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Le retour des ombres

Le retour des ombres Posted on 17 décembre 20222 Commentaires

Ceux qui lisent régulièrement cette chronique depuis plus de deux ans et demi auront compris qu’elle suit, toutes proportions gardées, une ligne socratique, en ce qu’elle n’assène pas « la vérité » mais en est à la recherche constante au travers d’ouvrages d’auteurs qui, empruntant des perspectives divergentes, reflètent le zeitgeist de l’époque et poussent à l’analyser.

Ce fut dans cet esprit que votre « palingénésiste » publia un premier essai en 2020, On vous trompe énormément : L’écologie politique est une mystification. Au-delà de la mystification, l’essai dénonçait une volonté de mise en place d’un « dispositif », au sens où l’entend le philosophe italien Giorgio Agamben, un disciple de Michel Foucault, lui-même influencé par Jean Hyppolite et Hegel.

Ce dernier fait dans La positivité de la religion chrétienne la distinction entre une religion naturelle (où la raison humaine est en relation immédiate avec le divin) et une religion positive (où les individus d’une société se voient imposer par un pouvoir extérieur un ensemble de croyances, de règles et de rites à un moment de son histoire). Un lecteur (inconnu de votre serviteur) avait posté sur Amazon.fr un commentaire évoquant le caractère visionnaire de On vous trompe énormément, à vrai dire plus visionnaire que son auteur ne l’eût cru, ni souhaité, et pour cause.

En effet, que de chemin parcouru depuis sa publication grâce, notamment, à la chronique hebdomadaire PAN Philo dans l’hebdo satirique belge PAN, chronique qui « oblige » son auteur à lire quantité d’ouvrages et d’articles de qualité à un rythme soutenu afin de faire face à des deadlines à peine soutenables (que les écologistes toutefois ne s’en inquiètent!) et aussi au vu de l’actualité des dernières deux années et demie, de pandémie, de guerre et de déraison.

2020, année fatidique

Voici en guise d’illustration, un premier exemple d’empreinte du zeitgeist de « positivité religieuse » hégélienne. En octobre 2020, année ô combien fatidique, un professeur de géopolitique de l’énergie de l’ULB, Samuele Furfari, fut victime d’une cabale, anonyme bien sûr, sous le couvert de cercles d’étudiants (courageux mais pas téméraires), l’accusant d’avoir tenu des propos climatosceptiques à la télévision et pendant ses cours. Confronté à la trahison des intellectuels de son temps, Raymond Aron avait appelé de ses vœux, à la fin de son Opium des intellectuels, la venue des sceptiques afin d’éteindre le fanatisme. Aujourd’hui, il est des domaines dans lesquels la manifestation du moindre doute vous condamne à être frappé d’ostracisme.

D’autant plus qu’il l’exerçait à titre gracieux, le professeur Furfari se désista de sa charge. Son successeur, dans un entretien en libre accès sur YouTube avec une doctorante à propos de la COP27, s’est récemment dit « absolument persuadé » que, si la technologie est un des facteurs permettant « éventuellement » d’arriver à la neutralité climatique, « la transition en fait, c’est fondamentalement une transition de système. » « Je pense, dit-il, qu’il faut repenser tous les paradigmes du capitalisme néolibéral. » Greta ne désavouerait pas. Une anecdote, peut-être, mais hautement symptomatique de la dérive du milieu académique – et pas seulement de celui-là, la « phynance » n’est pas en reste.

Neutralité, dites-vous?

Vous en trouverez une confirmation dans le livre dont cette chronique a fait la recension la semaine dernière (10 décembre 2022), La course à la suprématie monétaire mondiale, en définitive un pamphlet anti-capitalisme « néolibéral ». Ses auteurs (deux professeurs d’université et une économiste de la Banque de France) se réjouissent de ce qu’au cours d’une conférence qui s’était tenue à Bâle au début de juin 2021 sous les auspices de la BRI, de la BdF, du FMI et du NGFS (le Network for Greening the Financial System, au lancement duquel a notamment contribué la PBoC, la banque centrale chinoise…), la cinquantaine de banquiers centraux présents aient « reconnu que respecter la neutralité du marché est incompatible avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle ».

Outre qu’ils qualifient la crise du Covid-19 de « première crise écologique d’envergure mondiale » (Ne s’agissait-il pas d’une crise sanitaire? Quel ineffable fourre-tout idéologique que l’écologie!), ces trois auteurs évoquent, à la suite du Rapport Brundtland de la Commission pour l’environnement de l’ONU qui servit de base au Sommet de la Terre de 1992, le « théorème d’impossibilité » de Kenneth Arrow, selon lequel le bien-être social ne peut procéder d’une agrégation des préférences individuelles, c’est à dire, en clair, qu’une société de marché basée sur le droit de propriété empêche de « faire société ».

Et, s’il subsistait le moindre doute dans quelqu’esprit retors, ils ajoutent que « pour ce faire, les Etats doivent retrouver le sens de la planification stratégique prenant en compte les limites planétaires. » L’Etat stratège, planificateur, nous voilà revenus au temps des ombres.

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(Cet article a paru dans l’hebdo satirique PAN n° 4065 du mercredi 7 décembre 2022.)

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2 commentaires

  1. Les verts sont des extrémistes pour la seule raison qu’ils en appellent à l’abolition du système – que ce soit au niveau des structures productives, économiques, ou même socio-culturelles – au même titre que les communistes. Il est terrible qu’on ait pu banaliser à ce point un extrémisme révolutionnaire et qu’on traite de « facho », d’extrême droite tout détracteur de ce mouvement.
    La « transition énergétique », c’est comme si on cherchait à organiser une politique industrielle en se servant de fours à pain comme haut-fournaux…

  2. On cherche avant tout – grâce au totalitarisme actuel et à un enseignement minable – à éviter que les gens réfléchissent…. à les obliger de se laisser plumer pour le climat, Corona, l’Ukraine…. par les grosses poches de ce monde: TRISTE mais j’espère encore!

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