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Ne sous-estimez jamais la force d’une idée

Ne sous-estimez jamais la force d’une idée Posted on 22 juillet 20231 Comment

Robert Zubrin cite dans Merchants of Despair des passages révélateurs à l’appui de son accusation de malthusianisme à l’encontre des deux bestsellers de l’immédiat après-Seconde Guerre mondiale qui non seulement permettent de faire le lien avec l’écologisme, mais prouvent aussi que l’idéologie eugéniste n’avait pas disparu avec le nazisme.

Osborn parle dans Our Plundered Planet, publié en 1948, de la « marée montante » de la population mondiale et de la baisse du réservoir des ressources et ajoute : « L’homme doit admettre la nécessité de coopérer avec la nature… le temps de la défiance touche à sa fin. » Dans The Road to Survival, Vogt se révèle plus explicite. Il parle de la forte mortalité de l’époque au Chili comme de l’un de ses principaux atouts et, en guise de comparaison macabre, il avance qu’une diminution de la mortalité en Chine constituerait l’une des plus grandes tragédies dont elle eût à souffrir, et pareillement qu’une industrialisation de l’Inde, aux prises avec une forte pression démographique, représentait un danger pour la planète. A ses yeux, il n’y avait pas d’autre issue possible : ces gens devaient mourir de faim, en masse. Quant au Japon, Vogt préconisait de ramener la taille de sa population à celle de la Scandinavie, c’est à dire de la réduire de 80%.

« Au lieu de chercher à se débarrasser de la pauvreté, résume Zubrin, le nouvel objectif serait de se débarrasser des pauvres. » Our Plundered Planet et The Road to Survival ont assuré un renouveau malthusien après la Seconde Guerre mondiale et inspiré parmi des dizaines d’autres ouvrages sur la surpopulation et l’écologie un autre bestseller, The Population Bomb, publié en 1968 par Paul R. Ehrlich et sa femme Anne Howland Ehrlich – connus pour avoir prédit, à tort, que « dans les années 1970, des centaines de millions de personnes mourront de faim en dépit des programmes d’urgence mis en place » – ainsi qu’en 1972 le Rapport du Club de Rome dont les prédictions s’avérèrent tout aussi fausses et pourtant continuent à faire foi pour d’aucuns.

Une autre « péripétie » de l’Histoire ?

Osborn, dont le livre se vendait comme des petits pains, créa la Conservation Foundation. Vogt y ferait office de secrétaire. Faisant appel à leurs réseaux, ils accumulèrent des soutiens quasi illimités qui permirent de financer leur propagande malthusienne et des études légitimant les programmes de réduction de la population de la Banque mondiale et des Nations Unies dans le tiers-monde. La fondation financerait un nombre important d’organisations environnementales dont le Sierra Club, connu pour son militantisme et lobbying politique contre le charbon, l’hydroélectricité et l’énergie nucléaire.

La Conservation Foundation compta parmi ses membres Sir Julian Huxley, petit-fils de T.H. Huxley, alias « Darwin’s Bulldog », et le premier directeur général de l’UNESCO. Nommé en 1946, il joua à ce poste un rôle central dans la mise en place de programmes de limitation de la croissance de la population par un contrôle strict des naissances, au point de s’attirer l’hostilité tant de l’Eglise catholique que du Komintern/Kominform, l’Internationale communiste d’obédience soviétique. Son mandat statutairement de six ans en fut réduit à deux. Sir Julian Huxley fut président de la British Eugenics Society de 1959 à 1962 et l’un des fondateurs du World Wildlife Fund (le WWF, fondé en 1961).

De l’autre côté de l’Atlantique, la cause de l’anti-humanisme continua de prospérer, en particulier après que Fairfield Osborn eut uni ses forces à celles de son cousin Frederick Osborn, le président de l’American Eugenics Society (qui fut en 1932 le trésorier du troisième Congrès international de l’eugénisme) et John D. Rockefeller III pour former le Population Council, qui s’inscrit d’autant plus clairement dans la ligne du mouvement eugéniste d’avant la Seconde Guerre mondiale que fit partie de la mouvance dans les années 1950 et 1960 le Pr. Dr. Otmar Freiherr von Verschuer, un médecin eugéniste affilié au Parti nazi et partisan des programmes de stérilisation obligatoire. Figurait parmi ses élèves l’officier SS et criminel de guerre Josef Mengele qui effectua en tant que médecin des expérimentations meurtrières sur de nombreux détenus dans le camp d’extermination d’Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le contrôle politique des naissances

Cela n’en resta pas sur le plan des idées. Une partie de l’establishment américain adhéra à l’idéologie du contrôle des naissances. Robert Zubrin relate qu’après avoir été accusé par d’autres officiers de sympathies nazies, le Général William H. Draper Jr fut rapatrié de l’Allemagne occupée, dont il supervisait le redémarrage économique au sein de l’Autorité de contrôle alliée, et fut promu à coups de pied dans l’administration américaine à un poste qui lui permit d’influer par le truchement d’une clique d’eugénistes chevronnés sur la mise en place d’une législation de contrôle des naissances au Japon avec pour effet qu’en 1955 il y eut de 30 à 50% plus d’avortements que de naissances dans le pays et pour conséquence que quarante ans plus tard cette destruction de potentiel humain stopperait net une économie japonaise victime d’une main d’oeuvre réduite et vieillissante. Le même problème se manifeste en Chine, qui entre-temps mit elle aussi en application des mesures de planification des naissances dont celle de l’enfant unique.

Quand le même Draper fut appelé en 1958 par le Président Eisenhower à diriger une commission en charge d’évaluer l’efficacité de l’aide militaire américaine à l’étranger, il ne manqua pas d’avancer son agenda malthusien et de préconiser que l’aide en question ne soit accordée qu’aux pays en voie de développement qui acceptent de mettre en place des programmes de régulation de la population. Bien qu’Eisenhower s’y soit résolument opposé dans une conférence de presse de 1959 (« Je ne puis penser à un autre sujet qui relevât moins d’une activité, fonction ou responsabilité politique ou gouvernementale. Tant que je serai ici, le gouvernement n’aura pas de doctrine politique concernant le problème du contrôle des naissances. Ce n’est pas notre affaire. »), tous les présidents américains des deux décennies suivantes, rapporta le Washington Post dans un article du 24 février 2012, firent de la contraception un élément essentiel de politique intérieure et étrangère. (A suivre)

Merchants of Despair : Radical Environmentalists, Criminal Pseudo-Scientists, and the Fatal Cult of Antihumanism, Robert Zubrin, 328 p.

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(Cet article a paru dans l’hebdo satirique PAN n° 4096 du mercredi 12 juillet 2023.)

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1 commentaire

  1. Mais pourquoi toute cette haine en matière de contrôle des naissances? Aurait-on oublié qu’il n’y a pas si longtemps plus de la moitié des jeunes enfants mouraient, que des maladies incurables tuaient une bonne partie de la population? Pourquoi ne pas BIEN traiter des enfants moins nombreux plutôt que de « donner des droits » à des parents sans conscience?

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