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« Pour un Conseil mondial de la Résistance » (M. Chemillier-Gendreau)

« Pour un Conseil mondial de la Résistance » (M. Chemillier-Gendreau) Posted on 25 septembre 2020Laisser un commentaire

Spécialiste de droit et de sciences politiques, Madame Chemillier-Gendreau est professeur émérite (Paris-Diderot) et intervient à la Cour internationale de Justice de La Haye où, précise l’éditeur de son dernier opus, « elle défend bien souvent des pays du Sud dans différents contentieux face aux puissants ». Ce court essai paru en juin 2020 et intitulé Pour un Conseil mondial de la Résistance en guise de clin d’œil posthume à Stéphane Hessel, témoigne de ce que, à 85 ans, elle n’a pas perdu sa pugnacité d’esprit.

La pandémie en a constitué l’annonce, le moment est venu, selon Madame Chemillier-Gendreau, de réinventer le monde, d’encadrer la globalisation économique et technologique d’une conception cosmopolitique du monde, c’est à dire, en premier lieu, d’instaurer la solidarité de tous les humains entre eux. Que sommes-nous les uns par rapport aux autres ? se fait-elle l’écho de la question que posa en 1840 Pierre Leroux, un philosophe français, homme politique et théoricien du socialisme, dans De l’Humanité. Sommes-nous des ennemis, ou sommes-nous des frères ?

La proposition selon laquelle le capitalisme est la cause d’inégalités de plus en plus fortes et socialement insupportables ne ferait, d’après Madame Chemillier-Gendreau, plus l’objet de la moindre discussion, pas plus que celle selon laquelle le capitalisme détruit la nature. Le capitalisme est un système économique, précise-t-elle, dans lequel seul règne le profit et ce dernier ne connaît aucune limite, s’agirait-il de faire le commerce d’enfants ou d’organes prélevés sur le corps humain ou d’exploiter les forêts. Un monde dominé par le système capitaliste serait voué « au naufrage à travers des violences insoupçonnées ».

Madame Chemillier-Gendreau dresse plusieurs constats d’échec du « capitalisme » telle qu’elle le conçoit, à commencer par la crise hospitalière et la non-maîtrise de la production pharmaceutique et de l’approvisionnement des fournitures sanitaires pendant la pandémie, des lacunes flagrantes qui marquent, en outre, la faillite des politiques nationales à cet égard.

Mais, il y en a, bien sûr, d’autres : les inégalités, l’usure des démocraties, l’endettement, une ONU et ses organisations satellites impuissantes quant à corriger « le déséquilibre mortel d’une économie globalisée sans institutions politiques capables d’imposer le bien-être général et la protection de l’environnement », la financiarisation et la numérisation, la corruption, l’armement nucléaire et le lien allégué entre la crise sanitaire et « la catastrophe écologique ». Ce catalogue à charge du monde occidental est bien connu.

Le risque serait, selon l’auteur de ces constats, que les choses reprennent leur cours comme ça allait avant la pandémie, avec une globalisation sans frein ni contrôle, amplifiée par le déploiement des industries du numérique.

L’Organisation des Nations Unies, en charge de garantir la paix et de pourvoir le monde d’institutions permettant de le régir, n’étant, d’après Madame Chemillier-Gendreau, plus à même de remplir sa mission, elle entend jeter les fondements d’une société radicalement différente, basée sur la promesse que se feraient les humains de respecter au bénéfice de tous des principes indérogeables en matière de droits civils et politiques ainsi que de droits économiques, sociaux et culturels.

En fait, il s’agirait de rendre intangibles et d’application générale, justiciables devant n’importe quelle juridiction nationale ou internationale, la Déclaration universelle des droits de l’homme ainsi que les deux pactes des Nations Unies dans les matières qui touchent l’individu et d’y ajouter une Déclaration universelle des responsabilités humaines, sociales et environnementales qui s’adresse à tous, Etats, organisations internationales, entreprises et individus.

Concrètement, cela impliquerait notamment, suggère Madame Chemillier-Gendreau, de créer un organisme chargé d’établir une hiérarchie des métiers et de fixer les rémunérations afférentes en fonction de l’utilité commune, sans négliger au passage de réduire les inégalités, et un autre, chargé de dresser la liste des industries polluantes et dangereuses en vue de les interdire.

Il s’agirait aussi d’évaluer les intérêts de chaque peuple à l’aune de l’intérêt global et de favoriser l’interdépendance de tous les peuples au plan international et, à cette fin, d’acter l’échec de l’ONU et de la remplacer par une nouvelle organisation politique universelle constituée notamment d’un parlement bicaméral tenant compte des peuples, d’une part, et des forces sociales, d’autre part, et placé, évidemment, sous la supervision d’un Haut Conseil écologique.

Dans ce court et limpide essai publié par Textuel dans sa Petite encyclopédie critique, Madame Chemillier-Gendreau suggère que les mandats politiques nationaux et internationaux soient limités à un seul. Sur ce point du moins, Palingénésie peut la rejoindre volontiers, à condition bien sûr que tout mandat public soit exclusif de tout autre quand et où que ce soit et que ledit mandat, rémunéré à sa juste valeur en fonction de son utilité commune, fût-elle nulle, soit électif et ne fasse pas l’objet d’une désignation en comité restreint comme cela arrive souvent dans les pays non capitalistes…

Resterait à convaincre la Chine, la Russie, les pétro-monarchies et les autres dictatures en tous genres d’adhérer au Conseil mondial de la Résistance.

Pour un Conseil mondial de la Résistance, Monique Chemillier-Gendreau, 64 pages, Textuel.

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