Dans un précédent article, intitulé « Covid-19 : La fin de notre modèle économique » et datant du 6 avril, Palingénésie avait exprimé le doute que la crise du coronavirus ne mette fin à l’hystérie climatique et la crainte qu’au contraire elle ne l’attise.
En voici un premier exemple et non des moindres. Ce n’est pas le seul. Dans une interview accordée le 8 avril à un hebdomadaire catholique britannique publié à Londres, The Tablet, le pape François a déclaré que la pandémie peut être un « lieu de conversion » pour l’Eglise, pour le monde et pour toute la création.
D’une manière générale, la conversion désigne l’action de changer quelque chose en autre chose. C’est aussi l’action d’abandonner une religion pour une autre. Voyons voir.
L’interview a été conduite en espagnol. Le journaliste demande au pape s’il considère que la crise du coronavirus et les ravages économiques que la crise entraîne présentent une opportunité de reconversion écologique et de changement des priorités et des modes de vie. Le pape répond : « Il y a une expression en espagnol : Dieu pardonne toujours, nous pardonnons parfois, mais la nature ne pardonne jamais. Nous n’avons pas répondu aux catastrophes partielles. Qui parle encore de nos jours des incendies en Australie, ou se souvient qu’il y a 18 mois, un navire pouvait traverser le pôle Nord parce que les glaciers avaient tous fondu ? Qui parle encore des inondations? Je ne sais pas si ce sont des vengeances de la nature, mais ce sont certainement des réponses de la nature. »
« Vous me posez des questions sur la conversion, poursuit François. Chaque crise contient à la fois un danger et une opportunité : l’opportunité de sortir du danger. Je crois que nous devons ralentir notre rythme de production et de consommation (Laudato Si, 191) et apprendre à comprendre et à contempler le monde naturel. Nous devons nous reconnecter avec notre environnement réel. C’est l’occasion d’une conversion. »
Le pape s’est-il converti au paganisme, comme l’évoque Samuel Furfari dans Chrétien écolo ? Quoi qu’il en soit, sa conversion à l’idéologie prévalante de ce début du XXIe siècle, l’écologisme, ne fait plus aucun doute. Pourtant, il est écrit dans la Genèse que, lorsqu’il créa l’homme et la femme, Dieu les bénit et leur dit : « Devenez nombreux, remplissez la terre et soumettez-la ! » La Bible a-t-elle été mise à jour ?
En dehors de ce qu’aucun navire n’a traversé le pôle Nord les 18 derniers mois, ni ne le fera les 18 prochains (certains prédisent qu’il se pourrait que l’on puisse traverser le pôle en voilier en 2050…), que tous les glaciers n’ont pas fondu et que les incendies d’Australie n’auraient apparemment rien à voir avec un quelconque changement du climat, n’est-il pas surprenant que, dans la même interview, le pape se réfère à l’encyclique Humanae Vitae de l’un de ses prédécesseurs, Paul VI, dont il vante la force prophétique, en ce que cette encyclique « sonnait [à propos de la pilule contraceptive] l’alarme face à la vague de néo-malthusianisme qui commençait alors à travers le monde. » L’écologisme ne serait-il pas, précisément, un « néo-malthusianisme » ?
« We have a massive crisis = opportunity on our hands. We cannot afford to waste it. Recovery must be green » (l’ancienne secrétaire exécutive de la CCNUCC, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, citée dans le même article du 6 avril de Palingénésie). Que ce qu’il est convenu d’appeler la classe dirigeante, celle qui s’autoproclame du bon côté de l’Histoire, n’hésite pas à se servir d’une catastrophe pour avancer les thèses qui lui sont profitables n’est pas nouveau, quitte à affabuler.
L’ancien président américain Barack Obama s’est livré à cet exercice dans un tweet du 31 mars, à la suite de la décision de l’administration Trump de réduire les normes d’efficacité énergétique pour les voitures et les camions : « Nous avons vu trop terriblement les conséquences de ceux qui ont nié les avertissements d’une pandémie. Nous ne pouvons plus nous permettre les conséquences du déni du climat. Nous tous, en particulier les jeunes, devons exiger mieux de notre gouvernement à tous les niveaux et voter cet automne. » (Pour ceux qui douteraient de l’anglais bancal dans lequel ce tweet a été rédigé, en voici la version originale : « We’ve seen all too terribly the consequences of those who denied warnings of a pandemic. We can’t afford any more consequences of climate denial. All of us, especially young people, have to demand better of our government at every level and vote this fall. »)
Et, parlant d’écologisme et de néo-malthusianisme, que faut-il penser de cette profonde pensée d’Ed Conway, journaliste économique auprès de la chaîne d’information en continu basée à Londres, Sky News, témoignant de toute son empathie à l’égard des victimes du coronavirus : « Ne prenez pas cela en mauvaise part, mais si vous étiez un jeune écologiste radical en quête de l’arme ultime contre le changement climatique, vous ne pourriez guère concevoir mieux que le coronavirus. Contrairement à la plupart des autres maladies de ce type, elle tue surtout les personnes âgées qui, avouons-le, sont plus susceptibles d’être des climato-sceptiques et cela épargne les jeunes. En outre, il contrecarre les forces qui génèrent des gaz à effet de serre depuis des décennies. » Papys de tous les pays, unissez-vous !
Et, s’agissant du meilleur usage d’une crise, dans Jacobin (ça ne s’invente pas, « a leading voice of the American left, offering socialist perspectives on politics, economics, and culture ») : « Nous pouvons gaspiller une autre crise, ou nous pouvons transformer l’économie. Le coronavirus a fait chanceler l’économie mondiale. C’est le moment idéal pour investir des sommes massives dans des investissements publics verts, à la fois pour soutenir l’économie et pour nous mettre sur la voie d’un avenir sobre en carbone. » Bonjour planisme, qui toujours s’accompagne d’un surcroît de bonheur et de prospérité – surtout pour ceux qui planifient.
« Ce virus est un avertissement de la nature, très salutaire », a déclaré Dominique Bourg au journal suisse Le Temps dans une interview publiée le 22 avril. Qui ? Philosophe franco-suisse, professeur honoraire à l’université de Lausanne, il s’était présenté en France aux élections européennes de 2019 à la tête de la liste Urgence écologie. Il parle du coronavirus comme d’un « allié extraordinaire ». Il dit aussi : « Droite et gauche s’affrontent sur la façon de produire plus de richesses et de les répartir. Or, c’est le substrat de civilisation auquel on doit renoncer ». L’écologisme, un néo-malthusianisme, n’en doutez pas !
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