Article précédent Article suivant L’éco-nihilisme : suicide collectif en vert
Posted in Economie Europe Psychologie Société

L’éco-nihilisme : suicide collectif en vert

L’éco-nihilisme : suicide collectif en vert Posted on 4 février 20231 Comment

L’écrivain Arto Paasilinna, connu pour son talent exceptionnel pour les romans de comédie noire, a publié, en 1990, Hurmaava joukkoitsemurha, l’un de ses titres les plus connus, traduit littéralement, notamment en anglais, par « Un charmant suicide collectif » (en français par « Petits suicides entre amis »), une étonnante exploration de la psyché finlandaise dans laquelle la misère du groupe se transforme en joie de vivre.

C’est en quelque sorte à un semblable exercice de prospection de la psyché occidentale qu’Edgar L. Gärtner se livre dans Öko-Nihilismus 2012, Selbstmord in Grün, à traduire, chacun l’aura deviné, par « Eco-nihilisme 2012, Suicide en vert », la version augmentée et révisée d’un ouvrage qu’il avait publié une première fois en 2007, si ce n’est qu’il ne s’agit pas d’un roman et que cela nous concerne tous. Il y va de l’avenir de notre civilisation et, au train où ça va, ça ne se terminera pas entre amis et dans la joie de vivre.

Gärtner a étudié l’hydrobiologie et les sciences politiques aux universités de Francfort-sur-le-Main et d’Aix-Marseille, obtenu un D.E.A. en écologie appliquée, collaboré au magazine Science et Vie à Paris et enseigné aux universités de Münster et de Kassel en Allemagne. Sa mise en garde à l’égard de la nouvelle tentation totalitaire qu’il aperçut dans l’écologie politique avec des années d’avance par rapport à de nombreux autres fut accueillie avec beaucoup d’intérêt à l’époque par des médias mainstream des pays de langue allemande.

Ses positions lui valent aujourd’hui d’être rangé parmi les Klimawandelleugner, les « négateurs du changement climatique (anthropique) ». C’est assez dire combien en une décennie « La Science » tranchée s’est faite tranchante et si le seuil de tolérance pour le débat s’est rapproché du zéro absolu.

Une culture de la mort

Qu’en est-il ? S’accordant avec les idées de Pascal Bruckner dans Le fanatisme de l’Apocalypse (2011), Gärtner dit d’une part qu’il est difficile de ne pas discerner, derrière la rhétorique de la survie dont se pare l’écologie politique, l’émergence, dans la vieille Europe, d’une culture de la mort. Sous prétexte d’une menace de catastrophe imminente, sont en effet en jeu non seulement la liberté et la dignité de milliards d’individus mais aussi leur vie même, car, faut-il le rappeler, le carbone, c’est la vie ; l’énergie, c’est la vie.

Il faut aussi d’autre part admettre que la lutte contre le changement climatique, ce dernier touchant toute la planète, présuppose une forme d’organisation politique globale, de gouvernement mondial, voire l’instauration d’un super-Etat policier de type communiste, afin de la régir. Cette utopie – car c’en est une, qui jamais ne s’est réalisée (pas même dans le 1984 d’Orwell) ni ne se réalisera, prédit Gärtner – précipitera par contre le déclin industriel et économique de l’Europe et la confinera dans (à présent) moins d’une décennie dans une fonction d’appendice vermiforme de l’Asie.

En quoi l’écologie politique comporte-t-elle une nouvelle tentation totalitaire ? Gärtner se réfère ici au journaliste américain Paul Berman qui dans Terror and Liberalism définit le totalitarisme comme « une politique de mobilisation de masse en vue d’objectifs inatteignables » au nom d’entités supra-personnelles telles que la classe, l’État ou une communauté de foi. Cette définition est en phase avec la pensée de la philosophe politique Hannah Arendt et s’applique à toutes les formes de totalitarisme – que l’on songe au communisme, au national-socialisme, au fascisme, à l’intégrisme religieux.

Une volonté de faire le ménage

Or, les tentatives totalitaires, toutes inspirées par une volonté de faire le ménage et de planifier les choses de manière centralisée, ont toujours fini dans des bains de sang et l’autodestruction. Autant s’en souvenir ! A cet égard, Gärtner expose un autre aspect éclairant de l’écologie politique, à savoir son nihilisme au sens où l’entendait Albert Camus dans L’Homme révolté (1951) : « Le nihilisme n’est pas seulement désespoir et négation, mais surtout volonté de désespérer et de nier. » N’y a-t-il pas par ailleurs un signe des temps, extrait du même ouvrage, en ce que « le dialogue a été remplacé par la propagande ou la polémique, qui sont deux sortes de monologue » ?

Comme déjà signalé, Gärtner a étudié l’écologie. Il s’est aussi intéressé de très près au darwinisme. Il révèle dans son Öko-Nihilismus un autre aspect de l’écologie politique, plus surprenant et présent dès l’émergence des partis verts et des ONG écologistes sur la scène politique, l’anti-évolutionnisme de leur image du monde : leur conception stationnaire, pré-darwinienne, de la nature les rapproche des tenants du dessein intelligent. Le pape François ne s’y est pas trompé ; les communistes et leurs crypto-pareils écologistes qui manifestent, bras dessus, bras dessous, « pour le climat », non plus.

Öko-Nihilismus 2012, Selbstmord in Grün, Edgar L. Gärtner, 316 pages, TvR Medienverlag Jena.

* * *

Aidez Palingénésie à accroître sa notoriété en transférant cet article sur l’éco-nihilisme à vos proches et à vos amis et en les invitant à s’inscrire sur palingenesie.com dans l’espace prévu à cet effet sur la page d’accueil et sous chaque article, ou directement via le lien suivant : s’inscrire. Merci d’avance pour votre précieux soutien.

Si vous ne l’êtes pas encore, inscrivez-vous – c’est gratuit ! – avec votre adresse e-mail sur palingenesie.com. Vous recevrez un e-mail à l’adresse que vous aurez indiquée vous priant de confirmer votre inscription, ceci de manière à éviter qu’un tiers ne vous inscrive à votre insu. Une fois l’inscription confirmée, vous recevrez, en principe chaque semaine, un article, souvent la recension d’un ouvrage qui apporte une vision du monde originale, différente de ce que l’on lit et entend par ailleurs.

* * *

Lisez ou offrez l’essai On vous trompe énormément : L’écologie politique est une mystification que Palingénésie a publié en avril 2020, en le commandant en version papier ou au format kindle sur Amazon.fr en suivant ce lien.

Vous le trouverez dans quelques librairies (voir la liste en suivant ce lien). Si vous êtes libraire et souhaitez proposer le livre à vos clients, n’hésitez pas à contacter Palingénésie à l’adresse newsletter@palingenesie.com.

Palingénésie dispose d’un petit stock d’exemplaires. Il vous est possible de commander le livre en direct en envoyant un mail à l’adresse de contact de cette newsletter.

* * *

(Cet article a paru dans l’hebdo satirique PAN n° 4072 du mercredi 25 janvier 2023.)

Share and Enjoy !

Shares

Soyez averti de nos prochains articles

1 commentaire

  1. OUI, on se fout des braves gens soumis au totalitarisme et je ne puis qu’encourager ces braves gens à lire le livre très agréable à lire et vraiment instructif d’Yves Roucaute, livre que je connais grâce à Palingénésie. MERCI Thierry!!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Shares