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Vous souvenez-vous de la pandémie de 1968-1969 ?

Vous souvenez-vous de la pandémie de 1968-1969 ? Posted on 13 mars 20211 Comment

Eh bien non, je ne me souvenais pas de la « pandémie de 1968-1969 » jusqu’à ce qu’un ami me pose la question ! Honte à moi ! Et pourtant, elle a tué « environ un à quatre millions de personnes ». Un demi-siècle plus tard, on ne sait pas encore trop bien et on ne le saura donc sans doute jamais. Or, à l’époque, nous n’étions que 3,5 milliards à vivre sur terre ; de nos jours, nous serions plus du double, 7,8 milliards.

Et pourtant, je dois en avoir entendu parler de cette pandémie et je devrais m’en souvenir. En 1968, ayant terminé mes humanités gréco-latines, j’accomplissais une année de spéciale math préparatoire à l’examen d’entrée à l’école polytechnique et aux études scientifiques et, l’année suivante, en 1969, en toute logique contradictorielle, j’entamai mes études universitaires… en droit et en sciences économiques pures, la philosophie s’y ajoutant plus tard. Ces années-là constituèrent donc dans mon existence des années charnières dont je garde un souvenir vivace. Nous vivions sans muselière ni bride et nous multipliions découvertes et passions.

A ma décharge, je ne crois pas être le seul de ma génération à ne pas me souvenir de cette pandémie qui sévit de l’été 1968 jusqu’au printemps 1970. Elle fut causée par une souche réassortie H3N2 du virus H2N2 de la grippe A et elle apparut vraisemblablement en Asie centrale, voire en Chine, déjà, dans le mois de février 1968. Elle fut reconnue en août 1968 lorsqu’elle infecta 500.000 personnes dans ce qui était encore une colonie britannique, Hong Kong (ce qui lui valut le nom de grippe de Hong Kong), et elle se propagea de là à l’Asie du Sud-Est, à l’Inde, à l’Australie, puis, pendant l’hiver 1968-1969, aux Etats-Unis et à l’Europe.

1968 a empreint les mémoires d’événements qui, plus d’un demi-siècle après, apparaissent encore comme des tournants dans l’histoire du monde : la fin du Printemps de Prague avec l’invasion de la Tchécoslovaquie par 500.000 soldats du bloc soviétique, les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy, l’offensive du Têt qui altéra le cours de la guerre du Vietnam, les poings gantés de noir et levés de deux athlètes américains aux J.O. de Mexico, la longue et violente révolte des étudiants au Japon, Mai 68…

1969 marqua la fin d’une époque, euphorisante avec les premiers petits pas de l’homme sur la Lune (suivis par un demi-milliard de téléspectateurs) et, pour les Belges, la première victoire d’Eddy Merckx au Tour de France ; hallucinante à Woodstock où se rassemblèrent 350.000 festivaliers en guise d’apothéose du Flower Power (avec ce solo de guitare de Jimi Hendrix qui interpréta l’hymne national américain en imitant les bombardements de B-52 en pleine guerre du Vietnam) ; érotique et je t’aime moi non plus pour Serge Gainsbourg et Jane et politiquement « exitante » pour le général de Gaulle…

Qu’est-ce qui a changé?

Oui, de tous ces événements et de quelques autres, les journaux firent grand cas et les images nous en restent gravées dans l’esprit, mais de ces « environ un à quatre millions » de victimes de la grippe de Hong Kong, ces années-là qui en parlait ?

Un demi-siècle, c’était hier ! Qu’est-ce qui a changé ? Les auteurs de l’étude sur l’économie politique de la pandémie comme hystérie collective qui faisait l’objet de cette chronique la semaine dernière font état de ce que les nouvelles négatives font vendre et il y va de l’intérêt des organes de presse de dépeindre le SARS-CoV-2 comme une menace sans précédent et de présenter le gouvernement, dont les chaînes publiques de radio/télédiffusion et toute la presse subsidiée en général dépendent, comme l’oracle et la voie du salut.

S’appuyer sur une source faisant autorité pour mettre en scène un danger illustré à force d’images, relayées par les réseaux sociaux, de cercueils, de fosses communes, de patients sous ventilation et nous rappeler ainsi notre propre mortalité attise l’angoisse. Mais, les auteurs de l’étude en question citent un autre facteur à ce que nous soyons plus sujets aujourd’hui que hier à l’hystérie de masse, à savoir que le rôle de la religion dans la société occidentale s’est considérablement affaibli.

La peur de la mort est généralement atténuée par la foi religieuse parce que la plupart des religions considèrent qu’il y a une vie après la mort. S’est substituée à la foi religieuse l’idée d’un État nounou, sans la promesse d’une vie après la mort, et, par ricochet, les gens craignent davantage la mort. La peur de la mort contribue à la panique et à l’hystérie collective et de qui d’autre attendre le salut si ce n’est de cet État providentiel ?

La culture de la peur

L’écrivain et intellectuel autrichien Erik von Kuehnelt-Leddihn (1909-1999) qui se décrivait comme catholique, archi-libéral, ultra-conservateur et ennemi de toute forme de totalitarisme, fit remarquer qu’il est « difficile de craindre la mort si l’on est très pieux, difficile de ne pas adorer la santé si l’on craint la mort, difficile de faire respecter la santé générale sans une intervention à grande échelle de l’État et tout aussi difficile d’imaginer une intervention accrue de l’État sans perte de libertés ».

La peur a joué un rôle essentiel dans la préservation de l’espèce humaine et continue d’en déterminer l’évolution dans la mesure où il est facile de manipuler ce sentiment afin de s’assurer la domination et le contrôle. Rien de bien neuf ! L’homme politique et historien grec Polybe recommandait déjà au IIe siècle avant notre ère d’instiller la peur et de décrire l’horreur pour contrôler les masses.

La fuite d’un document interne du ministère allemand de l’Intérieur révéla que c’était précisément la voie que, dans les premières semaines de la pandémie de Covid-19, les experts du gouvernement allemand lui conseillèrent de suivre.

Zbigniew Brzeziński, l’ancien conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter, témoigna dans un article intitulé « Terrorized by War on Terror » que « la référence constante à une  » guerre contre le terrorisme  » avait atteint un objectif majeur : elle a favorisé l’émergence d’une culture de la peur. La peur obscurcit la raison, intensifie les émotions et permet aux politiciens démagogiques de mobiliser plus facilement le public au nom des politiques qu’ils veulent mener. » Le « Nous sommes en guerre » du président de la République française au début de la pandémie s’interpréterait-il différemment?

Cette culture de la peur résulte de l’exploitation du biais de négativité du cerveau humain et c’est bien elle qui est au coeur de ce dispositif de contrôle social que l’auteur de ces lignes évoquait déjà dans l’essai On vous trompe énormément : L’écologie politique est une mystification, publié en 2020 (voir ci-dessous).

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De contrôle social, il est donc aussi question dans l’essai On vous trompe énormément : L’écologie politique est une mystification que Palingénésie a publié en avril 2020. Commandez le livre en version papier ou au format kindle sur Amazon.fr en suivant ce lien.

Vous le trouverez dans quelques librairies (voir la liste en suivant ce lien). Si vous êtes libraire et souhaitez proposer le livre à vos clients, n’hésitez pas à contacter Palingénésie à l’adresse newsletter@palingenesie.com.

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(L’article ci-dessus a initialement été publié dans l’hebdomadaire satirique PAN n° 3973 du vendredi 5 mars 2021.)

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1 commentaire

  1. Oui, la peur tient les gens tranquilles! Merci pour ce texte réaliste et une suggestion: le livre « Le virus et le président » de Claude Janvier et Jean-Loup Izambert. Il montre à quel point on nous MENT – mensonges avalés par gens peureux – et à quel point ces mensonges permettent de remplir les poches de certains….

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