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« C’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison »

« C’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison » Posted on 22 mars 2019Leave a comment

« C’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison », disait Coluche.

S’il est un domaine dans lequel nos connaissances ont fortement progressé, ces dernières décennies, c’est celui des sciences cognitives et, en particulier, des sciences comportementales, dans la mesure où ces dernières, sous l’autorité notamment des « prix Nobel d’économie » Daniel Kahneman (2002) et Richard Thaler (2017) ainsi que d’auteurs d’essais à succès tels que Nassim Nicholas Taleb et Malcolm Gladwell, se sont écartées de la théorie classique de l’utilité et ont abouti à la conclusion que nous n’agissions pas nécessairement au mieux de nos intérêts. Nous sommes – souvent – nombreux à avoir tort.

Dans Thinking, Fast and Slow, son propre bestseller et la somme des travaux qu’il a menés au cours de sa carrière avec Amos Tversky, Daniel Kahneman expose que nous avons recours à deux modes de pensée pour appréhender la complexité du réel, l’un intuitif, émotionnel et rapide, l’autre réfléchi, logique et lent, l’un n’excluant pas des interactions avec l’autre face à une situation donnée. L’un des thèmes centraux de ces travaux est l’aversion à la perte, un biais cognitif qui, selon lui, provient de ce que le cerveau humain (et celui d’autres animaux) contient un mécanisme conçu pour réagir plus rapidement aux menaces et qui explique que nous prêtions plus d’attention aux mauvaises nouvelles et que nous préférions le status quo.

Un autre thème cher à Daniel Kahneman réside dans notre propension à chercher des liens de cause à effet et à attribuer des intentions. Il cite cet exemple révélateur qu’il emprunte au livre The Black Swan de N. N. Taleb : le jour de la capture de Saddam Hussein, en un premier temps, les obligations du Trésor américain augmentèrent et, en un second temps, ce furent les actions, amenant Bloomberg News à commenter les conséquences du même événement (la capture de Hussein), d’une part, par l’aversion au risque en raison de la persistance de menaces terroristes, et, d’autre part, par la prise de risque en raison du dénouement de cette situation, c’est à dire à donner d’un même événement deux explications contradictoires qui en annulait donc toute valeur significative.

S’appuyant sur un article du psychologue Paul Bloom, Kahneman va plus loin et avance que cette disposition à accepter les deux modes de causalité, physique et intentionnelle, nous prédispose naturellement à accepter les deux croyances centrales de nombreuses religions, l’existence d’une divinité immatérielle comme cause ultime du monde physique et celle d’une âme immortelle qui habite notre corps pendant notre vie et qui le délaisse à notre mort, deux croyances qui relèvent du fonctionnement de notre mode de pensée instinctif ou intuitif et non d’un raisonnement logique.

La prépondérance des intuitions de nature causale dans notre perception du monde résulte de ce que nous sommes enclins à adopter un mode de pensée linéaire et causal de manière inappropriée face à des situations auxquelles il nous faudrait réfléchir en termes aléatoires, de statistique et de probabilités. Que l’on songe ici à l’exemple du « paradoxe des anniversaires », à savoir de la probabilité que deux personnes d’un groupe de 23 personnes aient leur anniversaire le même jour. La plupart d’entre nous estiment que cette probabilité est très inférieure à 50%, alors qu’elle est supérieure à 50% (50,73%). (La bonne intuition eût été de calculer le nombre de paires possibles 23 x 22 : 2 = 253, un nombre qui représente plus de la moitié du nombre de jours d’une année. Mais, en vérité, il faut recourir au calcul factoriel.)

Si cela ne suffisait pas à nous insuffler une dose d’humilité épistémologique, il est une autre inclination de l’esprit humain qui en fausse l’appréhension de la complexité du réel, à savoir l’étonnante asymétrie avec laquelle nous traitons les informations en notre possession et celles qui ne le sont pas et notre capacité à tirer des conclusions hâtives sans tenir compte de la quantité ni de la pertinence des informations en notre possession. Daniel Khaneman a attribué à cette inclination de l’esprit de privilégier la cohérence des informations par rapport à leur complétude le vocable de WYSIATI, What You See Is All There Is, car elle apparaît de manière récurrente dans les expérimentations qu’il a conduites. L’Homme ne résiste jamais à inventer une bonne histoire quand bien même la vérité n’en est que partielle voire partiale, ou ne peut en être vérifiée.

Ne voyez bien sûr dans tout ce qui précède aucune inférence par rapport au Réchauffisme, puisque « 97% des savants » de la planète corroborent cette vision du monde scientiste, malthusienne et apocalyptique à visée politique totalitaire et liberticide, même si cette vision ne s’appuie que sur une simple corrélation statistique binaire aléatoire et une aberration mathématique…

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En rapport avec cet article : Réchauffement climatique : Le pavé dans la marre ! (Jean-Marc Bonnamy) – Green New Deal : L’éco-socialisme débarque aux Etats-UnisDes climato-pubères et du fil rouge dans la mouvance verteLa transition énergétique en questionLa guerre des métaux rares : la face cachée de la transition énergétique et numérique (Guillaume Pitron).

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