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EURO : Par ici la sortie ? (Patrick Artus et Marie-Paule Virard)

EURO : Par ici la sortie ? (Patrick Artus et Marie-Paule Virard) Posted on 2 mai 20171 Comment

A l’heure où certains, pas seulement les candidats populistes de tous horizons mais aussi, de manière plus surprenante, certains « libéraux », en ont fait le slogan de leur campagne électorale ou de leur fonds de commerce, EURO : Par ici la sortie ?, l’essai de Patrick Artus, chef économiste de Natixis et professeur à l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne, et Marie-Paule Virard, journaliste économique, jamais en retard d’un débat médiatique (s’en référer à leurs précédents essais La Folie des banques centrales : Pourquoi la prochaine crise sera pire ? paru en 2016 et Croissance zéro : Comment éviter le chaos ? paru en 2015, à chaque fois chez Fayard) a paru à point nommé cette année.

La création de l’euro fut-elle une tragique erreur et faut-il en sortir au plus vite, ainsi que de l’Union européenne ? Ces questions sont d’une actualité brûlante avant l’élection présidentielle française. Elles sont au centre du débat.

La France, faut-il le rappeler, milita avec ferveur en faveur de la création de la monnaie unique. Les économies européennes qui l’utiliseraient allaient toutes se ressembler et, mieux encore, ressembler à l’économie de l’Allemagne, cet objet de tous les fantasmes et de toutes les frustrations. Sauf que c’est l’inverse qui s’est produit, constatent les auteurs de EURO : Par ici la sortie ? Les divergences se sont accrues, les pays peu compétitifs avant la création de l’euro le devenant de moins en moins tout en s’endettant de plus en plus. L’euro a favorisé l’hétérogénéité des pays membres de la zone dès lors que l’absence de risque de change a poussé chaque pays à se spécialiser dans les domaines d’activité économique dans lesquels il disposait d’un avantage comparatif.

Patrick Artus et Marie-Paule Virard en citent pour preuve que la part de l’industrie dans le PIB de l’Allemagne a augmenté de 18% en 1999 à 21% alors qu’elle n’est que de 15% pour l’Italie, 12,5% pour l’Espagne et le Portugal, 7,5% pour la Grèce et à peine plus de 10% pour la France. Le marché de l’emploi reflète évidemment cette répartition : l’industrie compte pour 18% de l’emploi total en Allemagne contre 8% en Grèce alors que l’emploi peu qualifié (dans les services de proximité, les transports, l’hôtellerie et la restauration…) y représente 40% du total, ce qui, autre facteur négatif de la logique d’efficacité, encourage les plus qualifiés à s’expatrier vers le Nord où leurs capacités sont plus demandées et mieux valorisées.

Le bât blesse à un autre niveau. Les capitaux qui ont circulé dans l’union monétaire depuis 1999 des pays prêteurs vers les pays emprunteurs n’ont guère servis à financer des investissements productifs, mais plutôt à combler des déficits publics et à entretenir la spéculation immobilière. Quand le ciel s’est couvert, les fourmis ont mis leur épargne à l’abri et les cigales ont été prises au dépourvu. Le défaut de mobilité des capitaux au sein de la zone euro a eu pour effets l’obligation pour la BCE de poursuivre sa politique de rachat de dettes publiques et une faiblesse de la demande intérieure.

« Le cercle est vicieux, notent Patrick Artus et Marie-Paule Virard, car, sommés de faire disparaître leur déficit extérieur dès lors qu’ils ne trouvaient plus personne pour le financer, les acteurs des pays périphériques de la zone euro (entreprises, secteur public, ménages) ont taillé à la hache dans leurs investissements, ce qui constitue un handicap pour améliorer leur niveau de compétitivité et de croissance potentielle. »

Les auteurs considèrent l’asymétrie économique dans la zone euro comme structurelle en raison de son hétérogénéité, productive et politique. Alors, par ici la sortie ? Pas si évident, si l’on y réfléchit. En effet, personne n’y a vraiment intérêt. Dans l’hypothèse d’une disparition de l’euro, l’Allemagne enregistrerait une perte sur ses actifs détenus à l’étranger (260% de son PIB), proportionnelle au renchérissement de sa nouvelle devise, et la France, une hausse de sa dette brute (soit 325% de son PIB), proportionnelle à la dévaluation de sa nouvelle devise, par rapport à l’euro. En d’autres termes, une dévaluation de 30% de la nouvelle devise française résulterait en une augmentation de sa dette à concurrence de plus de 100% de son PIB !

Patrick Artus et Marie-Paule Virard avancent dans EURO : Par ici la sortie ? des propositions en appelant à plus de solidarité financière et institutionnelle entre les pays membres de la zone euro et de démocratie. Aussi pertinentes soient-elles, elles paraissent peu en phase avec la réalité politique européenne actuelle, à moins que le Brexit, paradoxalement, ou un autre bouleversement historique plus important ne fassent émerger une nouvelle conscience européenne et une génération d’hommes politiques plus soucieux de leurs responsabilités que de leurs prérogatives.

Entre-temps, la France ne devrait-elle pas s’inspirer de l’exemple de l’Espagne dont les auteurs eux-mêmes, pourtant critiques à son égard, admettent que la politique de baisse des salaires réels et de déréglementation du marché du travail a favorisé un redressement spectaculaire de son économie, en termes d’investissement des entreprises, de commerce extérieur et – dernier point, mais pas le moindre – d’emploi ?

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