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La fin du monde, vraiment ?

La fin du monde, vraiment ? Posted on 28 août 20211 Comment

« Non, nous ne courons pas vers la fin du monde ! Non, tout ne va pas de mal en pis ! », affirme Sylvie Brunel dans son essai paru chez JC Lattès, Toutes ces idées qui nous gâchent la vie.

Il est d’actualité de souligner le message de cette géographe et économiste, écrivain prolifique avec une trentaine d’ouvrages à son actif dont plusieurs sur le développement, notamment durable, dans la collection Que Sais-Je ?, professeur à la Sorbonne-Paris IV, à un moment où les médias officiels, faisant état du dernier rapport du GIEC, nous alarment à nouveau de ce que l’apocalypse est proche.

« Remettons un peu de sérénité dans nos existences ! », conseille cette mère qui dédie son pamphlet enlevé et vigoureux à ses enfants qui ont la chance de vivre dans un monde bien meilleur, dit-elle, que celui dans lequel elle a grandi.

Le climat n’est pas le seul thème sur lequel repose son propos mais le premier et c’est tout naturel, sans jeu de mot, car il faut se rendre à l’évidence, il est le principal dont les nouveaux prophètes de l’apocalypse se servent pour reformater nos existences. L’homme est mauvais, croient-ils, la nature est merveilleuse, tout allait bien mieux auparavant – avant la révolution industrielle.

Faut-il dès lors, pour entrer dans le vif du sujet, éliminer les combustibles fossiles sans autre délai ? Ce serait, répond Sylvie Brunel, condamner toute la partie de l’humanité en voie de développement qui en dépend et, ajoute-t-elle, cela risque de nous coûter très cher à nous Européens à tous égards. La Chine, tout occupée à conquérir le monde, se réjouit de notre aveuglement idéologique.

De fait, un demi-siècle après que Deng Xiaoping eut introduit le concept de socialisme de marché en Chine, celle-ci a profité de cette période de coexistence soi-disant pacifique pour se développer à marche forcée avec des entreprises largement contrôlées par l’État – l’actualité récente en a apporté de multiples preuves – et tisser à travers le monde – en particulier en Europe qui n’est finalement qu’une péninsule de la vaste masse continentale qu’elle partage avec elle – une toile d’araignée constituée d’accords commerciaux et de coopération, d’investissements réciproques, d’échanges de biens et de technologies, sur fond, bien sûr, d’innocente amitié entre les peuples désormais garantie par un nouvel empereur rouge doté des pleins pouvoirs.

Dérives et délires

Comment en sommes-nous arrivés là ? « L’Occident a pris peur », selon l’auteur. C’est bien vu, référence au principe de précaution ! En même temps, la civilisation occidentale a progressivement dérivé vers l’idée que la Planète est plus importante que l’Humanité. La proximité entre de grandes ONG environnementales dont c’est le fonds de commerce, le pouvoir politique ainsi que la grande industrie et la haute finance facilita les synergies tandis qu’entre ces différents acteurs s’opéraient des échanges de personnel. Sylvie Brunel parle d’une « curieuse consanguinité ».

Un autre élément de cette dérive en est le caractère irrationnel, quasiment religieux, s’opposant par définition à l’argumentation, à toute contestation. Cet aspect radical en constitue aussi le danger. Il provoque un délire collectif de mortification et justifie aux yeux de ses prosélytes tous les sacrifices. Sylvie Brunel cite à ce sujet une phrase prémonitoire du géographe Pierre George dans son Que Sais-Je ? datant de 1971 sur L’environnement : « Pour entraîner les masses à la croisade, il faut les terrifier. »

Et, comment éviterait-on d’évoquer un délire collectif quand le prix Nobel de la Paix a été décerné à un candidat malheureux à l’élection présidentielle américaine qui a parcouru le monde pour faire la promotion de son film apocalyptique sur le changement climatique ? Ce n’est pas nouveau, rappelle Sylvie Brunel, l’humanité a toujours souffert de sécheresses et de déluges, craint la colère du ciel et eu recours à des intercesseurs pour en obtenir la clémence.

Modèle en matière de protection de l’environnement et d’écologie (voir dans un précédent article de cette chronique les chiffres comparés par rapport au reste du monde en ce qui concerne tant ses émissions de CO2 que sa consommation d’énergie primaire par tête d’habitant), l’Union européenne ne cesse pourtant de s’autoflageller et d’imposer à ses populations et à tous ses acteurs économiques qui ne bénéficient pas de ses largesses de nouveaux sacrifices (réglementations, normes, taxes) sous prétexte de montrer l’exemple au reste du monde qui n’a que faire de sa morale écologiste et de ses actes de contrition, si ce n’est d’en retirer quelques avantages financiers, industriels, géopolitiques.

« Comment mieux tuer l’agriculture, l’industrie, la technologie, les transports, et tous les secteurs d’avenir européens qu’en leur assignant un carcan unilatéral, et sans équivalent dans le monde, de taxes et de contraintes ? » observe Sylvie Brunel. Ce faisant, l’Europe précipite son dépérissement et la résurgence de l’Empire du Milieu qui déjà lui adresse des remontrances quand elle ne s’en tient pas au discours politiquement convenu à son égard.

Paganisme et inquisition

« La fin du monde, vraiment ? Comment peut-on nous faire le coup à intervalles aussi réguliers, depuis que l’humanité existe ? » s’interroge Sylvie Brunel. A l’âge de la conquête de l’espace, de l’intelligence artificielle et du transhumanisme, nous voilà confrontés en Occident au paganisme et à l’inquisition écologiste, à des charlatans qui, tout ne se refusant rien, hier prêchaient la repentance et la pauvreté évangélique aux masses miséreuses, désormais prêchent la repentance et la sobriété écologique aux masses qu’ils s’échinent à replonger dans la misère.

« Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances », écrivit Proust dans Du côté de chez Swann, cité par Sylvie Brunel, qui rappelle que même la collapsologie n’a rien de nouveau, sauf qu’au temps où tout allait mieux Rabelais l’appelait la « désastrologie », la science du désastre.

Plus proches de notre époque, d’éminents scientifiques de l’université de Chicago mettent à jour, depuis le début de la guerre froide en 1947, une « Horloge de l’Apocalypse » (Doomsday Clock) sur laquelle nous n’avons jamais été éloignés que de quelques minutes, désormais secondes (23 h 58 min 20 sec), de minuit (l’heure de la fin du monde), et d’autres grands esprits, du Club de Rome et du MIT, prédirent en 1972 l’épuisement des ressources énergétiques et minérales et l’effondrement du système planétaire avant la fin du siècle dernier…

Toutes ces idées qui nous gâchent la vie, Sylvie Brunel, 280 pages, Editions JC Lattès.

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(L’article ci-dessus a initialement été publié dans l’hebdomadaire satirique PAN n° 3997 du vendredi 20 août 2021.)

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