Ni le Rapport Draghi sur la (non-)compétitivité de l’Europe en comparaison avec ses concurrents et partenaires directs, les Etats-Unis et la Chine, ni la feuille de route pour le prochain collège que la présidente de la Commission européenne a présenté à la presse le 17 septembre 2024 n’indiquent une inflexion substantielle dans la politique européenne et la primauté qu’elle accorde au « climat » sur la base de considérations purement idéologiques. Comment en sommes-nous arrivés là ? C’est à cette question que Rémy Prud’homme tente de répondre dans l’ouvrage dont la première partie de la recension a été publiée la semaine dernière, L’idéologie du réchauffement. Poursuivons-en la lecture. Bien que sa première édition date de fin 2015, l’ouvrage est édifiant et reste d’actualité.
Le climat comme dharma
« Pour moi, la protection de la Planète Terre, la survie de toutes les espèces, la soutenabilité de nos écosystèmes, c’est plus qu’une mission. C’est ma religion et mon dharma. » Le dharma, c’est la loi qui dans le bouddhisme et l’hindouisme régit l’ordre, la disposition générale des choses (cosmiques, sociales, religieuses). Celui qui s’exprime ainsi – encore que l’on puisse douter que ce ne soit le pape François dans l’encyclique Laudato Si – est Rajendra Pachauri, dans sa lettre de démission du GIEC qu’il dirigea pendant 13 ans. M. Pachauri était ingénieur des chemins de fer et titulaire d’un doctorat en génie industriel. (Yvo de Boer, secrétaire général de 2006 à 2010 de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques – CCNUCC ; en anglais UNFCCC – qui chapeaute les COP, est assistant social de formation et fut fonctionnaire au ministère néerlandais du Logement. Christina Figueres, qui lui succéda, de 2010 à 2016, est anthropologue de formation, fille et soeur d’anciens présidents du Costa Rica. On s’en aperçoit, il ne faut pas être climatologue pour s’occuper du climat à l’ONU. On peut en dire autant du prophète catastrophiste en chef de l’institution, l’éco-socialiste António Guterres, et des dirigeants et militants d’ONG comme Greenpeace ou le WWF.)
« Pour l’essentiel, commente Rémy Prud’homme, et par construction, pas par hasard, dans la pièce que joue le GIEC, la science fait fonction de décor, au mieux d’alibi. Les chercheurs y sont d’utiles figurants, mais les rôles principaux sont tenus par des politiciens, des fonctionnaires, et des militants. » Il n’y a pas eu complot, mais convergence d’intérêts pour promouvoir l’idée que les gaz à effet de serre et en particulier le CO2 sont la cause d’un réchauffement de la planète, que la situation va en empirant et entraînera des dommages exorbitants. Soit on réduit ces émissions, soit c’est la fin du monde. Cela profite aux météorologues qui sont sous les feux de la rampe, aux politiciens à qui cela sert de faire-valoir, aux médias qui vendent les mauvaises nouvelles et aux organisations en lutte contre le système, le développement, le capitalisme, le libéralisme.
Les 2° C, un objectif arbitraire et hors sol
Le problème est que cela ne se limite pas à dire des sottises (comme le président de la République française qui en visite à Manille en février 2015 affirma que le réchauffement du climat provoquait tremblements de terre et tsunamis) et à formuler des prédictions apocalyptiques, mais que celles-ci donnent lieu à des mesures drastiques d’ordre politique et économique mettant gravement en jeu le bien-être des populations qui y sont soumises sur le simple fondement de contenir la hausse des températures en-dessous de 2° C par rapport à la fin du XIXe s. Cet objectif, Rémy Prud’homme y insiste, a été fixé de manière totalement arbitraire et sans aucune prise en compte des coûts et effets collatéraux. Que les réchauffistes à tout crin adversaires du CO2 le soient aussi de l’énergie nucléaire qui permettrait précisément d’en réduire les émissions serait anecdotique si ce n’était une indication de ce qui sous-tend réellement leurs positions.
D’ailleurs, observait Rémy Prud’homme déjà en 2015, on est insensiblement passé de l’objectif visé à l’instrument choisi pour l’atteindre, la réduction des rejets de CO2. Nous sommes en plein dedans. Le Pacte vert européen cher à la présidente de la Commission européenne dont l’ancien M. Climat, Frans Timmermans, avait pour chef de cabinet Diederik Samsom, ancien chef d’équipe et directeur de campagne de Greenpeace, en est l’exemple. La réduction à marche forcée des émissions de CO2 porte un nom : rationnement. Son exécution requiert une forme de planification à laquelle les membres du Gosplan au temps des soviets ne pouvaient que rêver. « A objectifs titanesques, politiques révolutionnaires », aurait dit Mme Figueres, l’ancienne Mme Climat de l’ONU. Elle n’eût pu trouver de mots plus appropriés.
L’idéologie du réchauffement, Science molle, doctrine dure, Rémy Prud’homme, 288 p (en version poche), L’Artilleur.
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MERCI pour ce texte VRAI….. utile si les citoyens cessent d’avaler n’importe quoi!
Et je me demande si c’est l’école « démocratique » qui est responsable de ce manque d’instruction, d’esprit critique, ou si le totalitarisme a réellement progressé….
C’est toujours un plaisir intellectuel de vous lire M. Godefridi depuis que j’ai découvert et lu avec grand plaisir votre essai et combien d’autres sur cette arnaque qui à terme ruinera l’Occident et nous ramènera à la vie au village Amish. Malheureusement, si peu de gens prennent le temps et l’énergie pour fouiller hors la doxa et réaliser l’ampleur du désastre à venir. Il nous sera impossible de contrer notre inéluctable régression vers le paganisme de Gaïa, à qui on sacrifiera bientôt une partie de l’humanité trop nombreuse; voir Malthus, Lovelock et Chattam.
Un cousin du Québec