Zan, Zendegi, Azadi. A l’origine kurde, ce slogan politique a été repris dans l’ensemble de l’Iran au cours des manifestations de 2022 qui ont suivi la mort de Mahsa Amini alors que cette étudiante de 22 ans iranienne d’origine kurde était détenue par la police des moeurs pour « tenue inappropriée ». C’est le sous-titre du livre de Darya Safai.
Inquiétude pour l’avenir des démocraties occidentales
Emprisonnée après qu’elle eut manifesté aux côtés de son mari Saeed Bashirtash, l’un des leaders du mouvement étudiant de protestation contre le régime islamique en Iran, Darya Safai s’en est enfuie en 1999. Qui a grandi dans le Téhéran des ayatollahs voit certaines choses avec plus d’acuité, relève Mark Elchardus, l’ancien idéologue du parti socialiste flamand, dans sa préface à Van de cel naar de Kamer, l’autobiographie dans laquelle cette militante authentiquement féministe explique pourquoi, « libérée de la dictature de l’islam, du port du voile, de la police des moeurs et de l’oppression des femmes et des dissidents », aujourd’hui députée N-VA à la Chambre des Représentants, elle poursuit son combat. « Je suis réellement inquiète pour l’avenir des démocraties occidentales, confie-t-elle. Sommes-nous suffisamment critiques et résistants pour affronter les nombreux défis et menaces ? »
« La vie ne fait pas de cadeau », chante Brel dans Orly. Darya Safai n’a pas eu facile. D’emblée, elle a voulu être l’une des nôtres et a appris à cette fin nos deux principales langues nationales, ne serait-ce déjà qu’afin de recommencer en partie et de terminer ses études de dentisterie et de pratiquer cet art dans son cabinet privé. « Je me sens ici en Belgique chez moi depuis longtemps, raconte-t-elle, et suis éternellement reconnaissante à mes compatriotes de m’avoir offert les chances qui m’ont été refusées dans mon pays de naissance. Je suis consciente qu’il fait bon vivre ici grâce aux valeurs et aux normes qui ont cours et dont les Iraniens ne peuvent actuellement que rêver. » Elle se dit ébahie de ce que certaines communautés d’origine étrangère choisissent de vivre dans leur bulle culturelle et religieuse, voire ont l’ambition d’imposer leurs propres valeurs et normes à leur pays d’accueil. En tant que femme politique, elle considère de son devoir de combattre tout dévoiement de notre vivre-ensemble démocratique et s’y consacre avec détermination et sans peur.
Une gauche idéologiquement en état de faillite
Exagération, pensez-vous ? Regardez, dit-elle – et qualifiez-moi de bounty (brun chocolat en dehors, blanc coco au-dedans, si cela vous chante -, à quel point le changement démographique à Bruxelles influence la prise de décision politique lorsqu’il s’agit de l’abattage rituel ou du port du voile dans la fonction publique. Sommes-nous d’origines diverses, encore nous faut-il construire ensemble notre avenir autour d’une culture commune et sortir des ghettos, du Petit Iran, du Petit Maroc, de la Petite Turquie. Avec toutes ces noises ethnocentriques inspirées du wokisme, nous n’en sortirons jamais et n’arriverons jamais à vivre en harmonie. Nous, pays occidentaux, il nous faut toujours garder nos propres intérêts au centre de nos préoccupations, dit-elle ; nos ennemis sont ceux qui veulent abattre la démocratie et notre civilisation. Ne nous trompons pas. Ne nous laissons pas faire par une gauche idéologiquement en état de faillite dont le discours communautaire ne vise qu’à ramasser des votes.
La question du foulard fait, chez Darya Safai, l’objet d’un profond ressentiment. Nombre de jeunes Iraniennes ont payé de leur vie leur refus de le porter comme prescrit et parmi elles Mahsa Amini, battue par la police, plusieurs témoins directs en ont attesté, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Elle n’est pas la seule. Le catalogue des sévices infligés à tant et tant d’autres est monstrueux. Que de fake féministes occidentales calfeutrées chez elles – Darya Safai en mentionne – prétendent que le port du foulard est un facteur de libération de la femme la révulse. Leur relativisme culturel lui rappelle l’alliance entre militants de gauche et ayatollahs à l’époque de la révolution. Peu d’entre les premiers y survécurent. Qu’il fut un temps où le dogme de l’Eglise ait constitué un obstacle à l’émancipation et qu’à présent de mêmes principes dégradants et misogynes soient tolérés venus d’ailleurs, constate-t-elle, échappe à l’entendement. La tolérance oblige-t-elle d’accepter l’intolérance ?
Van de cel naar de Kamer, Darya Safai, 222 p, Doorbraak.
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(Cet article a paru dans l’hebdo satirique PAN n° 4138 du vendredi 3 mai 2024.)
Une nouvelle démonstration de l’inhumanité du régime des mollahs. 45 ans d’obscurantisme grâce à la manne pétrolière et gazière. Un véritable embargo aurait fait tomber cette dictature. L’Occident est coupable par omission à l’égard de ces millions de femmes abandonnées à leur triste sort.
Qu’il s’agisse de cultures, d’énergie, de climat…. que d’hypocrisie chez nos compatriotes!
Ou dois-je admettre que l’enseignement n’est vraiment plus qu’une garderie?
En matière de culture/religion, le syndrome de Stockholm a bien frappé tout l’Occident et je dis MERCI à ceux qui osent s’exprimer…. espère qu’un changement viendra.