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Gérard Depardieu vous invite « Ailleurs »

Gérard Depardieu vous invite « Ailleurs » Posted on 28 novembre 2020Laisser un commentaire

Quand bien même, en ces temps de Covid-19 et de quelques autres péripéties pas nécessairement anodines, le pouvoir voudrait-il « nous immobiliser », « nous mettre en cage », nous astreindre à résidence, dûment surveillée il va sans dire, Gérard Depardieu vous invite « Ailleurs ».

Vous ne trouverez dans cet Ailleurs guère de Français à y faire traîner les voyelles à gorge déployée (un peu moins, il est vrai, depuis le port du masque) et, Parisiens, à répéter de sempiternels « Vous comprenez ? » comme si vous débarquiez d’un pays limitrophe, évidemment sous-développé – que les Français de souche, comme ils disent, confondent souvent avec un paradis qu’il n’est pas vraiment, à moins de n’y avoir jamais résidé.

La France va mal. Elle est décidément « vieille, trop vieille », confie Gérard Depardieu, qui n’y voit plus que des gens enfermés, obstinés par le développement personnel et la pensée positive car on ne leur parle plus que de dépression. « Les gens n’ont plus de joie. […] Le mal qui abîme la France y est évident. Et il est partout. » Il n’y a que les fous qui y auraient encore un vrai regard. Aussi, quand il passe en France, s’y sent-il comme dans un asile et n’a-t-il « qu’une envie, celle d’être ailleurs. »

Nomade dans l’âme

Gérard Depardieu se sent « nomade dans l’âme », il « n’aime rien de plus qu’être entre, entre deux pays, entre deux vies ». Il a bien failli ne pas naître, sa mère supportant mal que son père à elle vive une histoire d’amour avec la mère du père de son enfant, une histoire que la mère du futur petit Gérard voulut apparemment régler à coup d’aiguilles à (dé)tricoter. « C’est en essayant de survivre que j’ai appris à vivre. » Depardieu ! Son patronyme était prémonitoire.

Bien heureusement en ces temps confinés loin d’être finis, « L’Ailleurs, tu peux le trouver à côté de chez toi. Il suffit de sortir de toi-même […] et de briser les tabous. » Déchaînez-vous, en quelque sorte. Si vous vous sentez français avant tout, vous n’êtes déjà plus dans l’être, ni même la volonté d’être, mais dans le paraître. C’est « idiot et dangereux », juge-t-il, schopenhauerien, mais peut-être à l’insu de son plein gré.

Laissez l’Ailleurs vous surprendre. Dépassez les préjugés, les vôtres mais, surtout, ceux des autres, en particulier ceux que vous vendent – sévices inclus, mais sans valeur ajoutée – le pouvoir et la presse. Ce n’est pas la politique française qui va changer le cours des choses, « cette politique qui, comme toutes les politiques, n’est rien d’autre que de la haine ». Ce n’en est même plus une de politique, « ce ne sont plus que des attitudes ».

« La France est cassée »

Quant aux journalistes, ils ne vous apprennent plus à penser, mais vous disent ce qu’il faut penser. Gérard Depardieu n’est pas le premier ni le dernier à s’en lamenter, encore faudrait-il les entendre, lui et tous les autres qui le répètent. Une anecdote laisse cette image du caractère unidimensionnel de la pensée médiatique, celle de ces journalistes « parqués comme des cons dans un hôtel en Corée du Nord » en attendant que l’on leur fasse suivre le programme qui leur était réservé. Tout y est.

« La France est cassée. Les gens y sont tristes. On sent qu’ils ont peur de tout, qu’ils ne font que se débattre. Certains deviennent haineux. Je n’aime pas ce que je vois ici. » Il suffit parfois d’un livre pour aller voir ailleurs, « un livre, c’est une porte sur la vie ».

Mais, l’Ailleurs de Gérard Depardieu est plus loin : la Corée du Nord (où il a vu fonctionner ces journalistes qui se calfeutraient à l’hôtel), la Russie (dont, le 3 janvier 2013, un ukase présidentiel lui a octroyé la nationalité), l’Algérie (qui était déjà « un pays sublime, riche et civilisé » avant que Charles X ne l’envahisse), l’Ethiopie (« là, j’en reviens, un pays merveilleux, c’est toute l’histoire de l’humanité » – c’était avant que l’actualité ne donne à penser que l’histoire n’en rattrape l’humanité), l’Ouzbékistan, la Tchétchénie, le Kazakhstan et tous ces Ailleurs dans lesquels « n’importe quel petit pouvoir a tous les droits » et « il est très facile pour celui qui est en face de toi de te déposséder de toutes tes certitudes ».

Haro sur les certitudes

Question de certitudes, n’allez surtout pas lui parler des écolos : « Eux, ce sont les plus redoutables. Ces mecs qui se donnent le beau rôle. On s’occupe de vous !  » Il n’y a rien de pire. C’est « Faites pas ci, faites pas ça ! » […] Eux sont vraiment des gens dangereux, des juges, avec cette façon de montrer du doigt. De dire le bien et le mal. » Et plus loin : « Le seul vrai risque écologique pour moi, c’est le risque de voir les écolos arriver au pouvoir. Là, c’est vraiment le meilleur moyen d’aller vers la destruction de la planète. » Il prédit « un totalitarisme terrifiant ». Il n’insiste pas, ou à peine : « Balzac a déjà tout dit sur l’abjecte nature humaine des biens-pensants. […] On va finir par en crever de cette bien-pensance, qui, sous ses apparences, dissimule la pire des saloperies. »

« Ce que la vie nous offre est infini », à condition de porter le regard à l’horizon, de le redresser vers le ciel et les étoiles, et non de ne l’abaisser sur un écran, ce nouvel envahisseur qui se dresse entre le soi et le monde réel, le seul dans lequel rencontrer « des gens qui savent nous étonner, nous inspirer, nous émerveiller », quitte à chercher davantage et plus loin et sans oublier que l’on n’est que « de passage. Le temps de vivre une joie. Avant de reprendre la tangente. Repartir ailleurs », car le temps n’attend pas et il ne nous oublie pas.

Ailleurs, Gérard Depardieu, 224 pages, Le Cherche Midi, Editeur.

(L’article ci-dessus a initialement été publié dans l’hebdomadaire satirique PAN n° 3958 du vendredi 20 novembre 2020.)

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