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Science du climat : Unsettled. (3)

Science du climat : Unsettled. (3) Posted on 3 juillet 20211 Comment

En connaissance de cause ou par ignorance, induits en erreur par la propagande à ce propos, les médias ne sont ni précis, ni cohérents, lorsque, utilisant l’expression, tantôt dans un sens tantôt dans l’autre, ils appellent à lutter contre « le changement climatique » comme s’il suffisait de réduire les influences humaines pour empêcher le climat de changer. Une terminologie précise est de l’ordre de l’esprit scientifique pour analyser et comprendre ; la confusion est de l’ordre du prêchi-prêcha pour bonimenter.

Les conditions atmosphériques varient énormément, d’un jour à l’autre, d’une année à l’autre, en réaction à un certain nombre d’influences. C’est, explique Steven Koonin dans Unsettled, ce qui rend la météo et le climat si difficile à démêler. En outre, les océans, qui recouvrent plus de 70 % de la surface de la terre et constituent un gigantesque réservoir à chaleur, jouent un rôle considérable à long terme dans le système climatique. Ce rôle est, aujourd’hui encore, mal compris.

La collecte et l’historique des données relatives aux océans sont encore plus problématiques, a fortiori en profondeur, on l’imagine aisément, que celles concernant la terre. Avant l’an 2000, pas plus de 40 pour cent de l’étendue des océans n’avaient été échantillonnés à 400 m de profondeur et moins de 10 pour cent à 900 m, alors que leur profondeur moyenne en est de… 3700 mètres. Quant aux satellites, ils ne peuvent mesurer les températures des océans qu’en surface et ce, depuis environ un demi-siècle seulement.

Si l’on mesure désormais la température de surface des océans à concurrence de 60 pour cent de leur étendue et si l’on descend jusqu’à 2 km de profondeur, il n’en reste pas moins que les mesures du passé sont incomplètes et peu fiables et celles du présent, encore partielles.

Les gaz dans l’atmosphère

Quant aux gaz présents dans l’atmosphère, les principaux sont l’azote (78%) et l’oxygène (21%). Le pour cent restant est constitué majoritairement d’argon, un gaz noble, mais aussi d’autres gaz qui, bien qu’ils n’en représentent qu’une part encore plus petite, ne comptent pas moins pour la plus grande part de la capacité de l’atmosphère à intercepter la chaleur renvoyée par la terre dans l’espace. A concurrence de 90 % de cette capacité, la vapeur d’eau, qui ne représente que 0,4 % des molécules présentes dans l’atmosphère, en est en fait le principal gaz à « effet de serre ».

Le CO2, le deuxième plus important gaz à effet de serre après la vapeur d’eau, compte pour 7 % de la capacité de l’atmosphère à intercepter la chaleur renvoyée par la terre. Sa concentration a augmenté de 280 ppm (parties par million) en 1750 à 410 ppm en 2019 et elle continue d’augmenter à raison de 2,3 ppm par an. Bien que la majeure partie du CO2 soit d’origine naturelle, précise Koonin, il ne fait aucun doute que cette augmentation soit d’origine humaine. Mais, il ajoute que doubler la concentration de CO2 aurait peu de conséquences (<1%) sur la capacité d’intercepter la chaleur renvoyée par la terre, ceci en raison d’un effet de saturation.

Ce constat signifie qu’il nous reste beaucoup de choses à comprendre sur le système climatique. En effet, pour faire la part des choses, il faudrait comprendre les 99 pour cent restants des influences, celles qui ne sont pas attribuables à l’Homme, avec une précision meilleure que 1%. Les influences naturelles devraient non seulement toutes être prises en compte, mais aussi toutes faire l’objet d’une précision de cet ordre. C’est loin d’être le cas. Nos observations, qui sont le fondement de la science (voir la première partie de cette recension), sont limitées et situées dans un laps de temps limité.

La plus grande influence humaine sur le système climatique s’exerce au travers des émissions de carbone (CO2) et de méthane (CH4). C’est sans surprise sur ces émissions que se focalisent les politiques climatiques. Mais, en vérité, la relation entre nos émissions et la concentration de ces gaz dans l’atmosphère est compliquée, en particulier en ce qui concerne l’accumulation de CO2 dont la part de l’homme dans le vaste cycle naturel (croûte terrestre, océans, plantes, atmosphère) est faible et incertaine et, en outre, augmentera, quoi qu’on fasse, dans le courant des prochaines décennies.

Les états futurs du climat

Bref, les états futurs du climat seront déterminés par sa réponse aux différentes influences qu’il subit, naturelles (soleil, volcans, courants océaniques profonds…) et humaines (gaz à effet de serre, aérosols…), ainsi que par sa variabilité interne dont apparemment on ne sait pas grand-chose et à laquelle, par conséquent, on peut encore moins faire. Le climat est parfaitement capable de changer sans que nous n’y soyons pour rien !

La croissance démographique et la croissance de l’activité économique constituent les principaux moteurs des émissions de gaz à effet de serre. Dans tous les scénarios du GIEC, que la population mondiale passe de 7,8 milliards aujourd’hui à 9 milliards en 2070 et diminue par la suite ou qu’elle atteigne plus de 12 milliards en 2100, le produit mondial brut (le « PIB mondial ») augmentera au cours du XXIe siècle et ainsi donc inévitablement s’accroîtront les émissions de gaz à effet de serre.

La bonne nouvelle est qu’étant donné que le PMB augmente d’un multiple supérieur à la croissance de la population mondiale dans tous les scénarios, le monde en 2100 devrait être plus prospère par habitant. C’est un aspect souvent omis dans les discussions sur les résultats de la modélisation du climat.

« Il y a quinze ans, écrit Koonin, quand je travaillais dans le secteur privé, j’avais appris à dire que l’objectif de stabiliser les influences humaines sur le climat constituait un défi. Au gouvernement, on en parlait comme d’une opportunité. A présent que je suis de retour dans le monde universitaire, je peux plus franchement dire les choses comme elles sont : c’est une impossibilité pratique. »

Faut-il pour autant craindre l’apocalypse ? Cette chronique y reviendra dans la quatrième et dernière partie de la recension de Unsettled, un ouvrage dont on ne peut que recommander la lecture à tout qui souhaiterait avoir une vision érudite et complète de la problématique du climat.

(Les deux premières parties de cette recension ont été publiées par Palingénésie les 19 juin 2021 et le 26 juin 2021.)

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(L’article ci-dessus a initialement été publié dans l’hebdomadaire satirique PAN n° 3989 du vendredi 25 juin 2021.)

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