Après avoir entendu et lu tant de jactance et d’inepties à propos du nucléaire en ces temps de disette énergétique annoncée, on eût cru qu’il eût fallu ouvrir grand les portes des salons du premier étage du B19 à Uccle pour accueillir les participants au débat avec Jean-Pierre Schaeken au Club de PAN sur le thème de son livre, L’électricité nucléaire, une énergie du futur !.
Ce fut dans un salon aux dimensions plus modestes du rez-de-chaussée que l’on reçut cet ingénieur civil électricien et mécanicien qui enseigna à la faculté polytechnique de l’UC Louvain et préside le pôle Energie, Climat, Environnement de l’Institut franco-belge Thomas More. Il occupa aussi divers postes de responsabilité au sein de Tractebel et du groupe Suez (aujourd’hui Engie) et en connaît un rayon (sans jeu de mots!), d’un point de vue théorique et pratique, sur le sujet de son livre paru chez L’Harmattan en France à la fin de 2021.
D’évidence, à moins que ce ne soit une question de date ou d’horaire, ceux qui s’imaginent que la « fumée » (la vapeur d’eau) qui sort des « cheminées » (les tours de réfrigération) des centrales nucléaires sont radioactives ou que leurs réacteurs constituent des bombes atomiques en puissance (certains de ces spécimens ayant dûment et en vain été invités à se joindre à l’assemblée) préfèrent puiser leurs connaissances à la pensée magique qu’à une source factuelle.
C’est non sans prescience que Jean-Pierre Schaeken avait destiné son livre sur l’électricité nucléaire aux décideurs belges et que la date de son intervention au Club de PAN fut fixée puisque quelques jours auparavant lesdits décideurs décidèrent, ce qui arrive décidément de moins en moins souvent, en l’occurrence de postposer la sortie du nucléaire, une sortie à laquelle certains d’entre eux pour des raisons qui n’ont rien de rationnel et tout d’obsessionnel tenaient comme à la prunelle de leurs yeux, lesquels ne leur restent que pour pleurer de rage, de désespoir et d’allégresse tarie.
Comment ne pas s’étonner ?
Comment ne s’étonnerait-on pas que la production d’électricité d’origine nucléaire puisse faire débat dans les hautes sphères de l’Union européenne et dans des pays de l’Europe de l’Ouest (la Belgique et l’Allemagne, en particulier) alors que les pays de l’Europe de l’Est et de nombreux autres dans le monde, dont toutes les grandes puissances économiques, ont recours à cette source d’énergie pour réduire leur dépendance énergétique, équilibrer leur système électrique, assurer leur développement économique et améliorer le bien-être de leurs populations ? Poser la question en ces termes, c’est bien sûr y répondre.
L’écologisme est une doctrine morbide et mortifère, dès lors que, d’une part, elle relève d’une phobie du savoir-faire et du progrès et, d’autre part, elle prône la décroissance économique et la régression sociale. D’où viendraient, sinon, l’aversion de ses partisans pour une source d’énergie à haute densité et à faible impact territorial et leur prédilection pour une production d’énergie certes renouvelable, mais intermittente, et nécessitant l’extraction de métaux et de terres rares dans des conditions déplorables pour l’environnement et avec des incidences territoriales totalement disproportionnées ?
Le militantisme écologiste comporte un parti-pris pernicieux à l’encontre du bien-être et des libertés des populations. Il constitue un anti-humanisme. Il s’attaque aux fondements de notre civilisation. Ce n’est pas l’objet du livre de Jean-Pierre Schaeken, mais il n’en fait pas moins la démonstration.
Tandis que l’Allemagne, la Belgique et la France ont opté pour une réduction, voire une suppression de leurs capacités nucléaires, de nombreux pays de par le monde voient à raison dans la production d’électricité nucléaire un moyen de soutenir leur développement économique et social, de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et d’assurer une certaine indépendance énergétique. Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) lui-même entrevoit l’augmentation de la production d’énergie nucléaire comme un moyen de limiter le réchauffement climatique.
Faire prévaloir la raison
D’autres considérations économiques interviennent. L’âge moyen des centrales nucléaires dans l’UE est de 30 ans. La prolongation des réacteurs existants impliquerait d’investir de 45 à 50 milliards €, selon Jean-Pierre Schaeken, mais la construction de nouveaux réacteurs coûterait dix fois autant et le démantèlement du parc existant comporte un coût, estimé à 123 milliards €, sans tenir compte de la gestion des déchets, ni de la construction de nouvelles centrales d’appoint au gaz (ou au charbon ou au lignite!). C’est la raison pour laquelle les trois principaux producteurs d’électricité allemands se sont retournés contre l’État fédéral et la Cour constitutionnelle leur a, par deux, fois donné raison.
Une décision rationnelle consisterait à prolonger la durée de vie des réacteurs existants de 20 ans (il s’agirait en Belgique de prolonger non pas deux mais 5 des sept réacteurs installés) et de pourvoir à cet horizon à leur remplacement par des réacteurs de 4e génération, plus efficients, éventuellement au format modulaire produit en série en usine à coûts et délais d’assemblage maîtrisés.
C’est un autre mérite du livre de Jean-Pierre Schaeken de souligner l’évolution technologique à tous égards de ce secteur industriel et ses potentialités économiques tant au niveau de la maîtrise de cette source d’énergie à très haute valeur ajoutée que de son exploitation, notamment en ce qui concerne les opportunités d’exportation d’électricité, compte-tenu de la demande croissante, notamment dans les secteurs numériques. Il serait aberrant et stupide que des considérations de politique dogmatique et à courte vue privent un pays de la taille de la Belgique de tels atouts économiques.
L’électricité nucléaire, une énergie du futur !, Jean-Pierre Schaeken Willemaers, 122 pages, L’Harmattan.
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(Cet article a été publié dans l’hebdomadaire satirique PAN n° 4030 du mercredi 6 avril 2022.)