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Le problème de productivité de l’Europe

Le problème de productivité de l’Europe Posted on 15 février 20162 Commentaires

C’est un curieux courrier qu’a envoyé le 28 janvier aux lecteurs de The Economist Simon Baptist, l’économiste en chef du magazine londonien reconnu à l’échelle mondiale pour la pertinence de ses analyses en matière économique. « La productivité est un concept délicat, commence-t-il. Il est jeté à la ronde avec désinvolture dans les cercles politiques, voire exhibé comme voie vers la prospérité future par des gouvernements. Mais qu’est-ce que c’est ? »

Est-ce une « mesure de notre ignorance » comme le prétendent, selon l’auteur, des économistes du milieu académique, dès lors que la productivité ne pourrait être définie uniquement en termes de rapport quantitatif de la production à l’accumulation du nombre de travailleurs et de capitaux mais qu’elle devrait aussi l’être en termes qualitatifs, difficilement mesurables, en particulier dans la nouvelle économie ?

Depuis la récession consécutive à la crise de 2008, la productivité (le rapport de la production aux moyens mis en oeuvre) est au centre des préoccupations en Europe et elle le restera en raison du vieillissement de la population et du déclin concomitant de la main d’oeuvre, conclut l’économiste du magazine éponyme avant d’inviter ses lecteurs à partager sur Twitter leurs suggestions quant à améliorer cette « inconnue connue » en Europe.

Depuis que les économistes ont manqué de prédire la précédente crise et la suivante (sauf bien sûr ceux qui ont prévu l’une ou auront prévu l’autre après qu’elles se soient produites), doutent-ils à ce point de leur science qu’ils en remettent les fondements en question et fassent appel au bon peuple pour les éclairer ?

A moins de lui préférer le BIB (Bonheur Intérieur Brut), comme Nicolas Sarkozy qui en croyait les Français investis au temps où il occupait le palais de l’Elysée, le Produit Intérieur Brut (PIB) reste l’agrégat le plus fiable pour mesurer la richesse des nations. Que l’on calcule le PIB sous l’angle de la production (valeurs ajoutées des agents économiques), sous celui des dépenses (consommation privée, investissements, dépenses publiques et solde du commerce extérieur), ou sous celui des revenus (rémunérations des salariés et excédents bruts d’exploitation), ces composantes du PIB permettent d’établir un rapport quantitatif entre la production d’un pays et les principaux facteurs mis en œuvre (r = P/F), de comparer la productivité dans le temps et à travers le monde, d’en tirer des conclusions, même en présence de corrélations entre les différents facteurs ainsi que de facteurs immatériels et de facteurs induits.

Ce sont ces corrélations et autres facteurs qui posent problème aux économistes du fait d’un manque de mesurabilité en rapport avec la production. Mais ici, le bon sens, dont la classe politique paraît, il est vrai, singulièrement dépourvue en matière microéconomique faute d’expérience en gestion d’entreprise et en création de richesse, devrait se substituer au confort de la précision mathématique.

Faut-il être victime d’une imagination fébrile pour comprendre que des facteurs immatériels tels que tout ce qui favorise la mobilité des personnes, des biens et des capitaux accroissent la productivité et qu’une hausse de cette dernière induit elle-même, à la faveur d’une baisse des coûts, une dynamique positive au niveau de l’investissement, de la compétitivité, de l’emploi (ainsi que des salaires et du pouvoir d’achat) et donc, d’une manière générale, de la demande et de la production ?

A contrario, tout ce qui freine cette mobilité (manque d’éducation, infrastructures défaillantes ou bloquées, insécurité physique ou juridique, système bancaire bancal, nuisances administratives, contrôles futiles et intempestifs, etc.) détériore la productivité et induit une spirale négative dont souffrent investissement, compétitivité, emploi, demande et offre (production).

La productivité constitue le pari volontariste de la libération des forces vives de l’économie. Elle est au coeur du projet européen (liberté de circulation) et à l’opposé de l’économie planifiée. Il convient ici de faire remarquer que la productivité profite aussi à l’Etat (hausse des revenus en raison de la hausse de l’activité économique, des bénéfices des entreprises et des salaires, et diminution des dépenses en raison de la baisse du chômage), alors que l’interventionnisme économique de l’Etat, le repli sur soi et le recours aux dévaluations compétitives pour compenser le manque de productivité n’aboutissent qu’à appauvrir la nation toute entière et à renforcer le rôle cleptomane et castrateur de l’Etat.

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