Bart Van Craeynest, l’économiste en chef de la VOKA, l’organisation d’employeurs flamande qui représente 18.000 entreprises comptant pour 65% de la valeur ajoutée et 66% de l’emploi privé en Flandre (plus de 910 000 employés), rappelle, à toutes fins utiles, dans l’avant-propos de België kan beter, que les progrès énormes réalisés depuis trois quarts de siècle au niveau des soins de santé, de l’éducation de la population et de la prospérité en général en Belgique ne peuvent ni ne doivent nous faire oublier que cela et bien d’autres choses sont inextricablement liés à la croissance économique.
N’en déplaise aux décroissantistes
Qui plus est, n’en déplaise aux décroissantistes, en l’absence de croissance économique notre État-providence ne sera pas en mesure de faire face au défi du vieillissement de la population. La faillite menace, à plus brève échéance sans doute en Wallonie qu’en Flandre, mais encore ! Cette situation polariserait la société plus qu’elle ne l’est déjà sous la coupe des démagogues et personne ne s’en sortira gagnant. Même la transition durable, le pain bénit dont se nourrissent des politiciens de tous les partis, requiert plus de croissance économique. Voyager moins, rouler moins, manger moins, vivre moins et moins longtemps ne résoudra rien, tout au contraire.
Or, des menaces concrètes pèsent sur notre prospérité. Si rien n’est accompli pour les prévenir, la croissance économique ralentira (ou se transformera en contraction économique) et notre prospérité s’en ressentira. Pourrait alors devenir réalité la crainte que les écologistes profèrent sous forme de prophétie auto-réalisatrice, à savoir que les conditions de vie de nos enfants et petits-enfants soient pires que celle de leurs parents et grands-parents.
Ce n’est toutefois pas inéluctable, assure Van Craeynest. La Belgique peut faire mieux ! En vérité, elle fait tellement mal dans plusieurs domaines essentiels pour notre prospérité que la marge d’amélioration est énorme et qu’il n’est pas nécessaire de déployer des prodiges d’ingéniosité pour y arriver. Il suffit de regarder comment les autres pays qui font mieux que notre pays procèdent et de s’inspirer de ce qui marche chez eux. Van Craeynest aborde quinze domaines dans lesquels België kan beter. Son livre s’apparente à un véritable programme politique pour décideurs clairvoyants de tous horizons sincèrement déterminés à redresser effectivement les finances publiques du pays et à redonner un élan et des perspectives à sa population.
The economy, stupid
The economy, stupid. Avant même que d’évoquer la redistribution des richesses, encore faut-il qu’un pays en produise. Cela dépend de son activité économique, laquelle correspond à la combinaison du nombre de personnes qui travaillent et de ce que chacune produit en moyenne. Le reste en découle. Le premier problème de notre pays est que trop peu de personnes y travaillent. En d’autres termes, le poids total de notre État-providence repose sur trop peu d’épaules et la situation empirera avec le vieillissement de la population. Regardons chez nos voisins : la plupart des pays européens font mieux que la Belgique. Un nombre plus important de travailleurs y sont occupés et restent sur le marché du travail. Ce n’est pas l’objet de cet article d’entrer dans les détails – Van Craeynest le fait et préconise des mesures concrètes pour y remédier – mais rien n’explique que davantage de personnes ne sont pas au travail en Belgique si ce n’est des choix politiques malavisés.
Au premier trimestre 2023, 72,1% des résidents belges en âge de travailler (de 20 à 64 ans) étaient au travail. Seules l’Italie, la Grèce et l’Espagne font moins bien que la Belgique. Encore la moyenne nationale cache-t-elle des écarts régionaux importants (Flandre 77,3% ; Bruxelles 66% ; Wallonie 65%). Quoi qu’il en soit, pour que la moyenne belge se hisse au niveau d’activité de pays tels que les Pays-Bas (83%) et la Suisse (82%), 750.000 personnes supplémentaires devraient être mise au travail. Et, peut-être faudrait-il subsidiairement se demander pourquoi il semble plus facile aux entreprises de Flandre occidentale d’attirer des travailleurs du Nord de la France que du Hainaut et comment s’explique la pénurie de candidats sur le marché de l’emploi. (A suivre)
België kan beter, Wat ons wakker moet schudden over onze economie, Bart Van Craeynest, 296 pages, Editions Ertsberg.
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(Cet article a paru dans l’hebdo satirique PAN n° 4109 du vendredi 13 octobre 2023.)
Le rappel salutaire (je l’espère) d’une évidence mathématique très basique (la relation linéaire entre le PIB et la base taxable + le lien entre la base taxable et la redistribution) . Quant à la décroissance du taux de croissance du PIB (en réalité, les décroissants ont souvent du mal à préciser exactement ce qu’ils voudraient voir décroître), rappelons que la croissance du PIB (avec un B comme brut, c’est-à-dire en incluant les amortissements du capital !), elle se situe, en Belgique, et depuis très longtemps, en dessous de 1,5 – 2 % l’an. Enfin, si l’objectif est d’avoir une croissance du PIB, négative (sous 0), il faut rappeler que la récession ne peut qu’apporter du chômage et de la misère pour les « plus démunis d’entre nous ».