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La face cachée de l’écologisme

La face cachée de l’écologisme Posted on 15 juillet 20232 Comments

Robert Zubrin, l’auteur de Merchants of Despair : Radical Environmentalists, Criminal Pseudo-Scientists, and the Fatal Cult of Antihumanism dont nous poursuivons ici la recension entamée la semaine dernière, n’est pas n’importe qui. Mathématicien de formation, il est titulaire de maîtrises en aéronautique, en astronautique et en ingénierie nucléaire ainsi que d’un doctorat dans cette dernière matière de l’Université de Washington. Expert en systèmes de propulsion spatiale et, à ce titre, consultant de la NASA, Zubrin est l’initiateur du projet Mars Direct et l’auteur d’un livre à ce sujet, The Case for Mars: The Plan to Settle the Red Planet and Why We Must (1996), paru en français sous le titre Cap sur Mars.

Malthus et Darwin

Zubrin est l’antidote idoine contre l’état de désespérance dans lequel l’écologisme cherche à plonger les forces vives de l’Occident. Que l’écologisme ne veuille considérer les êtres humains que comme des consommateurs de bienfaits préexistants de la nature alors qu’ils en sont aussi les cultivateurs et qu’ils produisent les ressources dont ils vivent ne fait jamais de l’écologisme qu’une resucée du malthusianisme. C’est la thèse que Zubrin développe dans Merchants of Despair. Or, contrairement à ce que Malthus et, par la suite, le Club de Rome et tant d’autres prétendirent, l’accroissement de la population sur la Terre a été accompagné non d’une diminution mais d’une augmentation des ressources disponibles, que ce soit en termes de PIB et de PIB par tête, donc de bien-être (c’est là la raison pour laquelle ces notions de PIB sont suspectes aux yeux des écologistes et consorts).

Malthus et Charles Darwin (si vénéré fût-il pour son anti-créationnisme par une gauche qui feint d’ignorer l’aspect racial de ses théories) mènent le même combat avec, pour preuve, le titre complet de l’oeuvre de ce dernier parue en 1859 : On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life. Tandis que, pendant des siècles, la civilisation judéo-chrétienne tint la vie pour un bien et la mort pour un mal, Malthus et Darwin initièrent une inversion morale dont le XXe siècle témoigna de manière tragique. Au lieu d’être des maux contre lesquels il fallait lutter, la maladie, la famine et la guerre furent considérées comme des facteurs de « survival of the fittest » et de progrès de la race humaine car ces fléaux éliminaient les plus faibles.

Un cousin de Darwin, Sir Francis Galton, fut un précurseur de la doctrine eugéniste qui émergea de ces courants de pensée du XIXe siècle et ne manqua pas d’être en vogue dans les milieux instruits (de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, d’Allemagne) et, à l’agacement de Galton (lui-même un archi-conservateur), parmi de beaux esprits socialistes. Comment la logique en échapperait-elle : seul un régime socialiste (le national-socialisme en fournit la démonstration), et non un régime libéral de laissez-faire, pouvait mettre en oeuvre une politique qui appliquât les préceptes de l’eugénisme. La logique est pareille pour l’« éco-socialisme ». Zubrin relate que le mot écologie a été inventé par le zoologiste allemand Ernst Haeckel, qui l’appliqua à la « relation de l’animal avec son environnement organique et inorganique », prôna l’absence de distinction entre les êtres humains et les animaux, et le replacement du culte de Dieu par l’adoration de la Nature. Champion du darwinisme social et de l’eugénisme en Allemagne, il mourut en 1919.

Congrès international de l’eugénisme à New York

C’est dans les travaux du troisième Congrès international de l’eugénisme en 1932 à New York et, en particulier, le discours d’introduction de son vice-président américain Henry Fairfield Osborn que Zubrin pointe les racines malthusiennes du nazisme et de l’écologisme. Osborn évoqua notamment la sur-destruction des ressources naturelles à l’échelle mondiale ; la sur-mécanisation, c’est à dire la substitution de la machine au travail animal et humain s’étendant rapidement au monde entier ; la sur-construction d’entrepôts et de moyens de transport se substituant aux moyens primitifs ; la sur-production par rapport aux besoins alimentaires et mécaniques de l’humanité ; une confiance excessive dans l’offre et la demande futures, se traduisant par l’utilisation trop rapide des ressources naturelles ; la sur-population excédant la superficie des terres et la capacité des ressources naturelles et scientifiques avec pour conséquence le chômage des personnes les moins aptes. « Ce n’est qu’un autre exemple de la civilisation humaine qui va directement à l’encontre de l’ordre de la nature et qui encourage la survie des moins aptes », résuma-t-il pour ceux qui n’eussent pas encore compris.

Le principal attrait du congrès résida toutefois dans la participation des professeurs Eugen Fischer et Ernst Rüdin de la Société allemande d’hygiène raciale. Rüdin, un psychiatre et généticien suisse, fut élu président de la Fédération internationale des organisations eugénistes. Quelques semaines avant le congrès, le Parti nazi avait gagné les élections législatives allemandes avec 37,3% des suffrages et cinq mois plus tard Adolf Hitler accéderait au pouvoir. De 1936 à 1944, ledit Rüdin exercerait la fonction de commissaire de l’Institut d’hygiène raciale à Münich. Il émigra par la suite aux Etats-Unis où il ne fut plus inquiété après que Max Planck eut témoigné que Rüdin ne se serait « jamais laissé influencer dans son travail scientifique par des motifs politiques »…

Quant à Henry Fairfield Osborn, il eut un fils, Fairfield Osborn, qui suivit ses traces et publia Our Plundered Planet en 1948, un succès de librairie vendu à 3 millions d’exemplaires aux Etats-Unis, lequel fut suivi la même année d’un autre bestseller, The Road to Survival de William Vogt, deux essais profondément malthusiens qui servirent de piliers à l’écologisme. (A suivre)

Merchants of Despair : Radical Environmentalists, Criminal Pseudo-Scientists, and the Fatal Cult of Antihumanism, Robert Zubrin, 328 p.

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(Cet article a paru dans l’hebdo satirique PAN n° 4095 du mercredi 5 juillet 2023.)

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2 comments

  1. A l’époque de Malthus, il y avait grosso modo 850 millions d’âmes sur la planète. Malthus avait la certitude que la population mondiale, si son nombre était doublé, ne disposerait jamais d’assez de ressources pour SURvivre. Nous sommes plus de 8 milliards sur Terre. Le nombre de personnes qui souffrent de malnutrition n’a jamais été aussi bas. Malthus s’est radicalement planté. https://www.amazon.fr/Non-n%C3%A9tait-pas-mieux-avant/dp/2259253261

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