Et, non, cette chronique ne prend pas un tour grivois. D’après le grand dictionnaire des expressions de Van Dale, « la » référence en langue néerlandaise, dans l’expression « naar de knoppen gaan » le mot « knoppen » ne signifie pas « boutons », au sens premier, mais consiste en un euphémisme pour « kloten » qui désigne bien une partie anatomique en principe propre à l’homme, encore que l’on ait dit de Margaret Thatcher qu’elle était le seul membre de son gouvernement à en avoir, et c’est bien de cela qu’il s’agit dans Waarom ons klimaat niet naar de knoppen gaat du philosophe des sciences Maarten Boudry.
Il précise toutefois en sous-titre : Als we het hoofd koel houden, si nous gardons la tête froide. Pour un jeune (38 ans) professeur d’université (à l’UGent), parler du climat d’une manière qui n’est pas strictement conforme à la doxa écologiste ne tient pas de la sinécure et constitue plutôt une gageure. A toutes fins utiles, Maarten Boudry rappelle que le réchauffement climatique n’est pas la première catastrophe écologique à laquelle l’humanité est confrontée et allègue que le fait que l’humanité ait jusqu’à présent triomphé des précédentes incite à un optimisme non pas béat mais raisonnable quant à résoudre l’actuelle.
Catastrophe imminente
Le 31 août 1971, le très sérieux journal néerlandais NRC Handelsblad titrait en primeur mondiale qu’une catastrophe imminente menaçait le monde, censée provenir d’une conjonction de facteurs relevant de la croissance démographique, de l’épuisement des ressources et de la pollution de l’environnement. Le rapport du Club de Rome The Limits to Growth commençait à circuler sous le manteau. Il suivait en droite ligne des bestsellers tels que The Population Bomb des époux Ehrlich (1968), Famine 1975 ! des frères Paddock (1967) et Silent Spring de Rachel Carson (1962).
Il n’était pas encore question de réchauffement climatique (tout au contraire, comme en attestent des couvertures du magazine Time de l’époque, on craignait un refroidissement du climat !), même si les prosélytes du réchauffement climatique d’origine anthropique essaient de rattraper le coup en usant du même langage qu’alors (« si tout et chacun continuent de la manière dont ça se passe aujourd’hui, ce sera l’apocalypse ») et affirment mordicus que « c’est depuis longtemps qu’on le dit. »
C’est d’ailleurs là un aspect du problème : toutes les prédictions apocalyptiques antérieures se sont à ce jour avérées fausses. Et pourtant, elles n’ont pas manqué de fanas, y compris au plus haut niveau de nos sociétés. En 1988, la reine Beatrix des Pays-Bas prononça un discours de Noël dans lequel elle vilipenda un « esprit de supériorité envers nos semblables et la nature » et évoqua explicitement l’extinction de la vie sur Terre : « Lentement la Terre se meurt et l’inimaginable, la fin même de la vie sur Terre, devient, en dernière analyse, concevable. »
En octobre, en séance publique de la classe Technologie et Société et en présence de personnalités des mondes politique et économique à l’Académie royale de Belgique, des intervenants ont fait état, sans essuyer la moindre contradiction, de la prescience qu’aurait démontrée le Club de Rome, alors que ses prophéties ont été prouvées inexactes par les faits.
It’s warming, we can fix it
Maarten Boudry entend prendre le contrepied des vaticinations de malheur qui se font valoir de nos jours sur la fin du monde, ou l’effondrement de l’humanité, et faire ressortir que leurs prévaricateurs commettent les mêmes aberrations que leurs prédécesseurs. Ce n’est pas que Boudry mette le moins du monde en doute les théories prévalant au sujet du réchauffement climatique et se range parmi les climatosceptiques. Pour toute clarté, il se fait d’emblée l’écho d’une scientifique, Kimberly Nicholas, professeur en sciences du développement durable de l’université de Lund en Suède, sur le climat : « 1 It’s warming ; 2 It’s us ; 3 We’re sure ; 4 It’s bad ; 5 We can fix it. »
Boudry regrette, par contre, que l’idéologie contamine la science et entrave la recherche de solutions appropriées et efficaces. Souvent les militants n’acquiescent qu’aux solutions qui correspondent à leur ancrage idéologique, écrit-il, beaucoup ne se satisfont que d’un changement radical de société et, dans les cas extrêmes, certains se servent de la cause climatique pour forcer un tel changement, et plus précisément, pour abattre le système capitaliste de propriété privée et de libre marché. Certes nous sommes accros aux énergies fossiles, mais avant d’en prendre congé, rappelle Boudry, encore nous faut-il tenir compte des bienfaits qu’elles nous ont apportés et des raisons pour lesquelles il est si difficile de les remplacer, a fortiori sur un claquement de doigt.
Nous y reviendrons. Qu’entre-temps, ceux qui lisent le néerlandais ne manquent pas la lecture de cet ouvrage concis et précis, écrit dans une langue soignée, qui reste toutefois accessible, et complété de nombreuses références et suggestions de lectures.
Waarom ons klimaat niet naar de knoppen gaat (als we het hoofd koel houden), Maarten Boudry, 144 pages, Prometheus Uitgeverij.
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(Cet article a paru dans l’hebdo satirique PAN n° 4069 du mercredi 4 janvier 2023.)
« 1 It’s warming ; 2 It’s us ; 3 We’re sure ; 4 It’s bad ; 5 We can fix it. » écrit Boudry. Le 2 et le 3 méritent un sérieux bémol. Plusieurs scientifiques le disent, notamment Steven Koonin dans l’excellent « Unsetled » publié en français sous le titre « Climat, la part d’incertitude »
MERCI pour cette présentation simple, claire, et je suggère la lecture d’yves Roucaute à ceux qui ne pratiquent pas le néerlandais et, surtout, je suis bien aise de voir que le BON SENS commence à se faire entendre!