Après son échec aux législatives de 2019 auxquelles il se présenta avec ses Listes Destexhe situées à la droite d’un MR (Mouvement Réformateur) qui se cherchait encore, Alain Destexhe a repris la pratique de la médecine qu’il avait exercée après ses études, à titre bénévole, pour Médecins sans frontières. (Il en fut le secrétaire général pendant deux ans, jusqu’à ce qu’il s’engage en politique au PRL, le Parti Réformateur Libéral du regretté Jean Gol, en 1995.)
Pour l’organisation humanitaire, il avait accompli plusieurs missions en Afrique et, à titre privé, il se rend encore régulièrement dans la région des Grands Lacs. C’était, à l’été 2024, la première fois qu’il allait dans l’archipel des Comores, situé dans l’océan Indien, entre le Mozambique et Madagascar, plus précisément à Mayotte, un département français, pour travailler comme médecin dans le centre de santé de Dzoumonié. Le livre dont question consiste en son carnet de voyage et un témoignage sur la situation dramatique sur l’île.
Par référendum en 1974 et 1976, Mayotte, au contraire des autres îles de l’archipel, toutes colonies françaises depuis 1841, choisit de rester sous tutelle française. Elle est devenue le 101e département français en 2011. Ses habitants, de confession musulmane sunnite à 90%, suivent un rite traditionnellement réputé ouvert et tolérant, rapporte Destexhe, et conservent une forte identité mahoraise et leur langue, le shimahorais.
Mayotte, du paradis à l’enfer
Un couvre-feu officieux s’y installe dès 18 heures, au coucher du soleil. Territoire français, la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme s’y applique avec pour les mêmes causes, les mêmes effets : des centaines de migrants arrivent chaque jour des Comores, de Madagascar et de l’Afrique des Grands Lacs. Ne pouvant pas être refoulés, ils grossissent la population des bangas, des habitations précaires en tôle ondulée s’érigeant « au petit bonheur », sans égard pour la propriété privée des autochtones.
Quant à la menace, elle vient des dakous, des bandes de jeunes délinquants, la plupart mineurs et parfois très jeunes (10-12 ans), qu’Estelle Youssouffa, députée de la 1ère circonscription de l’île, qualifie de « barbares en culotte courte » et qui se livrent à des vols avec violence, des violences sexuelles, des homicides, presque en toute impunité, relève Destexhe, car ils ne peuvent être ni incarcérés, ni expulsés.
La cause de cette situation inédite est bien connue, explique-t-il, c’est l’immigration de masse, en provenance des pays proches, on l’a vu, mais aussi éloignés de plusieurs centaines, voire milliers, de kilomètres, par exemple du Cameroun et de Guinée Conakry. Le voyage, poursuit Destexhe, est beaucoup moins dangereux et moins cher que de traverser le désert vers la Libye, l’Algérie, ou le Maroc, puis la Méditerranée ou l’océan Atlantique (vers les Canaries). Cette émigration a pour but ultime d’obtenir la nationalité française et de se rendre en Europe.
La ruée vers l’Europe
Curieusement, alors que le Rwanda est prospère et que n’y règne ni persécution, ni conflit sur son sol, les migrants d’origine rwandaise sont plus nombreux que ceux originaires du Burundi, où règne la misère. Cela valide, dit-il, la thèse de Stephen Smith dans La ruée vers l’Europe, à savoir que pour se lancer dans l’aventure il faut en avoir les moyens (et les Burundais n’en disposent pas). Le plan d’avenir idéal de ceux qui arrivent à Mayotte est d’avoir un enfant avec un ou une autochtone, sa naissance le rendant ainsi que le parent étranger non expulsables. D’amour ou de complaisance, souvent motivés par un intérêt financier ou juridique, les mariages mixtes sont nombreux et la polygamie subsiste. Aujourd’hui, seulement 17% des naissances concernent deux parents mahorais.
Même le centre médical, où Destexhe soignait tout le monde, sans distinction d’origine ou de statut, protégé par des murs, des clôtures de fil de fer barbelé et des rondes permanentes accompagnées d’un berger allemand, se faisait parfois caillasser par des bandes de dakous. Il y observa aussi que resurgissent des maladies, comme le paludisme, la dengue ou le choléra, qui avaient disparu, sans compter que l’immigration de masse déstabilise le système de soins déjà en manque de personnel. Tandis qu’enseignement et services publics sont submergés, la cohésion sociale s’effrite. Combien de temps cette situation peut-elle perdurer ? Faut-il s’étonner que, pourtant musulmane et pauvre, la population mahoraise vote massivement très à droite (RN) ?
Ce ne sont pas les promesses non tenues du président de la République en 2017, ni son propos fin 2024 selon lequel les Mahorais devaient déjà s’estimer contents d’habiter un département français, car sinon ils seraient « 10 000 fois plus dans la merde !» (c.-à-d. Comoriens), qui aideront à mettre un terme au désordre. Devant l’incurie des autorités publiques de la métropole la question se pose : Mayotte préfigure-t-elle à petite échelle la France de demain ?
Mayotte : Comment l’immigration détruit une société, Alain Destexhe, 104 pages, Texquis.
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