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« Léopold II, le plus grand chef d’Etat de l’histoire du Congo » (J.-P. Nzeza Kabu Zex-Kongo)

« Léopold II, le plus grand chef d’Etat de l’histoire du Congo » (J.-P. Nzeza Kabu Zex-Kongo) Posted on 29 juin 2020Leave a comment

L’auteur de cet essai en réhabilitation de Léopold II n’est pas de ceux qui se contentent de jeter un regard univoque sur le passé du Congo avec les yeux d’aujourd’hui. Le fait que J.-P. Nzeza Kabu soit un intellectuel congolais, titulaire d’un doctorat de géographie et de pratique du développement dans le tiers-monde, ajoute à la valeur de son témoignage, par rapport à l’agit-prop de ceux qui, confortablement installés dans l’impunité du présent, se complaisent à proférer des opinions lapidaires et des slogans et à commettre des actes de vandalisme au lieu de s’informer et de débattre.

J.-P. Nzeza Kabu s’étonne, ayant lu le livre d’un Américain et visionné le documentaire d’un Anglais qui, l’un publié en 1998 et l’autre diffusé en 2003, parlaient l’un d’holocauste et l’autre de génocide, que ces réquisitoires exclusivement à charge – qui entraînèrent une condamnation sans appel du règne de Léopold II – ne replacèrent pas les faits dans leur contexte et ne tinrent aucun compte de la difficulté de vérifier lesdits faits.

L’histoire est globale, un fait appréhendé isolément perd de sa signification. Pourquoi les auteurs du livre et du documentaire dont question n’ont-ils pas rappelé le martyr des populations autochtones de toutes les conquêtes et exploitations coloniales (américaines et britanniques en tout premier lieu, françaises, hollandaises, italiennes, espagnoles, portugaises, japonaises, etc.) ?

Dans un discours prononcé à la Chambre des Lords en 1878, Disraeli, Premier ministre à l’époque, parlait de ceux qui par millions dans les provinces de l’Empire britannique s’étendant à toutes les zones du globe lui étaient liés par « la chair et le sang » et « le pouvoir de l’épée »… Cela témoigne assez de ce que l’oeuvre colonisatrice britannique fut empreinte de prévenance pour les populations autochtones.

« Il n’y a pas de petits pays, … »

Certes, les horreurs commises par les uns n’excusent pas celles commises par d’autres. J.-P. Nzeza Kabu juge Léopold II responsable des exactions qui ont pu être commises sous son règne au Congo, mais non coupable, et, dans l’ensemble, il n’en estime pas moins l’oeuvre de Léopold II, remarquable. Il considère que les Belges et les Congolais ne doivent pas en avoir honte et il s’en explique dans Léopold II, le plus grand chef d’Etat de l’histoire du Congo.

Au temps du règne de Léopold II (1865-1909), six grandes puissances dominent l’Europe : l’Empire allemand, l’Empire britannique, l’Empire français, l’Empire austro-hongrois, l’Empire russe et l’Empire ottoman. La Belgique est convoitée par la France où Napoléon III confisque les biens de la Maison d’Orléans à laquelle appartenait Louise, la première reine des Belges par son mariage avec Léopold Ier et la mère de Léopold II.

Ce dernier est privé de l’héritage considérable de sa mère et il voit son royaume menacé d’annexion par la France. Pour l’en prémunir, il épouse une archiduchesse issue de la Maison d’Autriche, Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine et il rêve de grandeur. « Il suffit d’oser pour réussir », dit-il, citant l’exemple des Provinces-Unies des Pays-Bas, dans un discours qu’il prononce au Sénat belge dont il est membre de droit.

Au 19e siècle, la colonisation est rarement critiquée. Pourtant, rapporte J.-P. Nzeza Kabu, s’il est un peuple qui fut anti-colonialiste, c’est bien le peuple belge et son gouvernement ne l’était pas moins, ce qui leur valurent ces saillies mémorables de leur Roi : « Je suis le souverain d’un petit royaume et de petites gens » et « Il n’y a pas de petits pays, il n’y a que de petits esprits ». Léopold II n’en devint pas l’objet d’un amour irrépressible et aveugle de la part de ses compatriotes.

Le Congo, un pays de la taille d’un sous-continent

Quoi qu’il en fût, il entreprit son rêve sur sa propre cassette et ce fin diplomate constitua « de haute ruse » (relatée en détail dans le livre de J.-P. Nzeza Kabu) et légua à la Belgique, et ainsi au Congo, un territoire immense de la taille d’un sous-continent, 2.236.892 km2, le huitième pays le plus étendu au monde, de 80 fois la taille de la Belgique.

Le Congo est composé d’une multitude d’ethnies et de tribus (ainsi que de sous-tribus et de clans) dont la fraternité et la solidarité ne dépassent pas ces limites, mais, coup de chance ou coup de génie de Léopold II, tous les Congolais sont de même sang bantou. Léopold II utilisera trois autres leviers pour créer une identité nationale, l’instruction et l’éducation, le christianisme et la langue française, la langue internationale de l’époque.

Par comparaison, nombre d’autres Etats africains qui constituent des agrégats composites sont minés par leur caractère hétéroclite, multiconfessionnel, multilingue, multiculturel et multi-d’autres choses et ils sont ensanglantés par d’incessants conflits.

A ceux qui voient les choses par le petit bout de la lorgnette, J.-P. Nzeza Kabu fait remarquer le legs économique léopoldien et belge : un Congo qui a tous les atouts pour être puissant et prospère et qui l’était au moment de son indépendance en 1960. Le Congo, ce sont 80 millions d’hectares de terres arables non encore exploitées offrant la possibilité de nourrir 3 milliards d’individus – soit nourrir près de 40% de la population actuelle de la terre ! – ; le Congo, c’est une surabondance d’eau douce ; le Congo, c’est aussi une abondante main d’oeuvre.

Incroyable mais vrai

« Incroyable mais vrai », ajoute J.-P. Nzeza Kabu, la Belgique laisse en juin 1960, il y a 60 ans, un Congo émergent et prospère, dont le niveau de vie est le plus élevé d’Afrique, aux mains des Congolais qui, à l’époque, bénéficient de la gratuité des soins et dont tous les enfants en âge d’études primaires sont scolarisés. Cette réussite extraordinaire de l’Administration belge qui entre 1885 et 1960, en l’espace de 75 ans, a transformé la friche congolaise en un pays émergent, J.-P. Nzeza Kabu en rend hommage à la qualité des ressources humaines que la Belgique avait mises à la disposition du Congo.

Hélas, ce Congo émergent, premier de classe, au fabuleux potentiel minéral, énergétique, agricole, forestier, touristique, en eau douce et en biodiversité, sous Administration congolaise depuis 60 ans, retourne à la friche, s’indigne J.-P. Nzeza Kabu qui en incrimine les détenteurs du pouvoir, lesquels ne l’exercent pas mais se contentent d’en jouir et refusent de s’en séparer. Il cite le philosophe et homme politique irlandais Edmund Burke à ce sujet et répète ce que disait Goethe : « Ce que vous avez hérité de vos ancêtres, il faut le mériter par vous-même, autrement cela ne vous appartiendra jamais. »

L’auteur invite ses compatriotes à « dépasser la névrose nationale » (peut-être serait-il de circonstance d’y inviter les Belges eux-mêmes, mais pour des raisons différentes…) et à s’inspirer de ce tempérament visionnaire et entreprenant de vrai leader qui caractérisait le Roi-Souverain Léopold II dont il reprend le portrait qu’a dressé de lui l’historien belge Georges-Henri Dumont en 1990.

J.-P. Nzeza Kabu conclut son livre passionnel, passionné et passionnant par ces deux mots qu’il adresse au Roi-Souverain Léopold II, premier Congolais de l’histoire : « Merci Sire. »

Léopold II, le plus grand chef d’Etat de l’histoire du Congo, J.-P. Nzeza Kabu Zex-Kongo, 204 pages, L’Harmattan, Série Histoire, Collection Etudes africaines.

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