Contrairement à d’autres que l’appellation irrite, Jean-Marc Bonnamy n’a nullement honte de se faire qualifier de climatosceptique. Bien au contraire, il le revendique.
Y a-t-il d’ailleurs honte à être sceptique ? Aux prises avec un fanatisme d’un autre temps – encore que ! –, le philosophe et penseur politique Raymond Aron ne préconisait-il pas l’enseignement du doute en guise d’apprentissage de la tolérance dans son Opium des intellectuels et n’invitait-il pas précisément – et avec quelle prémonition de notre époque ! – à « douter des modèles et des utopies, à récuser les prophètes de salut, les annonciateurs de catastrophes » ?
« Appelons de nos voeux, écrivit-il, la venue des sceptiques s’ils doivent éteindre le fanatisme. » Jean-Marc Bonnamy s’épargne les circonvolutions. C’est Albert Einstein qu’il cite en exergue de son brûlot sur le Changement climatique : « Il y a deux infinis, l’Univers et la sottise humaine. Pour l’Univers ce n’est pas prouvé. »
Dans ce nouvel essai qui fait suite à son Pavé dans la mare publié en 2018 déjà chez L’Harmattan, dont on ne peut que louer la persévérance très « aronienne », Jean-Marc Bonnamy persiste et signe : du fait de la saturation de son effet de serre, le CO2 ne peut jouer de rôle dans le réchauffement du climat. Voilà, c’est dit. Relisez.
Un gaz à effet de serre, rappelle-t-il à tout escient, bloque le rayonnement infrarouge émis par la Terre et renvoie l’énergie, c’est à dire la chaleur correspondante – du moins en partie. En effet, il y a une limite à ce phénomène, à savoir le moment où tous les infrarouges absorbables ont été bloqués, car à partir de ce moment-là l’ajout de gaz à effet de serre reste, c’est le cas de le dire, sans effet.
Innocence du carbone
Jean-Marc Bonnamy n’est pas le premier, ni le seul, à pointer ce phénomène. Le physicien français François Gervais, professeur émérite de l’Université de Tours où il enseignait la physique et la science des matériaux, l’avait évoqué dans son essai L’Innocence du carbone, L’effet de serre remis en question, publié chez Albin Michel en 2013 ; le physicien américain Steven Koonin en parle à son tour dans son essai publié en mai dernier dans lequel il déclare la science du climat Unsettled – et pour cause !
Ce qui est remarquable, c’est que tous se réfèrent explicitement à des données scientifiques publiées par le GIEC, mais subrepticement passées sous silence par les rédacteurs du résumé de ses rapports destiné aux décideurs politiques !
Pour rappel, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a pour mission d’examiner les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine, à l’exclusion des causes d’origine naturelle. Ces dernières étant largement prédominantes, comment serait-il possible, sans en connaitre suffisamment sur celles-ci, d’évaluer l’impact de celles d’origine humaine et d’envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation ? La question reste ouverte.
Jean-Marc Bonnamy ne se contente pas de se répéter. Il ajoute de nouveaux aspects à sa réflexion sur l’innocence du carbone, citant notamment l’erreur universellement répandue qui consiste à dire que tous les corps chauds solides, liquides ou gazeux émettent des radiations électromagnétiques et que les gaz se comportent comme des corps noirs, erreur aussi commise selon lui dans la physique concernant le réchauffement climatique.
L’auteur du Brûlot relève que nombre de lois physiques sont de nature empirique et qu’elles ne sont pas supportées par une compréhension intime des phénomènes sous-jacents, sous-entendant par là qu’une modélisation de phénomènes complexes tel que le climat sur base de lois établies expérimentalement au niveau macroscopique peut de toute évidence présenter de sévères lacunes.
Culpabilité de l’humanité
Quoi qu’il en soit, le premier mérite de Jean-Marc Bonnamy dans ce nouvel essai, qui fait valoir les connaissances scientifiques de l’auteur dans son introduction et constitue un bel effort de pédagogie à l’égard de ceux qui ignoreraient ou auraient choisi d’ignorer le b.a.-ba de la physique, est de tenter de rasseoir la discussion autour du climat sur le terrain scientifique. Comme il l’écrit, les rapports du GIEC, en particulier ceux pour les décideurs, ont alimenté le scepticisme dans la mesure où ils sont des outils de manipulation politique en faveur d’une idéologie sectaire, fanatique, et servent à abuser les gens.
« Le CO2 n’est pointé du doigt que parce que c’était le seul gaz à effet de serre qu’on pouvait utiliser, estime-t-il, pour culpabiliser le développement économique de l’humanité. »
A raison, semble-t-il, Jean-Marc Bonnamy constate que, compte-tenu de son aspect dogmatique, l’idéologie du réchauffement climatique d’origine humaine s’est transformée en une religion et s’en est approprié les caractéristiques, en particulier celle d’être révélée, c’est à dire de ne pas avoir à se justifier et de s’imposer comme un nouvel impératif catégorique.
Les adorateurs doux foldingues de la déesse Gaïa chère au bienheureux environnementaliste James Lovelock (aujourd’hui âgé de 102 ans) ont cédé le pas à des révolutionnaires radicaux, purs et durs, qui voient dans l’écologisme une arme de destruction massive leur permettant d’anéantir la société occidentale et ses acquis en terme de progrès et de bien-être.
Ils ne sont guère différents des anarchistes des années 1920, ni des brigades, bandes et cellules terroristes des années 1970, si ce n’est, faudrait-il s’étonner, que leurs thèses ont été adoubées par les pouvoirs en place avec pour horizon, plus prévisible et plus anthropique que l’évolution du climat, l’édification d’une nouvelle forme de dictature.
Changement climatique, Après le pavé, le brûlot !, Jean-Marc Bonnamy, 274 pages, L’Harmattan.
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(L’article ci-dessus a initialement été publié dans l’hebdomadaire satirique PAN n° 4009 du mercredi 10 novembre 2021.)