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Le meilleur des mondes possibles

Le meilleur des mondes possibles Posted on 29 juillet 20233 Commentaires

Aldous Huxley, l’auteur du roman Le Meilleur des mondes publié en 1932, naquit le 26 juillet 1894, rapporte sa biographie, dans une famille appartenant à l’élite intellectuelle britannique. De fait, il est le frère de Julian Huxley, le président de la British Eugenics Society, et le petit-fils de T.H. Huxley, alias « Darwin’s Bulldog », dont il fut question dans l’article précédent de cette chronique.

Roman d’anticipation dystopique écrit en quelque quatre mois au lendemain du krach financier de 1929, Le Meilleur des mondes emprunte son titre original (Brave New World) à un passage de La Tempête de Shakespeare, qui déjà le voulut ironique : « Oh, wonder! How many goodly creatures are there here! How beauteous mankind is! O brave new world, that has such people in ‘t! ». Huxley imagine une société du futur dirigée par un Etat mondial et hiérarchisée en fonction d’une stricte sélection eugénique, une société de castes dans laquelle la fécondation in vitro a permis d’engendrer une race d’êtres génétiquement supérieurs appelés à constituer l’élite dirigeante tandis que les castes inférieures sont conditionnées pour se satisfaire de leur sort. Dans cette société du futur, le bonheur fait loi : famille, monogamie et sentiments sont bannis.

Une civilisation « scientifique »

Peu d’entre nous – et encore ? La nostalgie du communisme exprimée par certains qui ont vécu sous un tel régime et les aspirations de l’UE et des « écologistes de tous les partis » à le rétablir prêtent au doute ! -, peu d’entre nous, en principe, souhaiteraient vivre dans une société telle qu’imaginée par Huxley. Aussi la plupart de ses lecteurs interprètent-ils son roman d’anticipation comme une mise en garde contre les utopies. En vérité, un examen de ses prises de position ne laisse guère de doute sur ce que l’auteur du Meilleur des mondes adhérait bel et bien à la pensée eugéniste vigoureusement promue par son grand-père et son frère ainsi que par l’élite intellectuelle à laquelle il appartenait.

Dans une interview donnée à la radio l’année même de la parution de son roman, Huxley cautionne le système social de son livre et affirme que « dans une civilisation scientifique, la société doit être organisée sur la base de castes. Les dirigeants et les experts qui les conseilleront seront des sortes de brahmanes contrôlant, en vertu d’un savoir spécial et mystérieux, de vastes hordes de l’équivalent intellectuel des Shudra et des Intouchables ». Dans un essai publié en 1958 sous le titre Brave New World Revisited, traduit en français par Retour au meilleur des mondes, Huxley écrit : « Au fur et à mesure qu’un nombre important et croissant de personnes pèse sur les ressources disponibles, la position économique de la société qui subit cette épreuve devient de plus en plus précaire. C’est particulièrement vrai dans les régions sous-développées où la baisse soudaine du taux de mortalité grâce au DDT, à la pénicilline et à l’eau potable n’a pas été suivie par une baisse correspondante du taux de natalité. »

Le DDT est un produit chimique organochloré qui fut synthétisé en 1874 mais dont les propriétés insecticides et acaricides n’ont été découvertes qu’à la fin des années 1930. À partir de la Seconde Guerre mondiale, il fut utilisé avec succès pour la lutte contre les arthropodes vecteurs de maladie comme le paludisme, le typhus et la peste bubonique, jusqu’à ce qu’en 1962 la biologiste américaine Rachel Carson publia Printemps silencieux (Silent Spring) et accusa le DDT d’être cancérigène et reprotoxique et d’avoir considérablement réduit la biodiversité dans les pays industrialisés. Le livre connut un succès littéraire phénoménal et passe pour avoir aidé à lancer le mouvement écologiste dans le monde occidental. « Pratiquement d’un seul coup, écrit Zubrin dans Merchants of despair, l’environnementalisme s’est transformé d’un culte aristocratique étroit en un mouvement de masse à l’allure de croisade progressiste. »

500 millions de vie

De nombreuses assertions proférées par Carson, souligne Zubrin, s’avérèrent pourtant anecdotiques et infondées, voire carrément fausses, mais l’impact de son livre fut tel que de nombreux pays en voie de développement décidèrent de ne pas poursuivre leurs programmes de lutte contre la malaria au moyen du DDT. Les résultats furent catastrophiques. Zubrin cite l’exemple de ce qui s’appelait encore l’île de Ceylan où le DDT réduisit le nombre des victimes de la malaria de plusieurs millions dans les années 1940 à précisément 17 en 1963. L’abandon du DDT en 1964 fit remonter le nombre des victimes de la malaria à un demi-million par an en 1969, uniquement sur Ceylan. Devant cette tragédie, l’Académie nationale des sciences des Etats-Unis publia en 1970 un rapport dans lequel elle déclarait que peu de produits chimiques ont autant contribué que le DDT à améliorer le sort de l’humanité, à augmenter la productivité agricole et à combattre une kyrielle de maladies mortelles. En deux décennies, estimait l’Académie, le DDT a épargné la vie de 500 millions de personnes exposées à la malaria. « A l’heure d’écrire ces lignes, concluait-elle, tous les substituts au DDT sont tout à la fois plus chers par année de récolte et nettement plus dangereux. »

Pour les écologistes, toutefois, s’interroge Zubrin, que représentent cinq cent millions de vies ? Une enquête fut instruite par l’Agence américaine pour la protection de l’environnement nouvellement créée, sous la direction d’un juge qui récolta les témoignages de 125 experts et 365 pièces à conviction, et aboutit à disculper le DDT des principaux griefs à son égard, à savoir d’être un agent cancérigène, mutagène et tératogène et d’avoir un effet nocif sur la faune marine et terrestre. Malheureusement, l’Agence en question était administrée par un eugéniste endurci qui n’assista à aucune des auditions de l’enquête et choisit d’en ignorer les conclusions. En 1972, il interdit l’usage du DDT aux Etats-Unis avec pour effet que l’USAID (l’agence américaine d’aide au développement international) s’interdit de financer tout projet qui eût recours à ce produit.

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(Cet article a paru dans l’hebdo satirique PAN n° 4097 du mercredi 19 juillet 2023.)

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3 commentaires

  1. Et QUI réalise que nous vivons actuellement le meilleur des mondes possibles? Malheureusement, l’être humain « moyen » ne semble pas capable de l’apprécier…..

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