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La guerre de l’énergie

La guerre de l’énergie Posted on 23 décembre 20233 Comments

« On n’a pas de pétrole, mais on a des idées. » Le slogan date de 1974 et est extrait d’une campagne publicitaire de l’Agence française pour les économies d’énergie. C’était en pleine crise pétrolière. Un demi-siècle après, on n’a toujours pas de pétrole et on est désormais aussi à court de bonnes idées.

Fabien Bouglé est connu pour avoir éclairé la face noire de cet emblème de la transition énergétique que sont les éoliennes (2019) et révélé les vérités cachées de la propagande antinucléaire (2021). En guise de synthèse, il nous plonge à présent « au coeur du nouveau conflit mondial », le sous-titre de son dernier essai, Guerre de l’énergie. « La Troisième Guerre mondiale a commencé », annonce-t-il, une guerre inédite, certes non dépourvue de tentatives d’annexion de territoires comme par le passé, mais recourant aussi à un arsenal économique, politique, informatique, psychologique, alimentaire et biologique.

Sans énergie, l’économie est à l’arrêt et c’est la misère. Or, l’Europe, il faut bien le constater, est loin d’avoir assuré sa souveraineté énergétique, c’est à dire de produire sur son propre sol l’énergie dont elle a besoin en limitant les importations en provenance de pays tiers de combustibles et de matières premières pour la construction de ses outils de production (pensez aux éoliennes et aux panneaux photovoltaïques). A défaut de pétrole, substituer une dictature à une autre comme fournisseur de ressources ne semble pas une idée lumineuse. Les Etats-Unis et la Russie, par contre, occupent une position privilégiée : ces deux pays sont indépendants sur le plan énergétique – et concurrents.

Ce n’est pas en plantant des éoliennes à gogo et en se couvrant de panneaux solaires que l’Europe réduit sa dépendance : dans le domaine des énergies renouvelables, c’est de la Chine qu’elle dépend pour les matières premières. Or, consommation d’énergie et croissance économique sont corrélées : sur ce point, les décroissantistes qui prêchent l’abstinence et la tiers-mondisation sont cohérents et, façon d’accélérer les choses, prêts à faire dépenser à l’UE 5.300 milliards d’euros qu’elle n’a pas pour réaliser une transition énergétique illusoire d’ici 2050 alors que les centaines de milliards dépensés jusqu’à présent n’ont abouti qu’à des résultats dérisoires.

Le fait est que souveraineté énergétique et souveraineté industrielle vont de pair. Les Etats-Unis, où l’énergie est jusqu’à 5 à 6 fois moins chère qu’en Europe, l’ont bien compris : une énergie abondante et bon marché attire les investissements économiques et favorise la réindustrialisation, l’emploi et le pouvoir d’achat. Faire en sorte que l’énergie soit chère et précaire aboutit nécessairement à l’inverse. C’est pourtant la voie que suit l’UE. Et, selon Bouglé, imputer la crise énergétique à la guerre en Ukraine trahit la vérité : la crise date d’avant la guerre et cette dernière s’inscrit dans une guerre beaucoup plus vaste dont atteste, à ses yeux, le sabotage des gazoducs Nord Stream d’une capacité de distribution de 110 milliards de m3 de gaz russe, soit 25% de la consommation annuelle de l’UE.

Les Etats-Unis sont devenus le premier producteur mondial de gaz devant la Russie et le premier producteur de pétrole devant l’Arabie saoudite et la Russie. Avant 2022, la Russie comptait pour 45% des importations de gaz en Europe ; en 2022, ce furent les Etats-Unis le premier pays d’importation de gaz en Europe avec une part de 42%. L’UE, en état de vassalisation énergétique, a changé de suzerain mais dans la transition les Etats-Unis font coup double : ils assoient leur pouvoir en Europe et, concomitamment, confère à leur industrie un avantage concurrentiel, encore renforcé par le dispositif législatif de l’Inflation Reduction Act de 2022.

S’ajoute à cela que sévit en Europe une guerre de l’énergie intestine entre adversaires et partisans du nucléaire, une guerre dûment instrumentée, en fonction de leurs positions idéologiques et de leurs intérêts, par des ONG dont des militants occupent des fonctions au sein même du pouvoir politique, en Allemagne et au niveau européen. Bouglé parle de mercenaires énergétiques et donne des noms.

Guerre de l’énergie, Fabien Bouglé, 304 p, Editions du Rocher.

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(Cet article a paru dans l’hebdo satirique PAN n° 4119 du vendredi 22 décembre 2023.)

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3 comments

  1. EXTRA, ce livre que je viens de lire et recommande à TOUS: facile à lire, complet, instructif! Et je profite de l’occasion pour recommander les livres de Bouglé concernant les éoliennes, le nucléaire… Cet homme se renseigne vraiment, ne se laisse pas « influencer ».

  2. Les pompes à chaleur ne sont actuellement pas rentables et l’argument selon lequel elles sont constamment propres est facilement réfutable (du moins, en partie) puisque tout va dépendre du type de production (très carbonée, peu ou pas) de l’électricité qu’elle reçoivent en hiver, au moment où elle sont les plus sollicitées. Il faut continuer à croire aux progrès techniques : https://fr.businessam.be/reactions-de-fusion-positives-en-energie/

  3. La souveraineté énergétique ne se limite pas qu’à la souveraineté industrielle. Elle est tout aussi indispensable pour l’agriculture (mécanisation, transport, distribution, etc.). Dans la présentation du livre, l’auteur indique aussi la souveraineté alimentaire. Enfin, elle est aussi indispensable pour notre mobilité domestique et professionnelle.

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