Selon le baromètre européen publié en 2013 par Europ Assistance, l’Europe est la destination préférée de huit Européens sur dix pour leurs vacances, tout comme pour 79% des Belges. Parmi ces derniers, la France reste toutefois la destination privilégiée (34%). Suivent, à bonne distance, l’Espagne avec 14 %, l’Italie (11%) la Grèce (3%). Seuls 9 % des Belges choisiraient la Belgique comme destination de vacances.
En outre, selon un article du magazine économique Trends Tendances, pour les trois Belges sur dix qui envisagent de partir à l’étranger après la retraite, c’est aussi la France qui reste la destination la plus populaire, suivie de l’Espagne et de l’Afrique.
Aussi, comment, Belges, ne nous inquiéterions-nous pas des informations alarmistes à propos de la France, amplifiées dans des ouvrages français tels que Je suis venu te dire que je m’en vais d’André Bercoff ou Pourquoi je vais quitter la France de Jean-Philippe Delsol et attestées par la présence de nombreux Français sur notre territoire et le fait que Londres, où vivraient plus de Français qu’à Lille, Nantes ou Bordeaux, serait, selon la BBC, devenue la sixième plus grande ville de France ? La France est-elle à ce point malade de sa dérive politique, comme l’affirme Philippe Nemo, historien français, spécialiste de philosophie sociale et politique, dans de récents ouvrages dont La régression intellectuelle de la France (publié chez Texquis, à Bruxelles) ?
Comment donc sauver la France ? Un sondage Ifop ayant révélé que les Français seraient encore moins optimistes au sujet de leur avenir que les Irakiens et les Afghans, Simon Kuper, journaliste britannique vivant à Paris, y va, dans un récent article publié par le Financial Times, de quelques constatations et suggestions.
Que l’élite politique, économique et intellectuelle du pays vive en vase clos dans les quartiers snobs et chers d’une ville froide et sans lumière ne peut qu’influer négativement sur la conduite des affaires, énonce-t-il. Déplacez donc la capitale dans le sud et vendez Paris aux potentats africains, aux membres du PC chinois et aux navetteurs londoniens qui n’auraient pas attendu qu’on les y invite.
La grandeur n’est plus de rigueur, écrit encore le journaliste faisant état de ce qu’en tant que Britannique, il parle d’expérience. C’est ainsi. Il faut l’accepter. Par voie de conséquence, faites l’économie d’une armée, conseille-t-il aux Français, et cédez la vôtre à l’ONU qui s’en servira comme d’une force de dissuasion permanente. Le budget de la défense française représente cinq fois celui des forces de l’ONU : il serait utilisé de manière plus judicieuse s’il servait la cause des Nations Unies.
Supprimez le formalisme des « monsieur », « madame » et « vous » lorsque vous vous adressez les uns aux autres. Il ne sert qu’à établir des barrières et une distance entre vous. La Révolution française ne les avait-elle pas abolis? Mettez, par contre, un frein à l’impolitesse teintée de morosité se propageant de manière endémique à Paris, rudesse dont, selon Kuper, même l’actrice Scarlett Johansson, résidente parisienne depuis peu, se plaindrait.
De manière prévisible venant de la part d’un anglophone, Kuper suggère aussi que l’on enseigne en France dorénavant en anglais. Soit, argue-t-il, les Français souhaitent avoir voix au chapitre dans les affaires globales, soit ils souhaitent parler français, mais faire les deux n’est plus de mise. Profitez-en, ajoute Kuper, pour inciter vos enseignants à encourager leurs élèves plutôt qu’à les morigéner dès leur premier jour de classe. Ces changements radicaux transformeraient en profondeur les perspectives de la société française.
Enfin, termine-t-il, remplacez la Première Dame de France par une équipe de Premières Dames dont la diversité permettrait de sélectionner celle qui convient le mieux à toute occasion : ce serait, par exemple, une journaliste dans un cas, une actrice dans un autre, voire un compagnon pour accompagner le Président en Russie.
Mais, cette réforme-là, n’est-elle pas déjà engagée ? Elle n’a rien de bien original et elle ne suffirait certes pas à elle seule à amorcer une palingénésie.