats-Unis au XIXe siècle et en ont permis l’ascendance. Entendre un politicien dire qu’il a créé un emploi est, de ce point de vue, parfaitement désopilant.
Ce ne sont pas des politiciens, mêle-tout proactifs, les « rois-philosophes » de Platon, qui ont fait la grandeur des Etats-Unis, ce sont des individus qui, par centaines, milliers, millions, ont mis leurs idées et leurs énergies à l’oeuvre, avec des échecs et des réussites, sans qu’un plan quelconque n’ait coordonné leurs efforts. Les gens changent d’abord, dit Jones allant à l’encontre du matérialisme de Marx, et, ensuite, pour le meilleur ou pour le pire, ils changent le monde dans lequel ils vivent. C’est aussi une réponse à ceux, citoyens anonymes, qui se demandent comment changer l’état actuel des choses.
L’esprit du capitalisme
Jones admet que l’éthique protestante (le terme est emprunté à Max Weber qui l’a utilisé en premier dans L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme) et les valeurs de travail, d’épargne et de discipline ne sont pas étrangères à la prospérité des Etats-Unis. Dès lors que l’on acceptait que chaque être humain est égal face à Dieu, il allait de soi qu’à égalité d’opportunités, les différences de talents et d’efforts feraient que les résultats seraient différents, en dehors de ce que – chacun devrait le savoir, mais beaucoup choisissent de l’ignorer – le secret de la prospérité réside non dans l’importance des revenus, mais dans le ratio entre revenus et dépenses.
En fait, constate Jones, jadis l’accomplissement matériel ne constituait pas une fin en soi. Il reflétait un sentiment que les efforts répondaient à un principe supérieur, servaient à une vérité plus haute que le seul confort matériel. La littérature empreinte du zeitgeist de l’époque considérait que le secret de la vraie réussite résidait non dans les opportunités, ni les antécédents familiaux, ni les ressources, ni l’intelligence, mais dans le caractère. Avec du caractère tout est possible et sans caractère rien ne l’est. Ici aussi, l’éducation et donc la famille jouent un rôle primordial. (A suivre)
Personal Character & National destiny, Harold B. Jones, Paragon House, St. Paul (MN), 260 p.
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MERCI pour ce texte réaliste, vrai! Et je suis triste de voir comme l’ENVIE tente de détruire de plus en plus l’individu créateur…. créateur de tous les progrès de l’Occident…
NB. Je connais le livre « L’Envie » de Helmut Schoeck grâce à votre présentation et insiste: il est à lire!!