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Les illusionnistes

Les illusionnistes Posted on 22 février 20252 Commentaires

Le dictionnaire de l’Académie française définit l’illusionnisme comme l’art de produire des illusions par des tours de prestidigitation ou par divers trucages et, au figuré, comme l’habileté à tromper. Elle donne comme exemple : « Sa faconde a tout de l’illusionnisme. » Il en va souvent ainsi et les gogos en paient les pots cassés. Géraldine Woessner, rédactrice en chef du Point, et Erwan Seznec, journaliste au service Société du même hebdo français d’actualité, ont mené l’enquête dans le petit milieu des illusionnistes de l’écologie politique et sur ce dont ils parlent quand ils parlent du climat, de l’énergie en général et du nucléaire en particulier, de l’agriculture, de la biodiversité, etc.

La terreur verte

L’écologie politique est un risque pour la démocratie, posent-ils d’emblée. Le RN (Rassemblement national) reste probablement le parti le plus dangereux dans le champ politique français, expliquent-ils, car il adhère volontiers aux notions d’autoritarisme et d’homme providentiel. Mais le risque qu’il représente n’est pas à la mesure de son danger, parce qu’il est sous haute surveillance de la presse, de la justice et de ses adversaires. Les écologistes, par contre, disent-ils, ne font peur à personne. De là résulte le risque que leur idéologie fait courir à tous, risque d’autant plus grand que ce courant de pensée ne s’embarrasse pas de ses incohérences. Son aversion pour le nucléaire civil alors qu’il lutte supposément pour une décarbonation du bilan énergétique en est un exemple.

Il s’agit, certes, de rejouer le match que le communisme a perdu face au libéralisme économique, mais pas seulement. Le communisme aspirait prima facie à la prospérité pour tous ; l’écologisme, au contraire, à la décroissance et à la misère générale. En atteste la déclaration de l’un de ses distingués zélateurs français, l’astrophysicien et effondriste notoire Aurélien Barrau, à la conférence « Beyond Growth » qui s’est tenue du 15 au 17 mai 2023 dans l’enceinte du Parlement européen et dont le discours d’ouverture avait été prononcé par la présidente de la Commission européenne : « Imaginez un jour que nous disposions d’une énergie presque propre et presque inépuisable, ce serait, je crois, le pire scénario envisageable. » Pourquoi ? La prospérité et le bonheur du plus grand nombre ne figurent pas au programme de l’écologie politique.

Un néo-malthusianisme

Nombre de ses apologistes affichent d’ailleurs un « malthusianisme décomplexé » : leur idéologie, disent les auteurs, part de l’idée que « les humains sont toujours le problème et jamais la solution ». Une question légitime est de se demander comment une mouvance qui ne pèse guère qu’autour des 10% (et moins si désamour) lors d’élections a autant d’influence. La réponse est simple : question de Zeitgeist sans doute, il y a des crypto-écolos dans tous les partis et c’est tendance dans les paléo-médias et dans le milieu académique. En outre, une autorité incline toujours à en accroître l’exercice et l’écologie politique présente de multiples possibilités de réglementer, de contrôler et d’interdire. Tous au pouvoir, Commission européenne en premier lieu, puisent dans la caisse à outils écologiste. Rien de mieux qu’une alarme apocalyptique pour mobiliser les esprits faibles – les hommes-masse (cf. José Ortega y Gasset).

Un participant à une récente causerie sur l’Europe demanda si l’écologie politique fait expressément référence au malthusianisme dans son programme. Ecoutons cet autre héraut français, fondateur du groupe de réflexion Shift Project et de la société Carbone 4, le volubile Jean-Marc Jancovici, le 23 mai 2022, sur les ondes de France Info : « La planète terre n’acceptera pas d’avoir 10 milliards d’habitants sur terre ad vitam æternam vivant comme aujourd’hui. La seule question, c’est comment va se faire la régulation. Ou bien on essaie de la gérer au moins mal nous-mêmes, ou bien ça se fera de manière spontanée par des pandémies, des famines et des conflits qui favoriseront ces deux modes de régulation. Il vaudrait mieux s’en occuper et en discuter même si c’est un débat difficile. » Comme remède « raisonnablement indolore » à la surpopulation, ce fervent lecteur du rapport du Club de Rome sur les limites à la croissance suggère, en Europe, de ne plus « tout mettre en oeuvre pour faire survivre des personnes âgées [i.e. de plus de 65 ou 70 ans] malades ». A bon entendeur !

L’obsolescence programmée de la démocratie

Quand ce ne sont la propriété privée et le capitalisme libéral (pas celui de connivence, encore moins celui d’Etat), ce sont la démocratie et la liberté qui sont en ligne de mire et de la plus mortifère des façons, au nom de la planète et de l’intérêt général. La démocratie représentative serait un concept du passé. Les citoyens sont trop égoïstes ou gourdes pour que leurs élus soient éclairés quant à mettre en oeuvre la transition écologique. Ils doivent être encadrés. Par qui ? Les experts des ONG, pardi ! Il n’y aura que quelques droits, faciles à identifier, qui seront touchés : le droit de propriété, la liberté d’aller et de venir, la liberté de commerce et d’industrie. Presque rien. « Le discours antidémocratique, concluent Woessner et Seznec, n’a rien d’original. La nouveauté de notre époque est le motif invoqué – la sauvegarde de la planète – et son impressionnante capacité à anesthésier le débat. »

Les illusionnistes, Géraldine Woessner et Erwan Seznec, 440 pages, Editions Robert Laffont.

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2 commentaires

  1. J’ai lu ce livre, calme et nuancé (la nuance est importante) il y a un mois. Je ne puis que le recommander vivement aux gens modérés, sensés et ouverts. Il ne prête pas énormément à débats selon moi et n’affirme rien qui ne pourrait être remis en question (sauf à en démontrer le contraire). Le chapitre sur le rapport alarmiste du club de Rome (1972) qui prévoyait des pénuries de ressources quelques dizaines d’années plus tard est édifiant (je vous en laisse la surprise). Si vous continuez à croire que la décroissance économique (une diminution de la croissance de la faible croissance actuelle (*) du PIB) et l’antiproductivisme (notamment en matière agricole) sont la solution pour le maintien de l’Etat social (là où il a la chance d’exister) et le sauvetage de l’environnement, lisez également ce livre. (*) La croissance estimée pour 2025, pour l’U.E. (27) est d’à peine 1 % ! Et ce nombre inclut les amortissements !

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