Libéralisme et climatisme, l’Occident peut-il raisonnablement adhérer à l’un et à l’autre ?
Dans son édition européenne des 29 et 30 juin, le Financial Times publiait en page 4 de son premier carnet, l’un en-dessous de l’autre, deux articles, l’un sous le titre « Les dirigeants du G20 rejettent l’attaque de Poutine contre le libéralisme », l’autre, « Conditions météorologiques. Réchauffement climatique – La vague de chaleur en Europe alimente l’alerte au changement climatique », illustré par quelques jeunes femmes décontractées qui prenaient un bain de pieds sous une fontaine dans le Lustgarten à Berlin.
Au sommet d’Osaka, les dirigeants occidentaux auraient, d’après le Financial Times, unanimement défendu les valeurs libérales et ils se seraient insurgés contre les propos de Vladimir Poutine, dans une entrevue accordée à ce même journal, auquel il déclara que le libéralisme était « obsolète » et que les valeurs de multiculturalisme, de frontières ouvertes et de tolérance sociale avaient fait leur temps.
Dans l’élan, M. Poutine refit aussi l’éloge de Donald Trump. Il avait déjà confié précédemment que « Donald » (Trump) était quelqu’un de talentueux, qui avait perçu ces changements dans la société américaine et en avait tiré parti. A en juger par le regard glacial échangé entre le président russe et Mme May sur une photo prise à l’issue de leur rencontre en marge du sommet, les Britanniques se montrent moins réceptifs aux conceptions de Vladimir Poutine. Boris Johnson, actuellement favori pour remplacer Mme May à la tête du parti conservateur et comme Premier ministre du Royaume-Uni, a fait savoir que « l’Histoire prouvera que Vladimir Poutine a tort. Le libéralisme continuera à triompher ».
Encore faudrait-il s’entendre sur la forme sous laquelle le libéralisme continuera à triompher, car le réduire aux valeurs de multiculturalisme, de frontières ouvertes et de tolérance sociale, si cela sied à des esprits tels qu’un Alexandre Douguine en Russie ou, plus près de chez nous, un Alain de Benoist et d’autres qui en ont fait leur fonds de commerce, c’est quand même prendre un fameux raccourci. Cela vaut d’autant plus pour ceux qui se revendiquent du libéralisme.
De ce point de vue, l’autre article publié sur la même page du Financial Times dont le titre faisait le lien entre la vague de chaleur qui a submergé l’Europe et le réchauffement climatique est révélateur. S’il y est essentiellement question de la vague de chaleur, l’article ne manque pas de faire état de ce que des scientifiques prévoient que les montées en flèche des températures se feront plus fréquentes et plus brutales à l’avenir en raison du réchauffement climatique et de l’affaiblissement du jet-stream de l’Atlantique nord et que la récente vague de chaleur « sans précédent » ne constitue qu’un avant-goût de ce qui nous attend.
Et, pour ceux qui douteraient que le réchauffement climatique dont il est question est celui d’origine prétendument anthropique, un troisième article levait l’ambigüité, publié par le FT sous les deux autres et le titre « Environnement – Des économistes de l’UE lancent un appel en faveur de l’application de taxes sur le carbone et d’une réforme de l’échange des droits d’émissions »… Vladimir Ilitch, « ami du genre humain », relève-toi ! Ils sont devenus fous.
Etonnez-vous, sur un plan strictement épistémologique, de ce qu’il soit souvent difficile de prévoir le temps qu’il fera chez nous à plus de dix jours mais qu’il serait, par contre, possible de prévoir, au dixième de degré et au millimètre de crues océaniques près, l’évolution d’un phénomène, tel que le climat, qui se déploie sur plusieurs décennies, voire plusieurs siècles ou millénaires, et l’on vous rétorquera que météo et climat n’ont rien à voir. Excepté, bien sûr, lorsqu’il s’agit de prendre prétexte d’une vague de chaleur pour affirmer le contraire.
Etonnez-vous, en restant sur le plan de l’épistémologie, de l’arrogance qui consiste à affirmer que le réchauffement climatique, s’il est avéré (malgré les réserves quant à la manière de le mesurer et de le calculer), est nécessairement d’origine anthropique et que, de surcroît, l’homme est capable d’y remédier et l’on vous taxera d’ignorance crasse ou de climato-scepticisme, alors que votre incrédulité ne s’exerce qu’à l’égard de la prétention de comprendre complètement des phénomènes d’une complexité infinie dans laquelle le rôle de l’homme est très limité.
« L’une des absurdités de la nature de l’homme, écrivit Stefan Zweig dans Conscience contre violence, est que les idéologues voués à une seule doctrine sont complètement insensibles à tout ce qui n’est pas elle. Et comme l’étroitesse de la pensée engendre l’injustice dans l’action, il en résulte un fanatisme qui ne laisse point place à la tolérance et à l’esprit de conciliation. »
Avec le climatisme, l’on quitte le domaine de la science et l’on entre dans celui de l’idéologie et de la croyance. L’on prend congé du libéralisme dont le projet était primordialement de rompre avec toute forme d’absolu. Vladimir Poutine aurait-il raison, sur le fond sinon sur les prémices ? Le libéralisme ne serait-il pas décidément en voie d’obsolescence ?
* * *
Si cet article vous a plu, partagez-le sur les réseaux sociaux et envoyez-en le lien à vos relations susceptibles de s’y intéresser. Abonnez-vous à la newsletter sur la page d’accueil du site afin de ne manquer aucun article qui y est publié. C’est gratuit et vous pouvez à tout moment vous désabonner. Soutenez la page Palingénésie sur Facebook et suivez Palingénésie sur Twitter.
Si vous ne souhaitez plus recevoir de mails de Palingénésie vous informant de la parution des articles, il vous est loisible de vous désabonner via l’espace « Newsletter » sous l’image principale de la page d’accueil du site ou par l’envoi d’un mail de désabonnement à l’adresse figurant dans les mails que vous recevez de Palingénésie.