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De Gaïa à l’IA : L’humanité à la croisée des chemins

De Gaïa à l’IA : L’humanité à la croisée des chemins Posted on 11 janvier 20251 Comment

De Gaïa à l’IA constitue une synthèse de la trilogie que Jean-Paul Oury, qui est docteur en histoire des sciences, avait entamée avec Greta a tué Einstein (2020) et poursuivie avec Greta a ressuscité Einstein (2022), deux figures qui avaient été l’une et l’autre, chacune à son époque, consacrées personne de l’année par le magazine Time et qu’il avait prises comme symboles, l’une pour l’agit-prop écologiste, l’autre pour la science prométhéenne (le développement des connaissances et des techniques).

Ceci étant posé, l’humanité est à la croisée des chemins, constate Oury. Elle a le choix entre deux extrêmes, une dystopie écologiste et une dystopie prométhéenne : décroissance, d’une part, tout-technologique de l’autre, deux formes d’aliénation. D’un côté, l’humanité se retrouverait confrontée aux déterminismes de la nature qu’elle n’a eu de cesse de dépasser ; de l’autre, la technologie pour la technologie risquerait d’en rendre la plus grande partie esclave d’une minorité qui la maîtrise. L’une et l’autre hypothèse comporteraient le danger de voir l’humanité disparaître à terme, plus assurément l’écologisme, accusé par l’auteur d’avoir tout à la fois discrédité la science et de l’avoir assaisonnée à sa façon, d’avoir « tué Einstein » et de l’avoir « ressuscité », mais, surtout, dans son courant le plus radical, de considérer l’homme comme un cancer de la Terre et de préconiser de s’en débarrasser.

Cinq nuances de vert

Le vert n’est pas uniforme. Il y en a, comme pour le gris, plusieurs nuances. Oury en répertorie cinq, à commencer par le vert-de-gris, si l’on se rappelle, avec Philippe Simonnot dans Le brun et le vert, que le terme Ökologie a été inventé par le zoologiste et eugéniste allemand, Ernst Haeckel (1834-1919), lequel introduisit la pensée de Darwin en Allemagne et préconisa l’application d’éléments de la théorie évolutionniste aux sociétés humaines. C’est l’un des ses disciples, Walther Schoenichen, un biologiste affilié au parti nazi, qui popularisa les idées de Haeckel en son sein, souhaitant « qu’un jour l’Allemagne puisse conduire un mouvement de protection de la nature à l’échelle européenne ». Hitler considérait lui-même l’idée que l’homme puisse prétendre à la dignité de seigneur et maître de la nature comme « une absurdité d’origine juive ». Voilà peut-être qui explique la conversion de l’égérie des marches pour le climat au port du keffieh.

Il est une autre nuance de vert identifiée par Oury, le vert soutane, le lien précisément établi entre religion et écologisme, entre autres par Arnaud Blaret qui, dans Les intendants de Dieu, La religion écologiste expliquée aux mécréants (et aux autres), a relevé quantité d’instances dans lesquelles les milieux religieux ont oeuvré en sous-main pour soutenir la cause écologiste auprès d’institutions et organisations, des médias et sphères politiques. Il s’est attardé à la personnalité de John Houghton, l’un des fondateurs du GIEC et l’auteur d’un mémo sur The Christian Challenge of Caring for the Earth, qui a estimé dans un interview sur The European Scientist, que la révolution écologiste est avant tout spirituelle.

Le vert pastèque en est une nuance plus connue, nullement fondatrice, mais adoptée haut les coeurs par tous ceux qui combattent la civilisation occidentale. Oury pointe les militants d’extrême gauche en tous genres. Si l’on s’en réfère à l’ouvrage phare de Philippe Nemo, Qu’est-ce que l’Occident ?, on voit bien, dit-il, que cette nuance de vert aux allures invertébrées (mais soigneusement cultivées en Belgique, par exemple, par les partis écologistes et communistes ; ça s’est vu dans les marches pour le climat) s’attache à détruire systématiquement tous les piliers de notre civilisation tels que le Pr Nemo les a énumérés, à commencer par le cinquième et dernier, la démocratie libérale, pour lui substituer une tyrannie quelconque, « climatocratie », « collapsocratie », « covidocratie », voire théocratie, qui sait.

La nature n’est qu’un prétexte

Le vert kaki dont se parent les fantassins de l’agit-prop écologiste et les écoterroristes, toujours prêts à en découdre avec ceux qui ne partagent pas leurs idées et à déstabiliser le corps social, ainsi que le vert dollar dont se parent les camelots qui lavent plus vert tant que cela leur sert, sont deux autres nuances répertoriées par Oury pour dénoncer les intérêts divers qui convergent opportunément dans la mouvance écologiste. Ces différentes nuances témoignent de ce que la nature n’est qu’un prétexte, dit-il. L’écologisme n’est qu’en partie une religion, mais il est par contre une idéologie à part entière, qui vise à imposer sa vision du monde et le mode de vie qui lui correspond. Sa thèse, inspirée par les travaux du philosophe et professeur à l’université de Nancy Raymond Ruyer (1902-1983) et, en particulier, son ouvrage sur Les nuisances idéologiques (1972), est que l’écologisme consiste en une réaction par rapport aux progrès fulgurants de la technologie, lesquels sont eux-mêmes responsables d’une accélération de l’histoire qui dépasse la capacité d’assimilation de la société et qui provoque déséquilibre sur déséquilibre.

Partant, l’écologisme aspire à reprendre le contrôle d’une nature supposée idyllique à ses origines, et, profondément technophobe, à légiférer contre le progrès des techniques, quitte à faire retomber le monde dans « un malthusianisme barbare et criminel ». Cependant, si la science prométhéenne est vouée, comme le prédit Oury, à l’emporter sur l’écologisme, ne nous met-elle pas en danger de tomber dans un autre enfer dystopique ? C’est l’objet de la suite de ce remarquable ouvrage sur lequel nous ne manquerons pas de revenir ici ou sur Substack (abonnez-vous).

De Gaïa à l’IA, Pour une science libérée de l’écologisme, Jean-Paul Oury, 284 pages, VA Editions.

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1 commentaire

  1. Et si l’écologisme se saisissait de l’IA pour soumettre l’humanité à la décroissance. Ce serait une manière d’utiliser l’idéologie prométhéenne pour imposer la doxa globaliste de Malthus et du rapport Meadows.

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