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« Philosophie de l’impôt » (Philippe Nemo) : De la face cachée de l’égalitarisme

« Philosophie de l’impôt » (Philippe Nemo) : De la face cachée de l’égalitarisme Posted on 13 janvier 2018Leave a comment

En conclusion de la recension de « La passion de l’égalité » (Texquis, Bruxelles, 2017), l’essai sur la civilisation socialiste dans lequel Drieu Godefridi procédait à l’inventaire de l’univers conceptuel de la pensée socialiste et à une déconstruction de la tentation égalitaire de notre temps, l’on soutenait qu’il restait à écrire une anthropologie, une sociologie et une psychologie de l’égalitarisme. Pourquoi ce concept continue-t-il à subjuguer les masses malgré les horreurs qui ont émaillé l’histoire du socialisme et malgré les prévarications dont nombre de ceux qui s’en réclament, encore de nos jours, se rendent coupables ? Ces aspects, Philippe Nemo les a traités dans sa « Philosophie de l’impôt » (PUF, Paris), un ouvrage publié presque au même moment que celui cité plus haut.

Quand on prend à Pierre pour donner à Paul, on peut toujours compter sur le soutien de Paul. Dans « La Tyrannie fiscale », Pascal Salin, cité par Philippe Nemo, affirme qu’« on trouvera toujours une majorité de gens disposés à confisquer une partie des biens d’autrui ; [et] il se trouvera toujours des hommes politiques pour appuyer cette revendication ». Philippe Nemo en démonte le mécanisme. Il explique qu’il s’en trouvera toujours pour considérer que prendre aux « riches » est nécessaire, juste et utile au bien commun, certains par conviction, d’autres par intérêt (car ils font partie de ceux qui en bénéficient), d’autres, enfin, parce que cela leur plaît intimement, sans qu’ils ne se préoccupent de savoir pourquoi cela leur plaît autant.

Ce remarquable historien des idées politiques qu’est Philippe Nemo remonte aux sources de l’impôt, en inventorie minutieusement les formes et les circonstances historiques et contredit savamment les arguments idéologiques en faveur de l’impôt progressivement confiscatoire dont souffrent les citoyens européens, en particulier en France et en Belgique, où les niveaux d’imposition sont parmi les plus élevés au monde (https://www.tacotax.fr/blog/197/top-10-pays-impots). Et, pourquoi donc l’idée de prendre aux « riches » plaît-elle tant ?

Cette passion dissimulée sous des habillages sophistiqués relève de l’envie, dénonce Philippe Nemo qui s’appuie sur l’étude qu’en fit le sociologue allemand Helmut Schoeck dans « Der Neid », traduit en français sous le titre « L’Envie. Une histoire du mal » (1980, publié aux Belles Lettres en 2006).

Schoeck, qui étudia la médecine, la philosophie et la psychologie aux universités de Munich et de Tübingen et enseigna dans plusieurs universités américaines pendant une quinzaine d’années avant de rentrer en Allemagne et d’occuper une chaire de sociologie à l’université de Mayence, démontra que, loin d’être un simple aspect de la psychologie individuelle, l’envie consiste en une « catégorie constitutive de l’anthropologie » qui sert à expliquer des phénomènes sociaux à plus grande échelle. Philippe Nemo en reprend à Schoeck l’exemple frappant des sociétés archaïques dans lesquelles le rôle de l’individu s’effaçait entièrement devant l’importance du groupe.

L’idée que « l’impôt progressif a pour mère l’envie et pour fille l’oppression » (Paul Leroy-Beaulieu, 1896, parmi d’autres cités par Philippe Nemo) n’est pas neuve. Le danger, dans une démocratie où règne le suffrage universel, réside dans ce que des gens votent des impôts qu’ils ne paient pas et se partagent les impôts qu’ils font payer à d’autres, y compris, via la plaie de l’endettement, à des contribuables qui ne sont pas encore nés, et un danger subsidiaire, dans ce que la confiscation aboutit à une intrusion telle dans la vie privée de tout un chacun que le tissu économique de la société entière se nécrose, au détriment de tous à l’exception de la classe politique dirigeante. L’ancien empire soviétique, la Chine de Mao, Cuba, la Corée du Nord: les exemples abondent.

L’objectif commun de toutes les doctrines et pratiques socialisantes de l’impôt confiscatoire vise à réduire les inégalités et, partant, la liberté, car c’est bien elle qui est responsable des inégalités, et cette déraison persiste encore de nos jours malgré les échecs flagrants des communismes et autres socialismes dans l’Histoire. Or, de par la globalisation et la complexification des échanges au niveau de la planète, l’intelligence humaine peut d’autant moins connaître ces derniers et les maîtriser. Il y a là « une frontière épistémologique indépassable », écrit Philippe Nemo.

Selon le mot de George Lucas, le producteur des sagas cinématographiques Star Wars et Indiana Jones, cité par T.J.  Hoisington dans « If you think, you can ! », « nous vivons tous dans des cages dont la porte est grande ouverte ». Entre la main qui vole et la main invisible, entre la servitude et la liberté, à vous de choisir, mais dépêchez-vous avant que la porte des cages ne se referme et que ne s’installent la réduction ontologique de la personne et la régression sociale.

Comme l’écrit Philippe Nemo dans ce livre remarquable qu’est la « Philosophie de l’impôt », à lire absolument toutes affaires cessantes, « l’inquisition fiscale n’est pas impliquée par le concept même d’Etat ; elle n’est indispensable qu’à un certain type d’Etat, celui qui entend gérer de manière collectiviste la vie sociale et économique ». Et, faut-il ajouter : « celui qui se nourrit de la haine sociale ».

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