Un ami m’a prétendu que les articles de cette chronique – « recensions » serait plus exact, s’agissant des articles relatifs aux ouvrages de François Gervais, Jean-Marc Bonnamy, Drieu Godefridi, H16, The Oyster Club sur le climatisme – me rangeaient définitivement parmi les « climato-sceptiques ».
« Climateux », ni quoi ni qu’est-ce, je ne suis, car je ne suis pas physicien, pas plus d’ailleurs que ne le sont les égéries qui, afin de réduire leur empreinte carbone, se rendent en bateau de l’autre côté de l’océan Atlantique pour porter la bonne parole sur le climat, quitte à ce que la récupération desdits bateaux requière l’aller et le retour d’équipages entiers par avion, sans parler du retour des égéries elles-mêmes dont, me semble-t-il, il n’a pas été précisé s’il s’effectuera à la nage ou, plus sûrement, par la voie des airs – des adolescentes qui sont d’autant moins physiciennes que, pour manifester leurs anxiétés, elles brossent les cours ou prennent une année sabbatique.
« Sceptique », c’est à dire douter de ce qui n’apparaît pas comme une évidence, a fortiori quand l’on soupçonne d’être mené en bateau, c’est le cas de l’écrire, faudrait-il ne pas l’être ? Menés en bateau, ne le sommes-nous pas, non par ces égéries auxquelles l’on ne peut reprocher de donner libre cours à leur ardeur juvénile et à leurs opinions tranchantes, d’énerver les festivaliers du Pukkelpop plus amateurs de rock et de hip-hop que de liturgie verte, ou de se disputer entre elles en raison de leurs sensibilités politiques divergentes, mais par le personnel politique, les groupes d’intérêts et, surtout, les médias ?
Les médias contribuent à biaiser le débat public, déplorait-on dans la recension de l’essai d’Ingrid Riocreux sur leurs pulsions totalitaires, « Les Marchands de nouvelles ». L’auteur de l’essai prenait notamment comme exemple, la thèse du dérèglement climatique, « impalpable, affolante, ne semblant offrir aucune prise au commun des mortels », thèse dont les journalistes donnent une vision plus apocalyptique que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) lui-même, une vision qui rappelle les menaces de fatalités et de fléaux du temps jadis et a en commun avec elles de tétaniser les masses et de les encourager à se convertir.
« Le réchauffement climatique s’aggrave », titrait l’un des principaux journaux francophones belges cette semaine, en ajoutant « +7° en 2100 ? Des nouvelles projections scientifiques très alarmantes ». Certes, le « +7° en 2100 » était-il assorti d’un point d’interrogation et, après un début d’article selon lequel « le réchauffement climatique s’annonce plus prononcé que prévu », était-il précisé qu’il s’agit du scénario le plus pessimiste, qu’il est basé sur de « nouveaux modèles », etc. Mais encore, que fallait-il en retenir, si ce n’est que la croissance économique était en cause et qu’il fallait « agir maintenant », faute de quoi l’on ne parviendrait même pas à limiter la hausse du réchauffement de la planète à 2°C d’ici 2100.
Que le climat se réchauffe, peut-être, sans doute, puisqu’ils le disent, mais que l’Homme qui produit 4% du CO2 total en soit responsable et, surtout, qu’il puisse y remédier, paraît faire peu de cas des 96% naturels de CO2, de l’activité du soleil et, s’imagine un esprit simple, pas climateux mais sceptique, de quantités d’inconnues connues et inconnues dont il serait présomptueux de prétendre que l’Homme les maîtrise toutes. C’est d’humilité épistémologique que manque le débat sur le climat, pour autant que l’on puisse parler de débat en la matière.
Le fanatisme résulte d’une interversion entre la raison et l’imagination, celle-ci prenant la place de celle-là, remarquait un penseur français du siècle dernier. « Le plus grand mérite de l’esprit critique, écrivit-il, c’est d’être avant tout défanatisant ». Il constatait que dans le monde où nous vivons l’esprit critique tend à disparaître, que sa valeur n’est même plus reconnue, et il ajoutait que « la plus grave erreur ou la pire déficience du scientisme a probablement consisté à ne jamais se demander ce que devient ou comment dégénère, ne disons pas la science, mais une vérité scientifique quand elle est inculquée à des êtres qui ne participent en aucune manière à l’ascèse ou à la conquête scientifiques. »
Le livre date de 1951. Gabriel Marcel s’y inquiétait du pouvoir des masses, électrisées par la presse, d’exclure, d’anéantir, d’aplatir comme un rouleau compresseur. « Nous avons devant nous, concluait-il, la possibilité d’une catastrophe qui risque d’entraîner la disparition de tout ce qui donne à la vie sa valeur et sa justification. ». Certes, il ne s’agissait pas encore de climatisme, mais d’une forme antérieure d’« éco-logisme » à vertu supposée de science exacte, le marxisme-léninisme. Le titre de ce livre prophétique de Gabriel Marcel était : « Les Hommes contre l’humain ».
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