« Il ne fait aucun doute que le socialisme néo-fasciste est en marche aux États-Unis aujourd’hui. » Vu d’Europe, où une forme ou l’autre de socialisme contraignant est expérimentée depuis plus d’un siècle, ça vous abasourdit un brin. La biographie de Frank Salvato, l’auteur de Nullification, dont il est question ici et dont il a eu l’amabilité d’envoyer l’e-book, indique qu’il fait dans la « comm » et que nous sommes confrères sur Substack où il anime un podcast, Underground USA.
L’introduction du fascisme dans la culture politique américaine ne date pas de hier. On l’ignore, dit-il, mais l’histoire apprend qu’à l’ère wilsonienne on s’extasiait devant Mussolini, qui, socialiste bon teint au début, le rendait bien à Wilson et Roosevelt, les félicitant d’avoir introduit ces préceptes aux Etats-Unis. Soit ! Toujours est-il, argumente Salvato, que le gouvernement fédéral s’est arrogé des pouvoirs que la Constitution américaine et la Déclaration des droits ne lui avaient pas accordés et qu’à présent l’État fédéral fonctionne sans freins ni contrepoids, de manière « néo-fasciste » (il y tient) et « despotique », et utilise la bureaucratie (le « Deep State », l’état profond) pour s’affranchir du peuple américain et des Etats individuels de l’Union.
Que les partisans des partis républicain et démocrate se traitent réciproquement de « fascistes » ne date pas de hier non plus. Chaque camp en a sa définition et sans doute est-on toujours le fasciste de quelqu’un. Il suffisait de suivre les élections américaines sur les médias de là-bas pour s’en rendre compte. (Les suivre sur les médias d’ici n’apportait aucune valeur ajoutée, à preuve la large victoire de Trump alors que jusqu’au jour J on nous serinait en Europe que les sondages étaient serrés et, par la suite, que le peuple américain s’était trompé. A présent, c’est qui vivra verra et ce que Trump en fera.)
Retour à l’esprit de la Constitution
Salvato plaide pour un retour à l’esprit de la Constitution américaine et à la souveraineté des États de l’Union telle qu’à l’origine elle fut conçue par les pères fondateurs. La concentration du pouvoir au niveau fédéral menace la représentativité, la démocratie, la souveraineté des Etats et les libertés individuelles, dit-il, et elle favorise l’autoritarisme. Ce n’est pas fondamentalement différent de ce dont le Pr Harold B. Jones Jr parle dans Personal Character & National Destiny, et, constatons-le, de ce qui se passe dans l’Union européenne.
L’un des principaux dangers d’un gouvernement centralisé réside dans ce que le pouvoir tombe entre les mains d’une seule entité gouvernementale, d’une clique avec un agenda propre (s’auto-perpétuer et non servir les citoyens), ce qui, poursuit Salvato, nuit à la représentativité du pouvoir (et au droit des citoyens de le sanctionner) et porte atteinte à la souveraineté des États fédérés. Ça n’en reste pas là. Laisser le pouvoir entre les mains de quelques-uns, c’est s’exposer à ce que tôt ou tard ils soient tentés de supprimer la dissidence, contrôler l’information, restreindre les libertés civiles. (Stefan Zweig décrit ce processus dans Conscience contre violence, son pamphlet contre l’intolérance et le totalitarisme, rédigé précisément à l’apogée du fascisme en Europe.)
S’ensuivent immanquablement les violations des droits fondamentaux, la censure, la surveillance, la persécution. Laissez une once de ce pouvoir à un bureaucrate et voyez comme il en fait à sa guise. Imaginez alors ce qu’il advient de la liberté d’expression et de la responsabilité politique quand une conjuration d’imbéciles occupe le pouvoir en toute opacité et impunité. Oubliez la démocratie.
Il existe un remède. Thomas Jefferson l’évoquait comme le « recours légitime à chaque fois que le gouvernement fédéral viole la Constitution », à savoir la nullification, le droit pour un Etat fédéré d’invalider toute loi fédérale qu’il considère inconstitutionnelle. Les juridictions fédérales et la Cour suprême – étonnez-vous ! – n’ont toutefois jamais validé la théorie selon laquelle les Etats fédérés sont liés par le pacte qui a fondé l’Union et disposeraient de l’autorité de l’interpréter et de rejeter (nullifier) les dispositions dont ils estiment qu’elles l’outrepassent. Les partisans de la souveraineté des Etats fédérés arguent de ce que les 9e et 10e amendements de la Constitution des Etats-Unis l’emportent sur la clause de suprématie, du moins en ce qui concerne les matières qui n’ont pas été déléguées spécifiquement au pouvoir fédéral. La faculté d’opt-out a été invoquée dans plusieurs domaines politiques (immigration, contrôle des armes à feu, légalisation de la marijuana, théorie critique de la race, identité de genre), mais apparemment sans succès, à lire Salvato, sauf lorsqu’elle visait à amplifier une mesure fédérale, jamais quant à s’en départir.
Une nation irrémédiablement divisée
Salvato n’est pas naïf au point d’être aveugle. Notre nation est presque irrémédiablement divisée, dit-il, et ce par l’idéologie, laquelle imprègne tous les aspects de la vie, que ce soit à propos du rôle du gouvernement fédéral, de la définition du racisme et du genre, de la nature de l’américanisme, à tel point qu’une fracture de l’Union n’est pas à exclure. La carte des résultats de la dernière élection présidentielle suffit à s’en apercevoir.
Mais, ce serait occulter une réalité machiavélique : la classe politique professionnelle tire avantage des clivages pour régner, dût-elle s’accommoder d’une alternance entre les deux camps opposés. Du moins, direz-vous, y a-t-il alternance et opposition. Qu’en est-il en Europe avec la fragmentation du panorama politique et la poussée des extrémismes de droite et de gauche ainsi que l’accaparement du pouvoir par une classe politique professionnelle sujette aux compromis et aux compromissions ?
Le peuple américain, conclut Salvato, est victime des intérêts particuliers, lesquels sont sans rapport avec la notion d’intérêt général que le gouvernement était, dans l’esprit des pères fondateurs, censé servir. La prochaine administration Trump inversera-t-elle le cours des choses ? Qu’il soit permis d’en douter. A juger sur pièces. Il n’empêche que la comparaison de l’évolution de la démocratie en Amérique avec le processus de transformation de l’Union européenne et l’abandon du principe de subsidiarité qui avait présidé à la création des Communautés européennes est saisissant.
Nullification: Clawing Back Power from an Over-Reaching Federal Government, Frank Salvato, 185 pages, disponible sur Amazon.
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Réflexion sur le phénomène de « pourriture cérébrale » et de « pourrissement du cerveau », cause et effet.
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GRAND MERCI pour ce texte qui instruit! Il faudrait que tous nos concitoyens le lisent et se mettent à réfléchir car la situation actuelle ne peut durer si nous voulons être LIBRES et RESPONSABLES.