Poursuivons la lecture entamée la semaine dernière du remarquable livre publié le 15 septembre par Bart Van Craeynest, l’économiste en chef de la VOKA, België kan beter. Si on concluait la première partie sur la nécessité d’assurer la croissance économique et de mettre plus de personnes au travail pour pérenniser notre modèle de prospérité (afin qu’il y ait plus d’épaules pour le soutenir et que le gâteau à partager croisse en rapport avec le vieillissement démographique de notre société), cela ne suffit pas. Encore faut-il veiller à ce que la productivité augmente. Qu’est-ce à dire ?
C’est moins sexy d’un point de vue communication politique et plus difficile à comprendre, mais essentiel : il s’agit de produire une plus grande quantité de « richesses » par heure de travail (grâce, concrètement, à de meilleures machines, de meilleurs fertilisants, une meilleure organisation, etc.). Selon le Bureau du Plan, 90% de la croissance économique des 50 prochaines années en dépendra. A défaut de parvenir à améliorer la productivité, nous ne parviendrons plus à financer notre Etat-providence (à commencer par les retraites et les soins de santé). C’est aussi simple et cela s’explique par le fait que l’apport net de main d’oeuvre sur le marché du travail diminuera au fil des prochaines années.
Si nous avions gardé le même taux de hausse de productivité au cours des deux premières décennies de ce siècle qu’au cours des deux dernières du siècle précédent, la Belgique produirait 180 milliards de richesses supplémentaires. Tous ses problèmes budgétaires seraient résolus. Il n’y a toutefois pas de formule miracle, ni de formule minute pour rehausser la productivité. Tout est dans tout. Presque tous les autres domaines que Van Craeynest aborde dans België kan beter peuvent y contribuer : un gouvernement manifestant plus de discernement, des infrastructures de pointe, un enseignement de qualité, un système fiscal favorisant la croissance et l’esprit d’entreprise, un fonctionnement adéquat du marché du travail, l’esprit d’innovation, un regard porté avec plus d’acuité à l’international.
Compte-tenu de la dynamique négative dans laquelle la Belgique est engagée et de l’importance de la productivité dans l’optique de notre prospérité future, il serait bon d’agir simultanément sur autant de fronts que possible. Ce devrait être la priorité absolue de la politique économique (au sens le plus large possible). En fait, le train de vie actuel de la Belgique dépasse déjà largement ses moyens : le déficit budgétaire cumulé de la pléthore de gouvernements que compte notre petite patrie en voie de dénucléarisation s’élève, selon les dernières estimations, à 28 milliards et la dette publique totale, à 607 milliards d’euros.
« L’état actuel des finances publiques de la Belgique est tout simplement dramatique », indique Bart Van Craeynest. Il dénonce les petits jeux politiques dont elles font l’objet sans qu’aucun effort sérieux ne soit entrepris pour les assainir et prévient que la situation empirera si les taux d’intérêt sur la dette publique atteignent le niveau moyen des 20 dernières années (3,5%) car ça entraînerait une facture supplémentaire de 20 milliards d’euros. À titre de comparaison, la dette publique est en moyenne de 45 % dans les pays scandinaves, de 49% aux Pays-Bas et de 65% en Allemagne. Or, que l’on sache, ces pays ne sont pas des « enfers sociaux ». En termes d’endettement, la Belgique est plus proche des pays du Club Med, à cette différence aggravante près que son déficit budgétaire est nettement plus haut (4,7% pour la Belgique contre 2,4 % du PIB en moyenne pour les pays du Club Med pour 2024, selon les estimations de l’UE).
Qu’en ces circonstances certains se plaignent d’un manque de moyens pour assurer nos engagements en matière de défense et de sécurité, de justice, de soins de santé et d’enseignement est indécent. Les pouvoirs publics dépenseront collectivement 320 milliards d’euros en 2023, soit 55,6 % du PIB, la Belgique occupant le deuxième rang des dépenses publiques en Europe derrière la France. Pire, nos dépenses publiques ne cessent de croître plus vite que partout ailleurs en Europe. Cherchez l’erreur !
België kan beter, Wat ons wakker moet schudden over onze economie, Bart Van Craeynest, 296 pages, Editions Ertsberg.
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(Cet article a paru dans l’hebdo satirique PAN n° 4110 du vendredi 20 octobre 2023.)
MERCI pour ce texte très intéressant et je me permettrai d’insister sur une erreur monumentale: l’enseignement ruine le pays sans lui assurer des personnes compétentes pour l’avenir! Un fait précis: les profs sont obligés de TOUT justifier dans leur travail… vont jusqu’à donner des points pour ne pas avoir d’ennuis et je vois des élèves de 18 ans incapables d’écrire une phrase sans de nombreuses fautes….
Que d’argent jeté pour une garderie!!